𝐓𝐡𝐞 𝐃𝐞𝐯𝐢𝐥'𝐬 𝐒𝐰𝐚𝐧

20. 𝔸𝕓𝕠𝕦𝕥 𝕊𝕥𝕠𝕣𝕞𝕪

Tu me demande à quoi je pense, je te dis ce que je pense. 

– The Neighbourhood

𝐹𝒶𝓁𝓁 𝒮𝓌𝒶𝓃

En sortant de la cafétéria aux côtés d'Hayder, j'aperçois de loin, Neva qui me fusille du regard. 

Quelques jours sont passés depuis que j'ai laissé monsieur White seul dans la salle de musique. Mon cœur n'a cessé de s'inquiéter pour lui, surtout en ne le voyant nulle part dans l'enceinte de la fac. 

C'est donc d'un pas décidé que je m'avance vers sa grande sœur, laissant Hayder m'accompagner bien que ça ne le concerne pas. Quand il se trouve face à elle, il ne lui adresse même pas un regard. Comme si, son père n'avait jamais pris soin des enfants White... Neva quant à elle, arque les sourcils, attendant que je parle. Je me tourne vers Hayder et d'un regard, je le supplie de me laisser seule avec cette belle neige. Il le comprend très vite, soupire et va rejoindre quelques collègues qu'il s'est faits dans le bâtiment de littérature. 

Neva m'incite à la suivre d'un geste de la tête et curieuse que je suis, je la rejoins rapidement. J'ai une question à lui poser, peut-être qu'elle y répondra en marchant. On sort de la fac et le vent frais d'automne soulève légèrement mes cheveux blonds, détachés et tombants sur les épaules. 

J'aperçois très vite qu'on marche dans la direction du parc juste à côté de l'université, ce qui m'intrigue. Neva ne m'aurait pas demandé de la suivre juste pour aller voir quelques écureuils grimper sur les arbres n'est-ce pas ?

─ Qu'est-ce qu'on fait ?

Mais celle-ci ne me répond pas et continue d'avancer. Nous dépassons le grillage du parc et très vite, nous sommes engouffrés dans les tons automne de Londres. 

Mes bottes Prada marchent sur ses feuilles au teint orange, rouge et jaune mouillés par la pluie. Les arbres ont pour la plupart encore leurs branches parsemées de ses couleurs d'automne que j'aime tant. Et ce n'est pas parce que mon prénom signifie automne que je devrais obligatoirement aimer cette saison. Mais si... Le soleil qui tape juste après une avalanche de pluie, ses feuilles qui collent à vos chaussures ou qui tombent sur vos têtes, les escargots qui sont de sortie et les papillons qui cherchent un endroit encore fleuris que l'été a laissé au printemps.

─ Pourquoi monsieur White n'est pas venu à la fac depuis quelques jours ? Je lui demande. Est-ce qu'il va bien ?

─ Il a pris un congé, me répond-elle enfin.

J'acquiesce sans rien ajouté de plus, soulagé que tout aille bien pour lui. Mais alors qu'on s'engouffre dans le fond du parc, je plisse les yeux pour être certaine de ce que je vois. 

Monsieur White est assis sur un banc, vêtu d'un grand blouson en cuir noir qui lui va jusqu'aux genoux. Ses cheveux blond vénitien sont ébouriffés et quand il lève son regard mielleux sur moi, mes jambes manquent de se dérober. Neva s'arrête sans aller plus loin, je la questionne du regard, mais elle hausse les épaules avant de s'en aller. Me laissant seule avec son frère. 

Alors j'avance doucement vers lui, essayant de retenir le sourire qui me pend aux lèvres chaque fois que je le vois face à moi. Il se relève doucement du banc en se mordant la joue intérieure.

─ Salut Fall...

Sa voix rauque et douce m'a manqué et je n'ai pas honte de le dire.

─ Bonjour monsieur White...

Quand il soupire un grand coup, je souris sans pouvoir me retenir davantage. C'est comme s'il avait quelque chose à dire, et qu'il fallait qu'il soit totalement prêt pour me le faire comprendre. Alors je le laisse dans ses pensées, en admirant le paysage du parc. Bizarrement, je me sens bien. Je me sens à l'aise quand je suis avec monsieur White malgré les coups tordus qu'on se fait.