𝐓𝐡𝐞 𝐃𝐞𝐯𝐢𝐥'𝐬 𝐒𝐰𝐚𝐧

30. 𝔹𝕣𝕒𝕧𝕖 𝕊𝕥𝕠𝕣𝕞𝕪

𝕬𝖓𝖌𝖊𝖑 𝖂𝖍𝖎𝖙𝖊

Car deux personnes peuvent garder un secret, si l'une d'entre elles est morte. 

– The Pierces

Semaine 4 : 𝐿𝓊𝓃𝒹𝒾

Alors que j'enfonce la clé dans la serrure de la maison de Saphir, je suis accueilli par un silence en entrant à l'intérieur. 

Bizarrement, aujourd'hui, le temps est gris reflétant mon cœur tétanisé par la peur de tout lâcher et de ne jamais revenir. 

En tournant la tête vers le plan de travail de la cuisine, j'aperçois un bouquet de fleurs qui me fait froncer les sourcils alors que je m'y approche doucement pour les analyser. Des Dauphinelles de couleur bleues au nombre de treize, ce qui me tiraille davantage l'esprit. Offrir treize fleurs signifie un message de haine ou de mépris, et les dauphinelles ont un côté négatif. Elles représentent l'arrogance et la fausseté. 

Au milieu de celles-ci, une petite enveloppe pas encore ouverte me fait de l'œil. J'inspecte autour de moi, confirmant que personne ne s'apprête à voir que je viole l'intimité de quelqu'un. 

Je finis par attraper la lettre, le cœur battant plus vite que d'habitude. Sur le devant, y est inscrit le nom de Fall Swan dans une élégante écriture noire. Qui envoie des fleurs à ma copine ? Et surtout, qui sait qu'elle demeure ici pour le moment ? Est-ce que je devrais l'ouvrir ? 

Mes pensées se bousculent, car cette lettre ne me concerne pas, mais la curiosité prend de plus en plus l'avantage sur moi. 

Doucement tout en me mordant la lèvre inférieure sachant pertinemment que je le regretterai, je décolle délicatement le rebord du papier qui colle afin de le remettre correctement une fois que j'aurai fini mon inspection. J'y retire la lettre pliée en deux et dans un grand souffle, décide de l'ouvrir. 

À ma grande surprise, une photo tirée d'un Polaroïd est accrochée sur le rebord du papier. Mais les visages qui y font figures, me font serrer les dents et crisper les poings. 

C'est comme un portrait de famille, où les deux parents de Fall sont debout derrière, le mari portant sa main sur l'épaule de sa femme dans des sourires qui ne sont pas réels. Puis à l'avant, assis sur une sorte de banc, Fall et son violeur que j'ai jeté par la fenêtre il y a quelques mois de là. 

Son rictus insolent me donne envie de vomir et tout s'empire lorsque je dévisage la main qu'il porte à sa taille, comme si la jeune femme lui appartenait. Comme si c'était l'un de ses objets sexuels avec lequel il s'amuse le plus. 

Leurs sourires ne sont qu'hypocrites et chacun des membres de la famille Swan, souffre de la présence de cet homme qui les manipule avec de l'argent. Sourire pour la photo et être une bonne petite fille parfaite, Fall ne mérite pas de vivre ainsi. La souffrance qu'elle a tant endurée va bientôt être terminée. 

En relevant la photo, je lis les premières phrases de la lettre, qui ne me donne plus envie de partir. Non, au contraire, ça me donne envie d'être de nouveau l'homme que j'étais lorsqu'il fallait dealer pour sa vie.

« Ma douce Swan, 

Les choses ne sont pas si mal entre nous, pourquoi n'oses-tu pas t'immerger dans la vie d'un prédateur sexuel qui peut succomber à tous tes désirs ? Il n'est pas facile de s'avouer d'être une vilaine fille qui aime ce qu'un homme plus âgé qu'elle, lui fait. Mais durant tous ses mois qui ont succédés, n'ose pas me dire qu'une fois entre nous, ne t'a pas plu. Et si ce n'est pas encore le cas, alors je te traquerai jusqu'au bout du monde afin que tu comprennes que ta place est à mes pieds, me suppliant de subvenir à tes besoins les plus sombres. Et je te comblerai de tout acte sexuel que tu caches derrière ce beau visage innocent et derrière cette longue chevelure blonde. N'oublie pas ma douce Swan, tes parents ne peuvent vivre dans la richesse sans toi. Ais encore un peu de bon sens, reviens parmi nous et je te pardonnerai – à ma façon – de la trahison qui affecte ta famille, et moi-même. Et non, douce Swan, tu ne t'échapperas jamais de moi. Je suis un homme riche, j'arrive toujours à mes fins. Alors à très vite, dans tes plus sombres désirs.