𝐓𝐡𝐞 𝐃𝐞𝐯𝐢𝐥'𝐬 𝐒𝐰𝐚𝐧

21. 𝕯𝖆𝖗𝖐 𝕬𝖓𝖌𝖊𝖑

Si je devais t'embrasser pour ensuite aller en enfer, je le ferais. 

Comme ça, je pourrais me venter ensuite avec les diables d'avoir vu le paradis sans jamais y entrer. 

– William Shakespeare

𝔸𝕟𝕘𝕖𝕝 𝕎𝕙𝕚𝕥𝕖

Se donner tant de mal pour résister à sa propre bêtise. 

Avoir passé l'après-midi avec miss Swan n'a été que me prouver que je serais capable de la kidnapper et de l'emmener loin du monde des humains. Même si les démons et les anges ne pactisent pas ensemble, nous deux, nous le pourrions. 

Alors en sortant du parc après l'avoir entendu rire et l'admirer me sourire, je dépasse les grilles, la tête baissée. 

Retenir mes pulsions pour ne pas me retourner et l'embrasser comme elle semblait le vouloir. Pour ne pas me retourner et la supplier de rompre avec Hayder afin que je ne sois que le seul homme de sa vie. Mais je ne souhaite pas agir en égoïste, parce que finalement, qu'est-ce que j'ai de beau à lui offrir ? 

Fall Swan a seulement besoin de quelqu'un qui la sortira de sa famille, pour le reste, cette miss n'a besoin de personne. Elle sait comment s'en sortir pour vivre dans la luxure. Et moi je ne suis qu'un minable professeur, qui vole des tableaux et qui quand même, a du mal à payer son loyer à la fin du mois. 

Un klaxon me fait sursauter et relevant la tête, j'aperçois Saphir adossé à sa BMW M4 blanche. Il me salue de la main donc je m'approche doucement de lui, les sourcils froncés. Quant à lui, il semble ravi de me voir. Je pensais qu'il avait enfin quitté Londres. La prochaine fois que celui-ci part pour de bons, qu'il emmène son fils avec lui. Ça me fera de belles vacances de ne pas l'avoir dans les parages. 

Quand je suis en face de lui, Saphir ricane en tapotant doucement mon épaule. Il doit être au courant de ce que son fils s'amuse à me faire. Ses yeux bleus semblent amicaux, mais c'est un traître. Sinon, il aurait prévenu Hayder de ne pas approcher Fall.

─ T'as l'air mal au point mon vieux, il commence. Comme quelqu'un qui vient de refuser un pêcher de malade.

─ Tu ne peux pas prendre ton fils et dégager dans un autre pays comme d'habitude ? J'enchaîne dans un grognement.

Un rictus au coin de ses lèvres m'énerve davantage. Je lève les yeux au ciel en soupirant pendant que d'un signe de la tête, il m'incite à monter dans sa voiture. Il se décale et m'ouvre la portière pour que je n'aie d'autres choix que de le suivre. 

Quand nous sommes tous les deux dans le véhicule, il ne démarre pas tout de suite, préférant tourner la tête pour m'analyser, pendant que je reste le regard vissé à la route.

─ Tu ne sais même pas ce que tu ressens pour cette fille, mais tu sembles jaloux que mon fils ait trouvé un moyen d'être proche d'elle ?

─ Il me gêne dans mes affaires, je lui réponds d'un ton sec.

Je l'entends soupirer et démarrer le moteur. Cette situation ne m'amuse plus du tout. En vérité, elle ne m'a jamais amusée. 

Il a suffi de deux jours pour qu'il lui dévoile ma vie. Ma vie que je m'efforce et continuerai de cacher du mieux que je peux. Je ne crains pas qu'on me traite de monstre pour ce que je fais. Rien ne me fait plus peur que de laisser Neva seule. 

Et si Fall décide un jour de se venger de moi – vu le côté garce – qui sais qu'elle ne dénoncera pas mon passé ou ma vie de voleur de musée.