Mon voisin rougis de colère ? De honte? Il s'emporte contre la gentille jeune fille.
Non, non et non, pas de bassin pour lui.Elle vient vers moi, à mon tour d' avoir honte.
Elle retire ma couche , me nettoie.
La bouche de mon cher colocataire fait un o de surprise.
Il glisse à toute vitesse le bassin sous ses reins.
Les gestes efficaces, discrets, m'invitent à réfléchir.
Honte ou gratitude? Elle prend soin de ce corps cercueil, elle ne semble pas rebutée, plutôt empathique.
Ma bouche ne peux pas la remercier. Le coeur, oui.
Me vient à la pensée la chanson de Brassens:
Elle est à toi cette chanson, toi l' Auvergnat qui m'a donné.....Elle est à toi cette chanson, toi la gentille jeune fille qui prend soin de moi
Je croise son regard, s'il le pouvait il ramperait sous son matelas pour se cacher.
Je voudrais tant lui dire désolé, mon ami. Désolé.Repassage d'infirmières, on me retire enfin le masque à oxygène, je respire enfin seul .
Une première victoire pour ce corps cercueil.Elle me cale sur le côté, face à lui.
Il est beau. Simplement beau.
Je respire avec cette beauté.Tout de même, qu'elle ironie la vie!!! On se retrouve dans une même chambre, qui n' a pas rêver de partager la chambre de son coup de foudre?
Toutefois, avant, on se prépare, on se pomponne, on fait le nécessaire pour être impeccablement propre.
Puis je choisis avec soin mes sous-vêtements, en fonction du rdv. Un minet? Un boxer noir, bien moulant. Un musclé? un jockstrap ou un string.
Pantalon, gilet ..mmm...cuir? Tissus? Veste. Lavallière.
Ça les fait tous craquer mes lavallières.Après , je fais mon coq, je roule des mécaniques, je fais mon paon, je tortille du cul, je gonfle mes pectoraux ( heu .. là j' exagère un peu).
Bref j' ensorcèle, emballez c'est pesé. On va faire l'opération inverse, enlèvement total ou partiel du plumage.Ensuite, quand on se connait mieux, après deux ou trois accidents d'après pénétration, on finit par partager cet intime si particulier
Il se rase pendant qu' assis sur la cuvette des toilettes , je déroule un bon mètre de papier. Pas de gêne, un fou rire, l'organisation des journées.Avec lui, on commence à l' envers, on partage cet intime, parfum compris.
J' en suis gêné ? Non. Interloqué certainement.Je suis si fatigué.
Je m'endors dans son regard.Il mange. Je n'ai pas faim.
Deux tornades viennent de partir.
L'une est une splendide copie de la reine d' Angleterre, en plus jolie.
Un frêle nuage parme qui débite des phrases à une vitesse inimaginable
Puis une mémé toute fleuri qui arpente la chambre en tout sens, tout aussi vivement.J' ai mal. Depuis des heures , je suis dans la même position.
Impossible de bouger. En plus, un truc me bloque dans le dos.
Mon épaule pulse de douleur, ma cuisse et ma jambe fourmillent de milliers d'épines. Je ne peux pas demander d' aide. Mes pensées appellent au secours. Ma bouche reste closeTélépathie ? Mémé se tourne vers moi, râle, baisse la barrière.
- Pauvre petit, pauvre petit.Elle me bascule sur le dos, tapote mes oreillers, sort un tas d'objets de son cabas sans fond.
Elle me rase d'un main experte, un peu d' après rasage.
Au tour des cheveux, quelques coups de brosse, elle natte mes cheveux.
- Ah, ça va mieux mon petit.T'es qui toi pour avoir une telle mémé magicienne?
- Reposez vous mes tout-petits.
Je pouffe. Mes tout-petits ?
A vue d'œil ,il fait au moins un mètre quatre vingt dix. Quand à moi, un mètre quatre-vingt.
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T'es qui toi?
RomanceJean-Michel, jeune retraité sportif, se retrouve hospitalisé à la suite d'un accident de vélo. En plein mois de Juillet, il va devoir partager sa chambre avec un inconnu aphasique à la suite d'un AVC. Comment échanger au delà des mots ? Ces deux là...