Reveil

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   Un instant de panique.
Je suis où là ?
Mes yeux papillonnent tout autour de moi.

Un grand couloir blanc, des brancards autour de moi, je suis perdu.

  Où sont mes hommes? Nous sommes tombés dans une embuscade?

J' entends des sirènes au loin, une attaque? Où sont les abris?
-Bor.... où sont les abris, il va y avoir une attaque.
Mon coeur accélère,je ne dois pas paniquer.

- Comment vous appelez vous?
Vous êtes à l'hôpital, vous avez eu un accident ce matin.
N'ayez crainte, ça va aller.
Le médecin va venir vous voir.

Je regarde cette femme bienveillante, les traits tirées de fatigue

-Jean-Michel de la Fiertésauveterre.

- Qui devont nous prévenir? Vous avez un numéro de téléphone à donner?

Mon frère, enfin, un de mes frères.

Merci, A plus tard.

Je reste là ce qu'il me semble des heures.

Tout à coup, tout le service s'affole, les sirènes reprennent.
Un carambolage sur l' autoroute des vacances, des blessés, peut être des morts.

Je suis en mode sidération, rien ne m' atteint.
Un grand silence intérieur ,comme quand je m'élance en parapente du sommet de l' aire d'envol.

Une personne vient pousser mon brancard .
Je saisis qu'il va y avoir besoin de place.
On me pousse dans un box où il y a déjà une autre personne, avec une multitudes d'excuses.

Le service est débordé, on est le 14 juillet, un samedi matin, trop de patients, pas assez de personnel, les présents sont épuisés.

Toujours ce grand vide en moi.
Rien ne résonne, les mots sont étranges, j' entends de très loin.

Un box d'urgence, comme tant d' autres, des placards blancs, un tabouret, un lit.

L' homme semble inconscient. De long cheveux blancs bouclés, des paupières bleutés, des pommettes hautes, une bouche pleine, un visage qui semble étrangement figé. Un bras en écharpe, une perfusion.

Brusquement ses yeux s'ouvrent.
Bleu, transparent, bleu, intense, très clair, qui se remplissent de terreur.

-blblblbl....blblbl....

Seul ces sons sortent de sa bouche, ses blbl deviennent de plus en plus fort pour devenir des cris, le bip bip de la machine à laquelle il est branché s'affole.
Pas de sonnette à portée de main.
J' entends courir dans le couloir, une fillette appelle sa maman, un homme geint et répète en boucle oh mon dieu, oh mon dieu...
Ils sont débordés de l' autre côté !!!

Je tends mon bras, aïe, tout mon corps me fais mal, ma jambe droite est coincée dans une attelle, je réussi à attraper le garde corps du lit et je tire mon brancard de quelques centimètres.

-Monsieur, monsieur, on est à l'hôpital, ne vous inquiétez pas, calmez vous, ça va aller.

Les deux lacs transparents se figent, m'observent, d' abord hagards, je crois y voir une lueur de surprise, un éclair de joie, de la tristesse, puis les paupières retombent, les blbl s'arrêtent, le bip ralenti.

Une infirmière jaillit, vérifie, nous observe un quart de seconde ,puis colle mon brancard au lit, me passe la sonnette.
Elle repart en courant sur une pirouette.

Je me sens toujours étrange, je ne peux pas quitter cet homme du regard. Quelque part, au fond de moi, j' entends la sonnerie du matin, celle de l'institution jésuites où j' ai grandi.
Je ferme les yeux et je laisse passer le temps

-Jean-Michel, Jean-Michel...
Mon frère Bertrand est là.

- Tu as eu un accident ,en haut du col. Une voiture t' a percuté.
Tu as une jambe cassée et un traumatisme crânien.
Il y a eu un carambolage, on est samedi, tout le personnel est débordé. Pour ta fracture, tu ne pourras pas être opéré aujourd'hui.
On va vous monter en neurologie, tout les deux.
On a besoin des box.
C'est pas joli dehors.
Je vais proposer mon aide, j' ai fait mon internat ici.
Je te retrouve en neurologie.

Et, pfffftttt, le voilà partie

Je reconnais bien là mon frère, comment  peut il dire autant de mots dans un seul souffle?
Tout est concis, précis.
Lui aussi est passé par les jésuites.

Au milieu du chaos qui n'en ai pas un, deux brancardiers nous récupèrent.
Je vois les plafonds défiler, l'ascenseur, un autre couloir, une chambre, un lit.
Toujours cette sensation d'étrangeté, le souvenir strident de la sonnerie du réveil dans le dortoir glacial.

On installe mon voisin de misère.
Son visage s' apaise.

Silence.
Enfin

💐💐💐💐💐

Mes petits bouquets à moi m' aime.
Pour l'instant, je tiens mon pari.
Continuer de publier l'histoire qui trottine dans mes neurones

Merci de me lire.

T'es qui toi?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant