T'es qui toi?

Réveil 2

Un boucan insupportable, des bruits stridents, des cris...
Je voudrais bouger , je ne peux pas. Mon corps ne n'obéit plus.
Tout est douloureux, une migraine épouvantable martèle mon cerveau. J' essaye d' appeller à l' aide. Un bouillie de sons informe sort de ma bouche.

J' ai peur.

Je panique.

Où suis-je?

Qu'est ce qui se passe?

Mon coeur s' affole, une alarme vient vriller mes oreilles.
Je voudrais crier, juste cette bouillie de sons informe.

Un chuintement, une voix grave m' interpelle, rassurante.

-Monsieur, monsieur, calmer vous, vous êtes à l' hôpital.

L' hôpital ?
Je soulève péniblement mes paupières. Mes yeux sont aussitôt agressés par trop de lumière, trop de blanc.
J' ai peur comme un enfant, un tout petit, mais il se passe quoi, pourquoi je ne peux pas parler?
La migraine est de plus en plus forte .

Je tourne la tête difficilement vers la voix chaleureuse et compatissante.

Je rencontre deux yeux noirs, proches
Pas bruns foncés.
D'un noir d'encre, avec une petite tâche un peu plus claire dans l' œil droit.
Je dois rêver.

Brusquement, je me sens apaisé, en sécurité, l' alarme se tait.
Je dois être branché sur une machine, j' entend le bip bip régulier.
Je perçois un pas rapide, une voix de femme qui dit...
Je ferme mes yeux, mes oreilles, je plonge dans une obscurité agréable.

De nouveau une voix d'homme.
J' entend carambolage, urgence, neurologie.
J' ai eu un accident?

J'ouvre de nouveau les yeux.
L' autre homme est allongé près de moi, son brancard est collé à mon lit. J'aime savoir qu'il est là, tout proche.

Sa voix grave me berce, je me laisse de nouveau glisser dans le silence.

De nouveau une voie de femme, lointaine.

- Monsieur, monsieur, on va vous faire un scanner.
Vous m' entendez? Ouvrez les yeux si vous m' entendez.
Je soulève une paupière.

-Monsieur, on va voir ce qui se passe . Vous pouvez me répondre?

Une bouilli de sons. L'obscurité, le silence. Un silence profond.

Plus de pensées, plus de mots et de phrases qui d'habitude se bousculent dans mon crâne.

Une sensation de vertige, un plafond trop blanc qui défile au dessus de moi.

On me tire dans un lit.
Je me sens dépossédé de mon corps.
Plus de douleurs, plus de sensations.

-Monsieur, monsieur...

Les bips rageurs sont de nouveau là

- Ouvrez les yeux , ouvrez les yeux.

- blblbl....

-Vous avez eu un AVC , vous êtes aux urgences neurologiques.
Vous êtes arrivés rapidement, le traitement semble déjà agir.
Quel est votre nom?

Mon quoi?
Mon quoi? Je ne comprends pas ce mot .Qu'est ce qu'elle me demande

J' essaye de comprendre, j' aime les mots, elle me demande quoi?
Elle me demande quoi?
Je devrais connaître ce mot.
Je le connais, je sais que je le connais.

La migraine revient, les bips deviennent chaotiques. Ma respiration s' accélère, je voudrais bouger, je voudrais parler.
Je ne comprends pas

-Monsieur, ne vous agitez pas.
Vous allez vous endormir.
Vous nous répondrez demain.

L' autre voix résonne dans mes oreilles, je l' ai déjà entendu, une voix grave, profonde, rassurante.
Elle me dit que tout va aller, je dois me reposer, dormir , pour mon (....) , on verra plus tard.

Je tourne la tête vers sa voix.
Je rencontre ses yeux.
Noirs, avec une petite tâche à droite.

Je me sens en sécurité.
On pose un masque sur mon visage, je sens que l'on s' affaire autour de moi, la lumière est trop vive, les bruits trop forts.
Je dois leur dire...
Leur dire quoi?

Je sais que je dois dire, mais je crois que je ne sais plus dire.

Le calme et le silence se réinstalle.

Dans le début du crépuscule, j' entend la voix

-Dormez bien, ne vous inquiétez pas. Je veille.

Un grand sourire se pose sur mon coeur.
Je peux enfin dormir.
Quelqu'un veille sur moi.

Une petite phrase, très loin.

T'es qui , toi?

💐💐💐💐💐💐

Ma très chère lectrice, j' ai mis un peu de temps pour ce chapitre.

Mon cerveau grouille d'idées, avance, recule , hésite.

Merci de me lire et de partager avec moi ces premières fois