T'es qui toi?

Toute, toute première fois

  Chose promise, chose due.
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  Il se sent si fier de lui.
Il a honoré sa jeune femme toutes les nuits. Malgré la grande différence d' âge, les ressorts du vieux lit grincent vigoureusement du soir au matin.
Son père lui tape sur l' épaule au reveil, sa mère parle d'un héritier.

Il n'aurait pas crû tomber amoureux comme un gamin de ce petit bout de femme de 15 ans et 3 mois.
Il avait hurlé après son père en apprenant qu'il avait été fiancé par contumace avec la fille d'un industriel lyonnais.
Dès qu'il l' avait vu, en robe blanche et voile de dentelle, son cœur avait battu le tambour. Sa bouche s'était desséchée. Son sang n' avait fait qu'un tour .

Elle court dans les escaliers, glisse sur les vieilles rampes et en bondit en arrivant en bas. Il en frémit à chaque fois. Les malles du grenier sont retournées ,elle ouvre les fenêtres, joue avec les rayons d'or du soleil dans la poussière qu'elle soulève.
Sa mère a cru la punir en lui donnant la salle de bal à cirer? " Si j' avais un marteau" tourne sur son Teppaz et elle swingue sur le chiffon à lustrer.

Il rentre dans la vieille nursery fermée depuis si longtemps.Les voilages volent au vent. Il songe à un petit bonhomme jouant comme lui sur le vieux tapis.
Oh!!! Est-ce que la vieille latte de plancher bouge toujours?
Il se voit la montrer à son fils pour qu'il y dissimule ses trésors.
Tiens, il aurait cru cette latte plus dure à retirer.
Mais….il y a un cahier ?
Un de ses anciens cahiers d'écolier bleu, tout ordinaire.

Il a honte, si honte!!!
Il vient de lire ce cahier.
Comment aurait-il pû imaginer que sa tornade, son elfe, son feu follet était si malheureuse!!!!

Il est si habitué à la dureté de sa mère, au mépris de son père. Il n'a pas songé un seul instant à quel point elle se sentait seule dans cette vieille baraque croulante.
Le pire était à venir.

Lui. Lui!!!! Elle le traite de goujat, il a des manières de corps de garde à  rentrer dans la salle de bal toute brillante avec ses bottes boueuses.
Une servante de son ancienne maison lui avait un tout petit peu conté les délices du lit partagé avec un mari. Rien, aucun délice, douleur et ennui, il pourrait au moins la laisser dormir tranquillement une nuit.

Le soir, il observe son visage, elle baille, toute rose dans sa chemise de nuit.
Il s' allonge près d'elle, précautionneux.
Elle lève les yeux au ciel, crispe ses mains quand il s'approche d'elle pour lui donner un baiser sur le front.
Il lui souhaite une bonne nuit.
Elle le regarde, méfiante.
Il éteint la lumière, l' entend pousser un soupir d' aise. Un petit ronflement à peine perceptible s'élève aussitôt.

Il réfléchit, il réfléchit.

Tous les hommes de la maisonnée le regardent d'un drôle d'air.
Sa mère renifle , méprisante sur le passage d'Emma.

Il abandonne ses bottes avant de rentrer dans la maison.
Il la hisse sur la rampe en bois , court en bas de l' escalier pour la rattraper et la faire virevolter dans le grand hall.
Il saute sur le lit pour faire grincer les vieux ressorts. D'abord stupéfaite, elle le rejoint, hilare. Ils s'effondrent dans les draps, elle s'enroule contre lui comme un chaton.
Les hommes le regarde de nouveau avec fierté, les femmes sont rassurées. Eux pouffent pour un rien, dansent sur  l'école est finie.
Il lui apprend à monter à cheval.
Elle l'écoute quand il parle de ses rêves d'agriculture , de créer ses fromages, il faudrait davantage de finances. Il ne tient pas les cordons de la bourse. Son père lui donne une maigre allocation. S'il n'aime pas les chiffres, elle oui. Son père lui a un peu montré. Elle a fait son collège. Non, elle ne regrette pas le lycée, elle déteste les Ursulines. Elle pourrait peut-être l'aider pour ses cahiers de comptes? Il faudrait peut être un peu triché pour avoir un peu plus de sous? Oui? Oui.