21. La montagne

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Un guide elfe entraîna les voyageurs sur un chemin et en moins d'une heure, ils eurent quitté la forêt. Le paysage était maintenant désert : des arbres et des prés à l'état sauvage mais pas d'habitations. Sten consulta la carte et annonça qu'iels étaient sur la bonne voie : pour le moment, il suffisait d'avancer.

Plus tard, l'Alliance arriva en vue d'une montagne. A mesure qu'on progressait, le terrain devenait plus aride et plus hostile. Consultés plusieurs fois, les prédilivres indiquaient simplement qu'on allait traverser la montagne.

- On va peut-être croiser des Caverneux, annonça Stenvald.

- Des quoi ? s'enquit Katt.

- Un peuple ancien. On les appelle les Caverneux, les Nains, les êtres souterrains... Iels vivent dans des montagnes et travaillent le métal.

- J'imagine que leurs prédilivres les ont prévenus de notre venue, supposa Rsltvx. On va être bien accueillis !

- Eux non plus n'ont pas de prédilivres.

- Quoi ? Comment c'est possible ?

- On est une espèce inférieure même pas capable de vivre sa vie sans recevoir d'instructions, supposa Katt. Hé, pas mal ce coin. Je propose qu'on dorme ici.

L'Alliance de Karloth se trouvait alors au bord d'une petite rivière. On descendit de cheval, on mangea quelques provisions et on s'allongea pour passer la nuit. Il faisait froid et les voyageurs regrettèrent de n'avoir pas emprunté au moins une ou deux couvertures aux elfes.

Le lendemain, Stenvald fut le premier à se réveiller. Il descendit à la rivière pour boire et il remarqua des mots qui se trouvaient inscrits sur la pierre et qui ne se trouvaient pas là la veille.

Faite demi-tour maintenant.

Il réveilla les autres et leur montra l'inscription. Katt s'approcha et examina soigneusement les lettres.

- C'est écrit avec du sang, fit-elle remarquer.

- T'es sûre que c'est du sang ? demanda Rsltvx.

- Ouais, certaine.

- Non, ça pourrait être autre chose. C'est pas comme si t'en voyais souvent.

- J'en vois tous les mois.

- BEURK ! Ça va pas de parler de ce genre de truc ! C'est dégueu !

- La question qu'on devrait se poser, intervint Sten, c'est qui a écrit ça et comment ça se fait qu'on ne les a pas entendus cette nuit.

- Voleurs ? suggéra Borg.

- Tu peux toujours vérifier mais à mon avis, on ne nous a rien volé. Des voleurs n'auraient pas pris le temps d'écrire ce long message.

- Alors c'est Kronnart ! s'écria Katt. Il veut nous faire peur !

- Peut-être mais il y a un truc qui m'étonne. A la bibliothèque, j'ai lu la copie d'un texte qu'il a écrit il y a longtemps. Son orthographe est impeccable. Il y a une erreur dans cette phrase : faites, ça prend un s à la fin.

- Il a pas eu le temps de se relire, alors ?

- Peut-être.

Borg acheva de faire l'inventaire de leurs bagages. On ne leur avait rien volé. Perplexes, les voyageurs petit-déjeunèrent rapidement, puis se remirent en selle. Le chemin montait de plus en plus jusqu'à ce qu'iels arrivent à l'entrée d'une grotte dans la montagne. Pas effrayée du tout, Katt sauta à terre.

- C'est plus prudent d'entrer à pieds, annonça-t-elle. Je passe la première.

- D'accord, répondit Stenvald, mais si tu vois quelqu'un, tu dis : 'Elos taremis y pargha'. Ça veut dire : 'Nous venons en paix' en dialecte caverneux.

- T'as appris le dialecte caverneux ?!!

- Oui, c'est une langue très intéressante. On a une lampe ?

Borg en avait emporté une. Ce fut Rsltvx qui fut chargé de la tenir. L'Alliance de Karloth commença son chemin au cœur de la montagne. Katt nota que la route semblait bien entretenue, comme si des gens et des véhicules l'empruntaient régulièrement.

Le petit groupe arriva à un croisement, un espace large d'où partaient plusieurs galeries. Katt s'arrêta et hésita. Elle ne savait pas par où aller.

- On n'a pas une boussole ? s'enquit Rsltvx.

- Fer, répondit Borg.

- Quoi ?

- Il y a du minerai de fer partout, impossible d'utiliser la boussole, expliqua Stenvald. Mais ces inscriptions...

Il désigna des phrases écrites dans une langue inconnue sur les murs. Katt s'approcha et plissa les yeux.

- Ça veut dire quoi ? s'enquit-elle.

- C'est une langue que je connais pas. Mais l'alphabet est le même que le dialecte que j'ai appris à la bibliothèque alors si tu me laisses un peu de temps...

Soudain, une voix s'éleva dans leur dos :

- Rao ti peraxivi !

Le manuel de la farouche guerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant