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28 février 2023
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Ondes, village en Haute-Garonne, 800 habitants, tout juste 6 km², des champs et surtout le siège de l'usine d'ApeXread Formula One Team.

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Les quelque dix heures de trajet qui séparent Strasbourg de la petite ville occitane ont été particulièrement longues, entre les pauses toutes les trois heures, la nuit d'hôtel en plein centre de la ville rose et le réveil à six heures. Je suis complètement épuisée lorsque je m'assois dans ma voiture : une magnifique sportive allemande que je me suis payée avec presque intégralité de mes gains de la saison 2020.

Trente-huit minutes. C'est le temps qu'il me reste avant de découvrir la raison pour laquelle Damien Levy, directeur de l'écurie ApeXread Formula One Team, requiert ma présence. Rendue dans l'usine d'ApeX au beau milieu de la campagne toulousaine, je suis ici pour un « entretien confidentiel ». Tout à coup, mon cœur s'emballe et mes mains sont légèrement moites autour du volant que je serre de plus en plus fort contre mon gré. Que peuvent-ils bien me vouloir ?

Ce qui est d'autant plus étrange étant donné que les essais de pré-saison 2023 en F2 ont déjà commencé et que j'y étais. Je venais de gagner le championnat, et grâce à ma seconde place au Grand Prix d'Abu Dhabi, j'y étais sacrée championne une seconde fois.

Normalement, je devrais enchainer ma cinquième année en Formule 2, malgré le fait que ce soit interdit au vainqueur de participer, la FIA m'a fait une faveur : "Vous avez six saisons pour être recrutée par une écurie de Formule un. Pas une de plus, pas une de moins. Rendez-vous compte de l'offre que l'on vous fait. Si après ces six ans vous n'êtes pas recrutée, tirez un trait sur votre carrière Aubry." Ou devrais-je dire qu'ils ont eu pitié de moi, une femme en Formule un, impossible selon eux. Ça ne m'enchante pas plus que ça, alors que je vois plusieurs pilotes s'élever, moi, je reste. Depuis trois ans, je reste et je commence à croire que personne ne voudra de moi. Comme toujours.

Je n'ai pas le temps de m'attarder plus que ça sur mon sort qu'au loin, droit devant, je suis obligée de voir l'immense bâtiment qui me fait face. En plein milieu des champs de maïs et d'avoine, le siège d'une des dix écuries de formule 1 du monde.

Alors que je gare ma voiture sur le parking de l'usine, mes yeux se lèvent instinctivement vers le bâtiment imposant, partiellement revêtu de baies vitrées révélant des Formules 1 étincelantes. Le logo emblématique de X-Read demeure en haut, tandis que de grands panneaux "ApeXread Formula One Team" m'accueillent, me prouvant que je ne rêve pas. Les yeux rivés sur le bâtiment et les mains vissées sur le volant, je prends de grandes respirations et tente tant bien que mal de calmer mon cœur qui ne cesse de s'agiter. J'effectue les exercices de respirations que mon physio m'a appris pour soulager le stress avant une course.

Inspire 1... 2... 3... 4... 5...

Expire 1... 2... 3... 4... 5...

Tout va bien se passer.

Je rassemble mon calme au maximum et je descends de ma voiture. En entrant dans le bâtiment, je suis rapidement saluée par plusieurs techniciens qui semblent, pour la plupart, me dévisager. Soit, ils me connaissent, soit ils se demandent ce que fiche une jeune fille paumée, disons-le, ici. Cependant, l'un d'entre eux comprend mon inconfort et me conduit vers un bureau. Il me laisse m'asseoir sur une chaise et il revient trente secondes plus tard avec un café.

Quand j'ai reçu ce mail, il y a cinq jours, qui m'intimait de venir ici aujourd'hui à huit heures pétantes, j'ai immédiatement appelé Maxime. C'est tout de même mon meilleur ami depuis toujours. C'est lui qui m'a lancé dans ce sport. Il m'a toujours soutenue, quand les autres me mettaient à l'écart, me rabâchant corps et âmes qu'une fille dans le monde du sport automobile n'avait pas sa place, lui restait près de moi et me défendait.

Two Hearts for One BreatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant