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Andrew

Je suis dans une impasse, un putain de cul-de-sac. J'ai balancé sans penser aux conséquences, des horreurs, encore à Lexie. Mais cette fois-ci, c'était différent, j'ai cru l'avoir perdu pour toujours. Quand j'ai débloqué le verrou avec mon double, je l'ai vu. Elle s'acharnait sur sa peau rougeâtre, les mêmes endroits où cette bouffe merde l'a touché quand on l'a découverte. Je savais qu'elle avait mal depuis, mais qu'elle cachait ses démons.

« C'est ton histoire pas la mienne »

Ma nonchalance a pu enfin la faire craquer. Ce n'était pas voulu, et je suis réellement désolé que ce soit moi qui ai dû la pousser pour éviter sa perte dans son isolement intérieur et ses cauchemars. Ce bout de femme est un livre ouvert, elle a besoin qu'on lui tienne la main pour qu'elle avance et c'est ce que je vais faire. Lui accorder mon intention, tout en restant discret sur ce que j'ai réalisé hier à son égard.

Tu es dans une sacrée merde Andrewinou

La voix de Nico résonne dans mes pensées, et confirme mes peurs. Au fond, ce n'est pas grave si elle ne m'appartient pas réellement. Je peux la voir tous les jours, et ça me suffit. On ne possède que ce qu'on est capable de donner, alors je m'en contenterais.

Son corps chaud est toujours étendu sur mon torse, son lâché prise avec moi était un besoin pour elle dans le feu de l'action. Mais quand sera-t-il quand elle se réveillera ? C'est moi qu'il l'a mise dans cet état. Je profite de ce calme, pour l'observer. C'est la première fois que je la remarque réellement, je détaille sans gêne et de près les détails qu'il la façonne. Son grain de peau imitant le velours de la neige fraîche, ses taches de rousseurs uniquement présentes sur son nez en trompette. Ses pommettes rosies par sa nuit, et sans doute ses larmes. Et ses cheveux. Cette odeur de fleur d'oranger toujours présente, sur ses mèches brunes. Encore une fois sa fragilité me cogne en plein fouet, et je me jure de veiller sur elle.

*

Le dimanche est d'un ennui mortel, l'absence de Malou se fait ressentir. Elle est omniprésente dans mes pattes quand elle est à la maison, mais quand ce n'est pas le cas, elle me manque. Comment une petite fille, peut-elle avoir autant d'énergie ? Il est 7 h 00 du matin, et Lexie dort depuis hier midi. Je la laisse faire, je ne suis pas son père et je pense qu'elle a besoin de récupérer toutes ses nuits qui étaient bercées de tourments. Je file en direction de mon dressing, et m'habille pour aller faire un footing matinal. L'arrivé de l'hiver, habille les rues de givre. Le froid fait accélérer les passants, encore plus qu'habituellement, en plein centre de New York.

Quelques feuilles résistent sur les branches, une beauté éphémère. Je cours depuis huit kilomètres, et moi, je ressens la chaleur qu'aucune personne présente sur le trottoir à l'air d'avoir. Pourquoi toujours être seul, je veux m'enivrer de ce froid. Ressembler aux autres, les comprendre et qu'ils me comprennent.

Entouré, mais seul.

Arrivé à la maison, je fais un pas en arrière quand je vois Lexie, un chignon ébouriffé sur le haut de la tête avec un gilet en maille beige. Une tasse dans la main, elle contemple les grattes ciels nous faisant face.

-        Bonjour. Dis-je dans un murmure de culpabilité.

À son tour de me faire face, elle me gratifie d'un sourire discret mais présent. Puis elle se repositionne, pour reprendre son activité.

-        Je te redemande pardon.

-        Non, Andrew. Moi, je te dis merci.

-        Merci ? J'ai peur de ne pas comprendre.

-        Merci pour encore avoir été là pour moi, merci d'avoir été dur parce que mes amis ont respecté mon choix de ne pas en parler, merci de me soutenir et d'essayer de me comprendre. Merci.

Je reste muet face à ce retournement de situation. J'ai bien vu qu'elle était reconnaissante de ma présence hier soir, mais je pensais me prendre une soufflante sur ce que j'ai pu lui dire. Cette fille me surprendra toujours.

-        C'était sincère. Dis-je en détournant le regard.

-        Je peux te poser une question.

-        Vas-y fleur bleue.

-        En fait deux questions. Me dit-elle. Je lève les yeux en l'air, toutes les mêmes.

-        Pourquoi tu m'appelles par ce surnom ? Ses yeux se plissent, et elle prend un air sérieux.

-        Pour plusieurs raisons, à vrai dire cette expression date du 19ème siècle et a vu le jour à partir d'un roman. Et comme c'est ta passion... Depuis que je te connais, tu as toujours un livre avec toi. Mais c'est principalement parce que tu es hypersensible.

-        Sympa...

-        Non, au contraire. Tu prends tout à cœur, tes sentiments sont toujours à 100%. Mais ça définit ta personne, et je trouve ça géniale. On sait à quoi s'attendre, tu n'es pas fausse. Et ce trait de caractère, te permet aussi d'avoir la tête dans les nuages ce qui te rends, je ne sais pas moi, créative, spontanée et mignonne ?

-        C'est une question ? Rétorque-t-elle.

-        Non, tu l'es.

Ma réponse se fait des plus rapides, et je regrette instantanément. Pourquoi lui déballer tout ce que je pense d'elle, depuis hier ?

-        Bref, et ta deuxième question ?

-        Je te trouve comment dire, attentif, protecteur et doux aussi, bien que tu agisses parfois comme un connard.

-        Sympa. Dis-je en reprenant sa phrase de tout à l'heure.

-        Mais réaliste ! Alors pourquoi tu ne veux pas simplement te trouver une vraie femme ? Tu serais à la hauteur, avec un peu d'entraînement.

Son sourire moqueur me contamine, et je ricane devant son amusement.

-        Possible, mais je ne veux pas. Enfin, je ne peux pas. C'est comme ça.

Comment lui dire que je ne serais pas à la hauteur...

-        Andrew tu sais... Comment dire ? Si tu es gay c'est ok. Ce n'est même pas un sujet de conversation, alors pas besoin de te cacher.

Sa réponse me prend de court.

-        Lexie. Je ne suis pas attiré par les hommes. Je peux te le prouver si tu veux.

Son corps se tend et le bout de son nez devient légèrement rouge, signe que ses joues vont prendre la même teinte dans quelques secondes. Et cette image, prouve bien que je suis définitivement hétéro.

Ressaisis-toi bordel

-        Je vais me doucher. Lui dis-je, en partant le plus rapidement vers l'escalier.

Fleur Bleue ( Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant