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Coucou ❤️
🎧: blue remastered - dreamy



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Andrew

Je suis sur le point de révéler mon histoire à Lexie, et je redoute ses réactions. De plus, me mettre à nu est une réelle épreuve. Accorder sa confiance, c'est donner aux autres le pouvoir de nous détruire en se servant de nos faiblesses. Je la connais et ce n'est pas ce genre de personne, mais le risque reste présent. Un déclic, et nous pouvons changer du jour au lendemain. Je parle en connaissance de cause. Autrui dit qu'on ne peut pas changer, mais c'est faux. C'est impossible. Nous avons tellement de sentiments contradictoires, pour les contenir toute une vie et en ressortir que ce que nous voulons. Le vécu de notre histoire, nous modèle. C'est aussi ça l'humanité, avancer en découvrant les nouvelles facettes de notre caractère. Notre façon de penser et d'accepter, définit si ce combat éternel est difficile ou non. Donc oui, je redoute cet instant et honnêtement, je ne pensais pas avoir un jour cette conversation avec elle.

-        Comme tu le sais, mon père nous a quitté il y a maintenant quelques années. Et j'ai repris son entreprise et la garde de ma sœur. Mais avant ça, nous avions une enfance banale. Ma mère est morte, quand elle a donné vie à Marie-Louise. J'ai perdu jeune, la femme de ma vie, mais elle m'a offerte ma petite sœur. Et j'en suis reconnaissant. Nous avons toujours eu une relation fusionnelle, nous grandissions dans le respect et dans l'amour. Mais aussi la joie, à deux. Mon paternel était régulièrement absent par son travail, mais quand il était à la maison, il nous faisait découvrir le monde par des activités, des histoires, des films, des livres, etc... Il essayait d'assurer son rôle, avec l'aide de son personnel de maison. Dont Victoire que tu connais. J'étais son avenir, celui qui assurerait la reprise de Nasdi. Quant à Malou, elle existait. Elle n'avait pas vraiment de valeur aux yeux de mon père, mais je faisais semblant de ne pas le voir. J'étais là pour elle, donc je savais qu'elle était heureuse malgré tout.

Je fais une pause dans mon monologue, et observe Lexie. Elle fait de même, et ne dit rien pour m'inciter à continuer.

-        Vers la fin de mon adolescence, je passais tout mon temps libre avec les gars. Mais je restais premier de ma classe, et dévoué envers ma famille. Puis mon géniteur, a fait une crise cardiaque. C'est à partir de là, que mon cauchemar a commencé Lexie.

Je crispe la mâchoire, et tempère ma respiration. Constatant le début de ma colère, elle saisit ma main maladroitement et reproduit de petits cercles pour m'aider à poursuivre.

Quand elle connaîtra la suite sa tendresse ne sera plus là

-        Je savais que j'allais devoir prendre mes responsabilités, et endosser le rôle qui m'était destiné et que je souhaitais. Avec le testament, et sa mise en place, il y a eu plusieurs mois de battements avant que je ne sois le propriétaire de l'entreprise. Et de sa fortune. De même pour la garde de ma sœur. Et puis, il y a eu le jour où j'ai dû trier les affaires de notre père. C'était difficile, mais surmontable. Je faisais de mon mieux pour elle. Et j'ai dû gérer également la maison. La sécurité en faisait partie, dont les caméras. J'avais accès aux enregistrements, et au direct. Curieux comme toi fleur bleue, j'ai regardé ce qu'il se passait quand je n'étais pas là. Mon père était discret sur sa vie, je voulais savoir et aussi le revoir. Sauf que... il frappait ma sœur.  Il l'a traqué avec le sourire aux lèvres, et la battait violemment.

-        Andrew je...

-        Non laisse-moi finir ! S'il te plaît... Soufflais-je.

Je passe mes mains sur mon visage, et je bataille contre mes souvenirs pour ne pas rallumer ma rage, mon chagrin et mon incompétence.

-        Je ne savais pas, je ne l'avais jamais remarqué. Je n'ai jamais rien fait quand elle me suppliait de ne pas la laisser, et que je dorme avec elle. Je pensais qu'elle faisait des caprices d'enfants. Je n'ai pas protégé ma sœur, contre ce monstre. À partir de là, je ne voulais plus la voir et je restais dans ce bureau à faire défiler ces images qui s'étalaient sur des mois. Spencer, Riven et Nico ont commencé à s'inquiéter de mon absence et se sont pointés. Je leur ai tout expliqué. Et nous avons commencé à boire, en disant qu'il y avait tellement d'atrocités sur cette planète. Et que si nous pourrions, nous les effacerons. Et on s'est dit que finalement, nous le pouvions. Depuis gamins, on fait des sports de combat de différentes natures. Nous avions le physique, et cette rage de défendre. J'ai accepté pour soulager ma peine, et mon insuffisance auprès de Marie-Louise. On choisissait notre cible, j'étudiais le profil et son passé. Nous avons investigué et de fil en aiguille, le bouche à oreille nous a propulsé rapidement dans ce milieu.

Je finis ma boisson, pour me réhydrater après cette révélation. Etonnamment, le femme devant moi hoche la tête pour m'informer qu'elle a entendu. Mais son attitude, n'est pas celui que je redoutais. Elle pleure silencieusement, et recule au fond de la chaise.

-        Je comprends.

-        Tu comprends quoi Lexie ? J'ai besoin d'une vraie phrase, pour ne pas mal interpréter ce que tu viens de dire. Mon ton se fait presque suppliant. Elle me fait, ne pas me reconnaître.

-        Je suis désolée pour Marie-Louise... Je ne savais pas, enfin cette fillette est tellement pleine de vie. Ça ne se remarque pas.

-        C'est vrai, tout comme toi fleur bleue.

-        De ce que tu m'as vaguement expliqué, elle a vécu bien pire malheureusement. Elle balaye ses larmes discrètement, et j'ai envie de la prendre dans mes bras.

-        Bien pire ou non, il n'y a pas de niveau. Elle a subi, tu as subi. Point. Vous avez souffert, comme beaucoup d'autres personnes.

-        Je comprends enfin vos actes, je pense que j'ai toujours compris, mais ça me fait peur de l'avouer. Andrew, tu sais cette fameuse soirée...J'ai bien cru que j'allais le tuer. J'avais l'impression d'être une autre. J'en avais vraiment envie, est-ce que j'ai un problème ?

Je pars dans un rire incontrôlé. Et je mets du temps à reprendre contenance, mais ma réaction à au moins l'effet de la faire sourire et ça m'a manqué.

-        Je te raconte la réalité de ma vie, et toi, tu demandes si tu as un problème parce que tu as eu envie de tuer ton bourreau ? Je la regarde avec sérieux, et poursuis. N'importe qui est capable de tuer, et encore plus face à une personne qui nous a fait du mal. Si je t'ai arrêté, ce n'est pas pour te punir pour avoir voulu te venger. C'est pour l'après. Tu aurais regretté, car tu es comme ça. La culpabilité t'aurait achevé ma belle, tu n'aurais pas surmonté cette épreuve et encore moins de ne pas te détester.

-        Tu te sens comme ça, après avoir...tu sais quoi ?

-        Non. Je n'ai jamais ressenti ça. Je sais pourquoi je le fais, c'est présomptueux, mais j'ai les épaules pour supporter ces fantômes. Néanmoins, ça m'est arrivé une fois. Et ce n'est jamais parti.


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Fleur Bleue ( Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant