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Lexie

Soit l'alcool m'a fait oublier certaines sensations, ou alors c'est Andrew qui est plus que doué. Notre moment à deux était...enivrant. J'étais dans un autre monde, coupée de tout le reste. Ça met presque dur, de remettre les événements dans leur contexte. Mes souvenirs sont flous, mais le plaisir que j'ai éprouvé reste gravé. Il est debout en train de se rhabiller dans le silence, et je continue de le dévorer des yeux. Quand il s'est acharné contre ma pauvre porte, et la peur que mes voisins déboulent et me déteste à vie, j'ai décidé de lui ouvrir. Je ne voulais pas le voir, mais quand il m'a embrassé, j'étais aussi surprise que lui. Pendant cet instant, j'ai oublié ses crimes, ses remords et sa bécasse. Mais là, maintenant, tout me vient en pleine tête. Je ne regrette pas qu'il m'ait fait l'amour, mais je me sens coupable de ne pas l'être.

- Pourquoi tu es revenu ?

Il me regarde, comme-ci que je lui tendais un piège. Suspicieux, il s'assoit sur le rebord du lit.

- J'ai trouvé ta lettre qui m'était destinée.

Ce n'est pas vrai, je suis vraiment une idiote. C'est encore plus ridiculisant, je le vois avec une femme alors que j'étais venu pour lui dire que je l'aimais. Que je le sache encore, ça passe. Mais qu'il soit lui aussi au courant...

- Donc tu es venu pourquoi ? Parce que tu avais pitié de moi, et que tu n'as pas pu te soulager donc tu t'es dis que j'étais la proie idéale ?

- S'il te plaît, Lexie, arrête deux secondes de parler à ma place. Tu doutes en permanence de moi, et tu en tires des conclusions hâtives. Je suis d'accord, tu n'aurais jamais dû voir ce que tu as vu. Mais crois-le ou non, je n'aurais pas été plus loin avec cette fille.

- Laisse-moi le bénéfice du doute Andrew. Dis-je avec mépris.

- Je n'arrivais même pas à bander avec elle. Je pense qu'à toi putain. Tu comprends ? Je n'ai toujours voulu que toi, depuis que tu t'es mise sur mon chemin. Et ta lettre... Tu penses que je mérite d'être amoureux, mais si je suis nul en tant que petit ami ?

- Tu m'as toujours prouvé, que ce ne serait pas le cas.

- Toi, Malou, ...

- Nous allons bien ! La vie nous apporte des obstacles qu'on doit surmonter seul, mais elle apporte également des personnes qui nous aident. Et tu es celle-ci. Je te jure, si tu te verrais avec mes yeux...

- J'aimerais que toi, tu te vois avec mes yeux ma fleur.

Chacun à ses craintes, ses défauts, ses complexes. Mais nous sommes les seuls à les voir, et à les comprendre surtout. Mais de façon inexpliquée, je pourrais m'en défaire ou m'en éloigner comme je le peux, à ses côtés.

- Je voulais juste que tu saches que tu m'as énormément apporté, et que tu dois lâcher prise. C'est tout.

J'attends qu'il accepte ma phrase, et parte. Mais il n'en fait rien.

- Tu m'écoutes ?

- Si tu me le permets, je vais tenter ma chance. Tu as raison, et c'est pourquoi je suis venu ici te le dire. Tes mots ont eu un impact positif sur ma réflexion, et je pense qu'il est grand temps que je fasse à mon tour des efforts pour moi-même.

- Têtu comme tu es, je n'aurais jamais cru entendre ça un jour. Mais ta remise en question, fera une heureuse un jour dans cette ville.

Le goût amer envahit ma gorge, mais je dois être objective. Cette femme, ce n'est pas moi. Nous sommes bien trop abîmés, pour nous surélever mutuellement. Mais je suis satisfaite qu'il soit entré dans ma vie, il pourra prendre la même place que mes frères dans quelques mois. Enfin, dans quelques années. Il ne faut pas déconner. Cette fois-ci, je me lève et pars en direction de ma cuisine tout en remettant mes affaires sur le dos.

- Tu veux un jus, ou autre chose avant de partir ?

- Non merci, mais j'avais autre chose à te dire qui risquerait de recaser ce qu'on vient de resolidifier.

- Franchement, plus rien ne m'étonne venant de ta part, en tout bien tout honneur. Dis-je en ricanant.

- La première fois que je t'ai vu... tu étais encore sans-abri.

Il sonde ma réaction, mais je suis immobile. Je veux la suite.

- Et les jours qui ont suivi, je me suis renseigné sur toi. Tu étais fraîchement diplômée, avec un bulletin frôlant l'excellence. J'ai donc envoyé Nico, pour qu'il fasse malencontreusement tomber une offre d'emploi pas très loin de toi.

Soit les quatre sont nés pour être de grands acteurs, ou alors, de gros bouffons. Sans rire, je vais apprendre quoi la prochaine fois ?

- Comment tu as eu ces informations ?

- Un magicien, ne révèle jamais ses tours.

- Ok, mais pourquoi ?

- Tu vas rire. Il tripote sa tignasse, et ses joues prennent la teinte d'une tomate. Comment dire... Euh... Je suis tombé amoureux de toi, dès que je t'ai vu.

C'est beaucoup trop mignon, pour lui refaire des reproches. J'ai envie qu'il parte, pour que je puisse crier et faire une danse de la joie. Mais aussi sauter partout, et le dire à tout le monde. Mon cœur tourne à cent à l'heure, tellement que je trouve ça adorable la façon dont il est timide de me le dire.

- Tu étais au sol, avec un plaid et un livre. Tu essayais d'être la moins visible, et tu souriais devant les pages que tu parcourais. Et,...bref. Voilà, tu sais littéralement tout. Je n'ai plus de secret pour toi.

- ...

- Lexie, je t'en supplie. Parle.

- Je... Je ne sais pas quoi dire. J'ai envie de te frapper pour avoir menti, et en quelques sortes de m'avoir manipulé. Mais j'ai envie de t'embrasser, parce que toutes les raisons de tes actions sont soit à croquer ou juste.

- J'aime bien la deuxième option.

- Les gars vont vraiment m'entendre.

- Tu leur pardonnes ?

- Oui...

- Donc tu me pardonnes aussi ?

- Oui...

Il prend ma main, et dépose un bisou sur le dessus.

- Merci pour tout !

- Merci à toi.

Ma facette d'introvertie, prend le dessus. J'aimerais lui dire de rester, mais je ne suis pas certaine de ce qu'il veut. Son aveu est peut-être du passé. Je marche ainsi, ne pas oser pour le bonheur des autres qui fera un peu le mien. J'essaye de faire des efforts, et je le remarque. Mais c'est un travail fastidieux, qui demande du temps et de la patience.

- Bon sur ceux, je vais retourner chez moi. Et qui sait, je trouverais peut-être la perle rare maintenant que je suis décidé.

- Ha ha, oui. Je te le souhaite. On se voit demain au travail. Dis-je le cœur lourd.

Un sourire factice, et le tour est joué.

Il enfile sa veste, en prenant son temps pour l'ajuster. Alors que je rêve d'aller me recroqueviller dans mon lit avec de la musique dans les oreilles, et quelques larmes en bonus. Il s'approche de moi, et me tape la bise.

Si ça ce n'est pas clair, que demande le peuple.

Fleur Bleue ( Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant