L'incendie

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L'horreur. Le mot qui définissait ce qui se présentait à la télé.
Un incendie. Seulement cet incendie brûlait de plus en plus vers la forêt devant chez elle. Il débutait à la lisière de la forêt de Gayt.
Elle se souvint alors de la cabane d'Esteban. Si on ne faisait rien, en deux heures à peine la maison brûlerait.
En plus, il était chez Laura.
"Ils doivent sûrement faire autre chose" se dit Natacha.
Étaient-ils au courant? Comment un incendie de ce genre aurait pu atteindre la forêt? En regardant la télé, elle aperçut sa mère. Elle était journaliste dans une entreprise de Lyon. Sans plus attendre, elle éteignit la télé et courut dans sa chambre. Sa tenue de chasse était propre, elle avait pu la laver la veille. Si elle pouvait ramener du poulet pour le dîner, autant la prendre. Son bel arc sculpté en bois de chêne que lui avait confectionné son grand père était caché sous son lit, elle le passa dans son dos, ainsi que son carquois et ses flèches.
Il était encore tôt, l'aube venait de se lever. Mais elle partit sans savoir ni se demander si son père était réveillé, sa sœur ou quoi que ce soit. Elle tressa ses cheveux en une longue natte sur le côté. Dehors, le sol était couvert de givre et il faisait froid, mais sa veste était chaude et ses bottines aussi. Ses semelles étaient couvertes de boue.
Elle remonta le ruisseau et alla sur la colline au-dessus de la vallée. En haut, elle grimpa à un arbre avec de grosses branches.
Elle n'était pas très lourde, ce qui était pratique pour ne pas tomber en escaladant. C'était un avantage, car une personne trop musclée ou trop lourde casserait le bois d'un coup. Natacha aperçut le début d'incendie, pour elle, à environ un kilomètre et demi, mais le feu peu ronger la forêt plus vite qu'on ne le croit.
Elle s'empressa de descendre, c'était une petite falaise, elle ne s'était jamais aventurée dans cette partie de la forêt.
Elle fut obligée de descendre par les côtés du mur en pierre, en marchant prudemment, elle tomba sur un lapin qui marchait sur la mousse verte qui poussait sur la roche.
Elle s'apprêtait à tirer, mais celui-ci boitait. Finalement, par gentillesse et respect, elle abaissa son arc et le prit dans ses bras. Son père lui avait appris quelque truc pour soigner les pattes cassées des animaux. Mais elle n'était pas vétérinaire et son but était de faire en sorte de stopper l'incendie.
Elle le blottit dans sa besace et continua sa route, la roche dessinait des marches qu'elle descendit.
En bas, une grotte sombre mais pas très profonde était incrustée dans le creux de la falaise. Puis la forêt. Elle laissa le lapin ici, dans un lit de feuilles entre des rochers.
En espérant qu'il serait toujours là à son retour, elle courut vers la forêt. Les prédateurs pourraient se charger de lui. Mais il fallait être positif. Alors elle évita de songer à cela.
Elle pensa à un point embêtant, elle ne savait pas du tout où se trouvait la cabane d'Esteban.
Peut être avait elle déjà été ravagée par les flammes?
Tant pis, elle continuait de courir droit devant, puis s'arrêta devant un tronc d'arbre. Elle s'y adossa. Elle n'était pas très bonne à la course d'endurance, ce qui la fatiguait vite, mais en revanche elle était très rapide. Elle se reposa cinq minutes et vit une chose au loin, un puits pour retirer de l'eau. A mi-chemin vers celui- ci, elle sentit une odeur de brûlé, le feu approchait, il ne devait être plus qu'à environ 250 mètres de sa position, et elle n'avait pas encore trouvé la cabane d'Esteban. Était- elle en train de s'embraser? Natacha le pensait. Elle voulait espérer le contraire. Mais peu de chance le lui ferait prouver. Elle courut droit devant elle, s'arrêta après 60 mètres et vit la cabane, ou du moins une cabane.
Celle qu'elle pensa être celle qu'elle cherchait.
Tout à coup, une brindille craqua. Sous le poids d'un pied, elle le savait car des murmures se faisaient entendre.
Un frisson de peur lui parcourt le corps. Pas pour le feu mais pour les gens, qui pouvait bien venir ici à une heure pareille en connaissance de l'incendie?
Ils étaient descendus de la montagne, comme elle, mais plus loin, et à l'opposé. Vers le nord.
Il y eut d'autres crissement des feuilles et d'autres craquements de brindilles, mais pour la forêt et Esteban, elle s'avança vers la cabane qui n'était pas loin. Plus que 70 mètres d'après elle.
Elle continuait d'avancer dans les fourrés pour qu'on ne la voie pas.
La cabane se rapprochait de plus en plus mais tout à coup, un arbre s'enflamma juste à côté. Le feu détruit tout.
Elle courut en sprintant jusqu'à la cabane, arrivée devant, elle essaya de créer une bulle pour la protéger, mais trop tard, elle commença à s'enflammer. Son sortilège ne servirait plus à rien.
Elle se précipita à l'intérieur pour récupérer les affaires importantes.
Elle ouvrit une fenêtre et balança une maigre couverture blanche, quelques vêtements et une poupée rose.
Une photo était tombée d'une fente du placard.
Elle supposa que c'était les parents d'Esteban, elle prit les livres avec et une panière de baies. Elle commençait à tousser. Maintenant elle ne voyait pas grand-chose, la cabane était en feu et remplie d'une épaisse fumée noire.
Morte. Elle pensait mourir, elle allait s'effondrer quand quelqu'un lui agrippa le bras. Puis elle s'évanouit sous l'effet de l'air embaumé qui était rentré dans ses poumons.

Légendes Tome 1 eau, feu, vent et terre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant