Promets-moi de ne jamais me libérer de toi.

Chapitre III. Exhibition.

            Tout en passant le pas de la porte du shop d'Agata, j'envoie un message à Laëti avant qu'elle ne se mette réellement en colère. « Je viens de rentrer, je t'appelle tout à l'heure. Promiiiis. ». Ma tante est avec une cliente qui observe, ravie, son nouveau piercing au nombril. Elle m'avait prévenue que deux rendez-vous pour des tatouages avaient été programmés aujourd'hui. Je suis heureuse que des personnes de passage aient eu envie de se faire percer. Je me suis affalée dans un des fauteuils en pianotant sur mon BlackBerry. La jeune femme a réglé l'acte et s'en est allée, suivie d'Agata qui a fermé son salon et tiré les rideaux de la vitrine. Elle s'est retournée vers moi en réalisant une célébration digne d'un but en or en finale de coupe du monde.

- Holàààà pétaaasse ! J'ai assuré comme une cheffe aujourd'hui. En même temps, il faut dire que je suis bien placée en ville, il y a pas mal de passage, et je n'ai pas de concurrents à moins de quatre kilomètres. – Elle a entamé des pas de danse ridicules en me tirant de ma paresse pour que je l'accompagne dans sa joie. – Et toi t'as bonne mine dis-donc ! Je vais commander des pizzas pour fêter cette journée. On mange ensemble et tu me raconteras tout, ok ?

- Ça marche ! – Je bave déjà à l'idée d'engloutir une pizza. – Je sors avec Léna et je te rejoins devant la télé.

J'ai grimpé les marches quatre à quatre. J'entendais des jappements aigus venant de mon studio. Ma chienne m'a fait une fête comme rarement. Elle n'est plus habituée à me voir partir des heures entières, surtout après avoir passé ces quinze derniers jours avec moi. Léna tournait à côté de la patère où étaient étendus son harnais et sa laisse. Nous avons fait une longue balade dans le parc. A la fin de celle-ci, je me suis un peu détendue sur un banc et ai pris mon portable. J'avais un message non lu de Rosalya : « Re Hanna ! Je pensais à toi et je me demandais pourquoi Ambre ne t'avait pas balancé à Silva ou Shermansky. Tu vas devoir faire attention, elle te garde sous le coude parce qu'elle n'en a pas fini avec toi. Je ne veux pas te faire peur, mais je préfère que t'anticipes. De toute façon on est tous de ton côté, elle fait régulièrement ce type de bizutage, en particulier quand on approche SON Castiel. En tout cas, je suis trop contente de t'avoir rencontrée ma belle. Plein de bisous, à demain ! Rosa ». "Son" Castiel ? Je jurerais pourtant qu'il ne la porte pas spécialement dans son cœur. J'ai répondu à son SMS en sifflant Léna. En arrivant devant l'immeuble, j'ai croisé le livreur de pizza et lui ai payé ce qu'Agata lui doit. Je me suis hâtée au premier étage et ai déposé les boîtes chaudes sur la table basse.

Ma tante est sortie de sa chambre, juste habillée d'une large chemise et de grosses chaussettes, les cheveux mouillés. Elle a soupiré en s'installant près de moi et m'a claqué une bise sur la tempe. Alors que je lançais un programme de télé-réalité, elle s'est emparée d'une part chaude. On aime bien regarder ce genre d'émission, c'est un plaisir coupable pendant lequel on fait nos langues de vipères. Rien de tel pour décompresser. Même si ça n'a pas la même saveur que les premières saisons de Secret Story. On ne loupait ni un prime, ni une quotidienne !

- Au fait, tu me dois 25€. J'ai laissé la monnaie au livreur, ça lui fera un pourboire.

- Hm tu te serviras dans mon sac. Je sais bien que ça t'arrive de le faire, je ne suis pas dupe. – Elle parlait la bouche pleine. – Bon, Sweet Amoris, c'était bien ?

Je lui ai narré ma journée. Sans omettre Ambre ni mes nouveaux amis. Elle m'a tapé dans le dos avec encouragement quand j'ai détaillé la chute de la blonde.