Chapitre XVI. Menace.

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               J'ai passé mon dimanche au lit. Je n'avais même pas la force de manger. Castiel, inquiet, a décidé d'appeler Agata dans la soirée. Elle a accouru dans la demie heure qui a suivi le coup de fil, chargée d'un gros sac rempli de mes affaires pour que je puisse avoir tout ce dont j'ai besoin. Je prévois de rester la semaine chez mon copain. Ma tante s'est accroupie près de moi. Elle caresse mes cheveux. J'ai décalé ma tête.


- Qu'est-ce qu'il s'est passé à cette soirée, mon bijou ?

- Rien. Laisse tomber. – J'ai soupiré.

- Ne me mens pas. Je te connais, Hanna. Castiel m'a parlé d'un incident, j'aimerais juste savoir ce qu'il en est. Parce que, aux dernières nouvelles, je suis encore responsable de toi.

- Tu veux savoir ? – Elle a acquiescé. – Tu veux savoir ?! – Je me suis redressée en pleurant de rage. – Un fils de pute m'a agressée ! – Elle a pris ma main. Je l'ai vite retirée de son contact. – Ne me touche pas. Je ne veux pas qu'on me touche ! – Mon amoureux s'est installé derrière moi et a entouré ma taille. Je ne supporte que lui.

- Un garçon de ton lycée ? – J'ai cligné des yeux en guise d'affirmation. – Et qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ?

- Tu veux que je te fasse un dessin ? Il est venu me trouver dans un dressing pour me fourrer ses doigts sales. Un peu plus et je me faisais violer. – Les ongles d'Agata se sont enfoncés dans la couette. Elle a eu un geste en ma direction avant de se raviser. Son air est grave et ses yeux sont humides.

- Si, Hanna, il t'a violée. Peu importe comment il s'y est pris. Tu n'étais pas consentante et il t'a forcée. C'est la définition d'un viol. – Elle a marqué une pause. – Tu es allée voir la police ?


Nauséeuse, je me suis levée et ai couru dans la salle de bain. J'entends Castiel expliquer notre visite au commissariat. Ma tante a posé le mot que je redoutais le plus. Je vomis l'intégralité du contenu de mon estomac. Soit de l'acide. Je m'assois au pied du WC, le regard dans le vide. La porte s'est ouverte, laissant apparaître un brushing blond.


- Je vous laisse tranquille, mon bijou. Mais on se rejoint à Sweet Amoris demain à 8h. J'ai quelques mots à dire à ta proviseure. J'aimerais te serrer dans mes bras. – J'ai fait non de la tête. – D'accord. Je t'aime. – Elle s'est dirigée vers la sortie. – Merci de m'avoir prévenue, Castiel. Prends soin d'elle. Enfin, tu le fais déjà très bien. Elle a de la chance de t'avoir, tu le sais ? – J'ai entendu une accolade puis la porte se fermer.


Je n'ai pas dormi de la nuit. Je me tourne et me retourne, me blottis contre Castiel afin de penser à autre chose. Mais dès que je ferme les yeux, je vois l'autre. Comme si les images, pourtant si sombres, de ce fameux soir étaient gravées sous mes paupières. Mais je crois que je suis encore plus énervée par le comportement de ce connard de flic. Je brûle de l'intérieur. J'ai eu le temps de réfléchir. Je ne peux pas me laisser aller. Je ne dois pas montrer que je peux être vulnérable. Il faut que je sois forte et que je prouve au monde que je suis invincible. Que je me le prouve à moi-même. Tu es invincible Hanna. Tu reviens de si loin, tu ne peux pas tomber maintenant.

Au petit matin, j'ai pris mon courage à deux mains et me suis levée. Premier défi, la douche. Non, mon corps n'est pas sale, il n'est pas meurtri. Il est bien vivant et me portera jusqu'à la fin, je dois en prendre soin. Je prends donc une attention particulière à me laver, avec amour. Je laisse poser un masque sur mes cheveux et mon visage. Ce corps est aimé, et l'a déjà été. Il m'a procuré du plaisir. Ce n'est pas un acte horrible qui le rendra moins désirable. Mais est-ce que je suis prête à ce qu'on le touche de nouveau ? Il y a une première façon de le savoir. La pomme de douche n'est pas aussi puissante que la mienne, mais ça fera l'affaire.

Promets-moi de ne jamais me libérer de toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant