Chapitre XVII. Surprises.

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                   Ma tranquillité n'a été que de courte durée. Le délégué, remis de ses blessures, est de retour à Sweet Amoris. Lorsque je l'ai croisé lundi, j'ai cru que j'allais mourir sur place. Je ressens cette même douleur à chaque fois que je l'aperçois dans les couloirs. Comme si je me faisais transpercer par des centaines de poignards et qu'un train me passait dessus simultanément. Des rumeurs se font entendre dans le lycée. J'aurais eu une aventure consentie avec lui. Effrayée par les menaces du père, je ne contredis pas, je mets des œillères. Castiel est furieux, je le vois se retenir de frapper qui que soit osant répandre ce mensonge. Je passe pour une catin et lui pour un mec qui ne sait même pas se faire respecter par sa copine. Alors que je suis de plus en plus déconcentrée en cours et que mes résultats en pâtissent, mon petit ami, lui, fait le contraire. La tête dans le guidon, il ne pense pas à autre chose. Alexy a visiblement eu une discussion avec son frère. Armin ignore royalement celui qui a été son meilleur ami. Mais ce dernier peut toujours compter sur la présence de Kentin. Sale traître. Il me déçoit tellement. Il est capable de déclencher une bagarre avec Castiel car il l'estime trop proche de moi, mais continue de traîner avec le type qui m'a agressée sexuellement. Que je ne le croise pas dans le parc un matin s'il ne veut pas que l'on retrouve son cadavre échoué sur la plage.

Avec l'accord d'Agata, j'ai proposé à mes amis de passer les vacances de Pâques dans la maison de mes grands-parents à Balogne. Plus qu'une dizaine de jours à patienter. J'ai bien mérité des congés après tout ce que je viens de traverser. J'espère que, d'ici là, je me sentirai moins malade que ces derniers temps pour pouvoir profiter de tout le monde. Et j'ai tellement hâte de retrouver Laëtitia ! Je suis persuadée qu'elle accrochera avec ma nouvelle bande.

Dernier cours de la semaine. Enfin le week-end. Mr Verger distribue les corrections de nos devoirs finaux sur l'œuvre d'Anna Akhmatova. J'ai beau avoir adoré ce livre, je crains de voir ma note. Mon professeur principal est arrivé à ma hauteur et m'a dévisagée par-dessus ses lunettes.

- Mlle Keller, six sur vingt. – Il a inspiré en fermant les yeux. – Je ne veux pas vous angoisser parce que j'ai connaissance que votre vie personnelle est délicate et que ça vous impacte, mais je commence à m'inquiéter. J'ai dû relire votre dossier scolaire pour être sûr. Vous êtes une élève moyenne sans trop en faire, mais je sens que vous avez une appétence pour la littérature. Vous avez toujours eu d'excellents résultats en français. Mais la chute de vos notes est dans toutes les matières, vous êtes en face de la meilleure d'entre elles. Si vous ne souhaitez pas avoir de points de retard à la suite de vos épreuves anticipées, il va falloir redresser la barre. – Il s'apprêtait à repartir mais a reculé. – Si vous avez besoin de quoi que ce soit, ma porte est toujours ouverte.

Mélody m'observe au loin. Je pourrais déceler un demi sourire mauvais sur son visage de première de la classe. Je ne peux plus me la voir. C'est sûr que quand on a maman qui est elle-même prof et qu'on a eu la chance d'avoir été recalée par l'autre ordure, la vie est plus facile. Je crois qu'elle souhaite aussi décéder par noyade accidentelle, car ses yeux ne me quittent pas. J'ai laissé tomber ma tête sur mon bureau en soupirant. J'ai envie de vomir et de pleurer. Achevez-moi par pitié, j'en ai marre de cette sensation qui ne me quitte pas. Castiel passe une main rassurante dans mon dos. Heureusement qu'il est là. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Et sans Rosalya, Alexy ni Lysandre. Ce sont les meilleurs soutiens au monde, je ne pense à rien en leur présence.

La sonnerie a enfin retenti. J'ai salué mes amis et ai attrapé la main de mon copain pour rentrer chez Agata. Elle avait déjà fermé le salon de tatouage. Nous sommes directement montés chez elle.

- J'ai une tête à faire du dog-sitting ? – Ma tante montre son visage de l'index, furieuse. – Je veux bien garder Léna, elle est adorable, mais alors ton clebs à toi ... - Son doigt a atterri sur le torse de Castiel. – Il braille toute la journée et fait peur à mes clients ! Aussi chiant et mal élevé que son maître. – Elle est partie se servir du vin en grommelant. – Démon ... Il porte bien son nom. Sale clébard.

Promets-moi de ne jamais me libérer de toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant