Chapitre XXVIII. Introspection.

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            Le temps est si long. Castiel a finalement accepté de travailler cette semaine même si la première épreuve écrite du Bac anticipé est la semaine prochaine. Entre la préparation de notre déménagement, les balades avec les chiens et des appels à mes meilleurs amis, je m'ennuie. Tout le monde a le nez dans les révisions. Personne n'est disponible pour sortir ou pour que l'on passe du temps ensemble. J'ai beau être enfant unique et aimer avoir des moments de solitude, je tourne vite en rond. Je suis incapable de me concentrer sur une seule chose. Après bien moins d'une heure, je me lasse. Et là, j'ai épuisé toutes mes cartes.

D'abord, j'ai traîné devant la télévision en grignotant. Je ne me préoccupe plus de ma ligne en ce moment. A quoi bon ? Je prends des formes à vue d'œil peu importe ce que je pourrais manger. Puis, j'ai espionné Olivia sur Facebook. J'y ai passé un certain temps. Je n'ai malheureusement rien trouvé qui pourrait remplir des dossiers contre elle. C'est juste une adolescente banale. Elève dans un lycée public d'Amoris, elle aime ses amies et ses chats. Elle joue la grande sœur parfaite avec son frère et partage des photos de couchers de soleil. Rien ne peut l'incriminer. Dommage. Je suis sûre qu'elle cache quelque chose. Il me faudrait une taupe. Et ce n'est pas Lysandre qui balancera sur sa jolie brune. Pour une fois que la langue bien pendue de Rosa aurait été utile ... Mais Olivia n'est jamais venue chez Leigh.

Je souffle en regardant l'heure. Pourquoi elle avance si lentement ? Et dire que mon été va se résumer à ça. Attendre que Castiel rentre du travail. Je sais déjà que je ne pourrais jamais être femme au foyer ! Si Agata n'était pas de mèche avec la mafia locale, bien-sûr que je serais avec elle. Je m'étonne moi-même de me rendre compte qu'elle me manque énormément. Mais c'est une idiote et je ne ferai pas le premier pas. C'est à elle de s'excuser. J'ai vraiment du mal à digérer le fait que Rayan travaille pour Carello. Je suis de nouveau anxieuse lorsque quelqu'un marche derrière moi dans la rue et même quand un numéro inconnu s'affiche sur mon téléphone. Je vois le mal partout, alors je reste cloîtrée entre les quatre murs du studio la majeure partie du temps. Quand j'y pense, ce n'est pas non plus une bonne idée. Parce qu'ils savent où on habite. Non, arrête de te monter la tête. Il ne se passera rien. Il faut que je me calme. Je caresse doucement mon ventre pour me rassurer et ma petite grenouille me donne de petits coups, sûrement pour me ramener à la raison. Ce n'est pas bon pour elle si je stresse de trop. Mais rester seule si longtemps est la porte ouverte à toute sorte de spéculations de ma part.

J'ai de nouveau soupiré devant l'horaire affiché sur mon portable après avoir joué à la console. Je grogne en me laissant tomber contre le dossier du canapé. J'ai une idée ! Si je pars maintenant, j'arriverai à l'aéroport pile pour la débauche de Castiel. Je n'ai qu'une hâte, c'est le retrouver. J'enfile une paire de sandalettes et attrape mon sac à main avant de dévaler les escaliers. Je trépigne de ma petite surprise, assise dans le fond du bus. J'observe le paysage défilant derrière la vitre. Je ne suis jamais venue dans cette partie de la ville. Qu'est-ce que j'y ferais ? C'est une suite de zones industrielles. Des usines fumantes et des mètres de conteneurs maritimes longent la rocade. D'ici, la vue sur l'océan est vilaine. L'eau semble sale, polluée. Des paquebots de fret s'amassent à l'embouchure qui mène au port. J'aperçois enfin son pendant aérien, je suis tout près.

Après avoir littéralement sauté hors de mon moyen de transport, je me suis avancée vers l'entrée du petit aéroport local. Un banc est installé juste en face, je m'y assois. Quelques minutes plus tard, je reçois un SMS de mon amoureux qui m'informe qu'il a terminé sa journée et qu'il pense à moi. Je lui réponds avec des cœurs. Je souris niaisement et relève mes yeux. Ils croisent ceux de Castiel. Son visage s'illumine alors qu'il me reconnaît. Il salue rapidement son collègue et avance en ma direction. J'ai à peine eu le temps de me lever de mon assise que je me retrouve dans ses bras. C'est tout ce dont j'avais besoin.

Promets-moi de ne jamais me libérer de toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant