Chapitre IV. Confidences.

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            Nous sommes arrivées devant le salon de tatouage avec Rosalya. Elle a été étonnée lorsque je l'y ai incitée à rentrer.


- Je ne m'attendais pas à te voir, pétasse. T'avais disparu des radars ! Je voulais te voir hier soir, mais t'avais laissé ta clef sur la serrure. Je t'avais pourtant bien dit de ne jamais ... Oh, mais t'as ramené une copine ? – Elle a couru vers mon amie en la prenant dans ses bras. Rosa lui a rendu son étreinte en riant. – Salut, moi c'est Agata, la tante de Hanna.

- On va monter toutes les deux, on se voit plus tard. – J'ai pris la main de ma camarade qui commençait à papoter avec ma tante.


En montant les escaliers, j'ai prévenu que je vivais ici avec Agata, nouvelle propriétaire du shop au rez-de-chaussée. On a passé une tête dans son appartement, Rosa a commencé à y entrer mais je l'ai retenue pour qu'elle me suive au deuxième.


-  Et ici c'est chez moi ! – J'ai câliné Léna qui me faisait la fête. – T'as pas peur des chiens j'espère. – Ma malinoise reniflait la robe de mon invitée.

- Non, pas du tout, je les adore. Elle est trop belle en plus ! – Elle s'est accroupie pour la caresser et j'ai ouvert la baie vitrée. – Donc tu « vis seule » ? Je n'aurais pas parié.

- Oui. Enfin, à moitié. J'ai juste un studio indépendant. Je suis officiellement sous la responsabilité d'Agata. Même si je ne la qualifierais pas spécialement de responsable, haha.

- Moi je l'aime bien ta tante ! C'est une originale, elle m'a fait rire. Ça se voit qu'elle est cool mais qu'elle tient à toi. – Nous nous sommes assises sur le canapé pour manger.

- Oui t'as raison, je l'aime aussi. Je suis un peu dure avec elle, mais elle fait de son mieux. – J'ai mis de la musique sur mon ordinateur, histoire d'avoir un fond.

- Je ne veux pas paraître indiscrète. Mais je suis curieuse et ça me travaille ... Comment ça se fait que tu vives avec elle ? – J'ai baissé les yeux. Elle a posé sa mais sur la mienne. – T-tu n'es pas obligée. Je ne te forcerai à rien, Hanna.

- C'est légitime que tu te poses la question. C'est juste que je ne suis pas habituée à en parler. A Carnes, mes proches savaient depuis longtemps et je n'entrais pas dans les détails avec les autres. – Nous avons dégusté nos sushis dans le silence quelques minutes. – Mais je sens que je peux te faire confiance.

- Oui, tu peux. – Elle a maintenu son regard doux dans le mien. Je me suis laissée tomber contre le dossier.

- Agata a obtenu ma garde exclusive quand j'avais trois ans. Suite à une plainte de la directrice de mon école maternelle, les services sociaux se sont mêlés de la situation de mes parents. Je ne lui en veux pas. Elle ne les avait jamais vu, mes grands-parents me géraient. J'avais un comportement apeuré et j'étais souvent mal alimentée. Elle s'est inquiétée pour moi. La DDASS a décrété que mes parents étaient inaptes et m'ont placée provisoirement chez mes grands-parents. Ma tante s'est battue pour devenir ma responsable légale. Elle voulait me protéger, mais aussi protéger sa petite sœur, qui ne pouvait même pas se réfugier chez ses parents puisque j'y étais. Et elle n'a jamais pu avoir d'enfants, je crois qu'elle a eu un élan maternel en découvrant ce qu'il se passait.

- Je suis désolée Hanna. Si j'avais su, je n'aurais pas osé te demander.

- Ce n'est rien, c'est mon histoire et je suis en paix avec ça. Tu ne pouvais pas imaginer. Et puis je pense que j'aurais fini par t'en parler.

Promets-moi de ne jamais me libérer de toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant