Comme recommandé par le gynécologue, je suis restée au calme cette semaine. La prochaine fois que je me rendrai en cours, je serai en terminale. J'ai aussi appelé Faustine, ma cadre, pour la prévenir. J'ai été très gênée de lui apprendre que je devais être arrêtée. Paniquée, je lui ai proposé de démissionner pour ne pas l'embêter. Elle m'a rassurée et m'a indiqué qu'il valait mieux que je sois en arrêt maladie. Au moins, je serai payée par l'assurance maladie. C'est toujours mieux que rien. Je reste tout de même un peu honteuse de n'avoir pu travailler que deux jours. Je risque de m'ennuyer cet été si je ne peux pas faire tout ce que je veux. J'ai déjà de la chance de ne pas être alitée.
Rayan passe sa soutenance de thèse aujourd'hui. J'espère que tout va bien se passer pour lui. Parce que j'en ai marre de le voir tourner comme un lion en cage au premier étage. Il stresse tout le monde avec cette histoire. Ma tante et moi n'avons clairement pas besoin de ça en ce moment. Elle aussi, commence à fatiguer de son état. Elle a été plutôt ménagée par son début de grossesse mais, son âge n'aidant pas, elle est épuisée et anxieuse. En l'absence du père de son enfant, je l'accompagne voir Céline, la sage-femme. Cette dernière est très physionomiste. Elle a été surprise de me retrouver en compagnie d'Agata. Elle a trouvé ça touchant ce binôme, qu'on qualifierait presque de mère et fille, attendant un heureux évènement au même moment. C'est une première pour elle. Elle veut absolument un faire-part commun de ce duo de cousins qui naîtront à une vingtaine de jours d'intervalle. J'imagine déjà l'adorable cliché de ma petite grenouille aux côtés du petit garçon de ma tante. Je suis aux anges de bientôt avoir un « petit frère » qui grandira avec ma fille. Ils iront à l'école ensemble et seront toujours là l'un pour l'autre. Ne comptant clairement pas avoir un deuxième enfant de sitôt, je suis vraiment contente qu'elle ait un cousin si proche en âge.
Nous avons profité de ce moment entre filles pour manger au restaurant et se balader dans quelques magasins du centre commercial. Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas retrouvées comme ça. Nous avons toujours été très proches malgré nos disputes et divergences. Mais ces grossesses nous unissent d'une façon inédite. J'ai l'impression que mon éternelle adolescente de tante s'apaise et qu'elle a pris en maturité. Peut-être que c'est aussi mon cas. Lors de notre promenade, nous avons essuyé quelques regards désapprobateurs de parfaits inconnus. Nous nous ressemblons énormément toutes les deux et il est bien évident que nous avons vingt-cinq ans de différence. Les gens semblent outrés de voir une mère et sa fille enceintes au même moment. Balayez donc devant chez vous ! Je dois dire que le ventre d'Agata est bien plus rebondi que le mien et elle le met joliment en valeur. Quant à moi, j'assume ce bidon naissant et ne me cache plus derrière mes robes amples. Peu importe ce que les autres pensent de nous. Parce que nous sommes comblées de partager ce bonheur ensemble. Je suis rassurée. Je pense qu'elle n'aurait pas accepté cette petite surprise si elle n'était pas elle-même enceinte. Ça m'arrange bien que ce soit tombé comme ça. Même si, dans l'idéal, j'aurais préféré attendre quelques années.
Le lendemain, je me suis installée dans le salon de tatouage pour réviser. Castiel travaille et je préfère être entourée. Je trouve pesant de rester seule. De nombreux clients défilent pour un flash ou un piercing. Je travaillais sur mon oral de français avec l'aide de Rayan quand trois types louches ont passé la porte. Crânes rasés, cicatrices, ils ressemblent à des Skinheads. Je n'aime pas trop ça.
- Zaidi, mon vieux ! Qu'est-ce que tu fous là ? Je ne pensais pas que le boss t'avait aussi demandé une marque de reconnaissance. Il paraît que ça y est, tu joues dans les hautes sphères. Faut se la jouer discret. – Le conjoint de ma tante est devenu livide. Je ne comprends pas. Il les connait ? – Bah alors ? T'as perdu ta fougue de beau parleur, le chouchou ? – L'un d'eux s'est penché vers moi et a caressé mes cheveux. J'ai frissonné de dégoût. Tant à cause de ce geste déplacé que par la vue de ses dents pourries.
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Promets-moi de ne jamais me libérer de toi.
RomanceHanna a tout juste seize ans. Elle emménage dans une nouvelle ville et intègre un nouveau lycée. C'est une adolescente ambitieuse qui vit pleinement les expériences de son âge. Et cette nouvelle vie à Amoris va amplifier tous ses désirs. Partagée en...