Chapitre 5 Faux ennemis

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Un coude sur chaque genou, la main gauche tenant un essuie sur son nez, Lucanus Caelius fixa en fronçant les sourcils le vieil homme qui se trouvait dans le divan face au sien. Une chevelure grise où quelques rebelles cheveux sombres persistaient à se faire voir. Un front couvert de plies dû à son âge avancé, mais dont une cicatrice gâchait l'harmonie. Les yeux bleu clair perçants qui s'efforçaient de ne pas être intimidé par le géant millionnaire qui hésitait encore entre le jeter dehors ou se montrer polis. La courtoisie dont faisait preuve le président se limitait à accepter de recevoir un invité non-invité. Il ne voyait pas d'autre moyen de formuler la chose, après tout, Lucas était encore en pyjama et peignoir. Sa nuit trop courte et pénible ne faisait qu'accentuer son humeur désagréable après le début de la reprise de son traitement. Attitude qui ne choqua en rien le chef du clan Tigre Blanc qui lui faisait face.

Deux hommes tatoués se tenaient derrière le divin de leur parrain. Deux autres en tenues coûteuses se dressaient derrière le riche. Susanne jouait plus le rôle d'arbitre à deux pas de la table basse. Sauf qu'elle fixait les étrangers avec plus de froideur que nécessaire. Le chef cuisinier arriva avec un plateau et il déposa deux cafés avec de quoi les ajuster aux goûts de chacun. La secrétaire lui glissa un mot à voix basse et le maître queux partit rapidement.

- Mon petit-fils est un idiot, assura le vieil homme.

- Ce jeune homme aux cheveux blonds est votre petit-fils ? s'étonna la seule femme de la pièce.

Elle préférait se montrer très directe, puisque son patron, le nez collé dans une serviette, allait devoir se répéter dix fois pour se faire comprendre. D'ailleurs, elle remarqua que le sang coulait le long du bras de Lucas. Ce dernier ne semblait pas y faire attention, bien trop concentré à trouver ce qu'il devait penser de l'héritier.

- Il a ruiné les pantoufles préférées de Monsieur Caelius. Et cassé son nez, A deux reprises.

Le ton plus sec de la brune fit arquer un sourcil au mafieux. Il connaissait assez son idiot de petit-fils pour savoir que c'était son genre, mais jamais sans raison. Ashaï pouvait être violent, mais pas à l'excès.

- Vous lui avez fait quelque chose.

- Monsieur Caelius a porté votre petit-fils qui était ivre mort après qu'il a vomi sur les pieds de monsieur. Expliqua l'homme qui était là durant l'incident.

- Ashaï n'est pas une poupée. Le porter, c'est l'insulter.

Lucanus fronça un peu plus les sourcils avant de retirer la serviette. Le sang cessait de couler comme une cascade, mais cela n'enlevait pas le fait qu'il en avait sur tout le bas du visage. L'homme se frotta en douceur avant de gronder en voyant les taches sur le tapis.

- Il est toutefois vrai, qu'Ashaï a tendance à s'emporter facilement.

- Vraiment ?

La voix basse et enrouée du riche le rendit d'autant plus menaçant. Jusque-là, il grimaçait à cause de la douleur de son nez. Il ne tentait même plus de respirer normalement. Sa bouche entre ouverte le fit ressembler à un boxer près pour gagner le dernier round. Ce qui poussa un des hommes derrières le divin du chef de clan à pâlir.

- Nous payerons pour les précieuses pantoufles.

- En laine d'alpaga noire, précisa Susanne avec sérieux.

- Bien entendu. Quant à Ashaï, il présentera ses excuses pour avoir défiguré monsieur Caelius.

- Maintenant, ajouta encore la secrétaire.

- Je doute que ce soit... Mon petit-fils a un caractère.

Le regard dur de Lucas fit soupirer le vieil homme, trop âgé pour les conneries stupides de son descendant un peu trop gâté. Le chef mafieux approuva après avoir précisé qu'il ne fallait pas s'attendre à ce qu'Ashaï soit raisonnable dans l'heure. Aussi, il décida donc qu'il était temps de changer de sujet. Il tendit une main vers l'un de ses hommes qui lui donna une enveloppe en papier cartonné.

LucAshaïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant