Chapitre 33 Les anonymes

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Assis dans sa voiture, l'homme observa la ville. Le calme paisible des passants insouciants de l'avenir qui allait s'abattre sur eux. Ses iris vertes admiraient ce côté inoffensif que pouvait dévoiler la vie de l'extérieur. Dire que sur ses genoux reposaient une arme à feu. Dire que bientôt elle cracherait ses projectiles mortels. Tout cela semblait inimaginable. Et cette face surréaliste de la situation lui plaisait terriblement. Ce contrôle que cet individu exerçait en silence lui donnait une érection prodigieuse. Bientôt ! Très bientôt, il pourra savourer le résultat de son œuvre, la concrétisation de ses années de travaille pénible et acharné.

Impatient, les yeux verts se posèrent sur la montre cachée à l'intérieur du poignet de l'homme. Le temps passait si vite en fin de compte. Il avait tant réalisé jusque-là, mais ce n'était en rien le meilleur, non le plus glorieux, ce n'était autre que la femme assise à côté de lui. Grande, mince, presque anorexique, elle possédait une peau sombre que l'absence de soleil rendait couleur café crème. Son regard assassin la rendait antipathique et même hostile. Ses lèvres charnues tiraient vers le bas ponctuant son air amer. Comme si son monde ne lui avait apporté que de la souffrance. Il n'en était rien, l'homme avait veillé à ce qu'elle possède tout, mais en même temps, seule la liberté lui avait manqué jusqu'à ce jour. Une première sortie en voiture, l'air frais pour la première fois, la puanteur du monde qui l'agressa.

Son arme, c'était ainsi que l'individu appelait la femme. Elle avait appris la médecine pour savoir où frapper. Les arts-martiaux pour les techniques, les armes pour la mortalité. Les poisons, pour l'absence de pitié. Elle connaissait tout ce qu'il fallait pour achever une vie ou la rendre plus douloureuse que les flammes de l'enfer. Le reste n'existait pas. La saveur de la nourriture, la complexité des étoiles, la discussion, tout ce qui faisait d'un humain : humain, lui échappait. C'était voulu, c'était nécessaire et indispensable.

La voiture ralentit, le conducteur coupa le moteur. De l'autre côté de la rue, la vue entre les maisons s'ouvrait sur un contre-bas de la ville, la zone pauvre. L'homme quitta la voiture et alla ouvrir la portière à son arme vivante. La femme le suivit pour s'approcher du rebord qui offrait une vue imprenable, magnifique tout en s'encombrant d'immeuble au loin. Le regard vert se posa sur sa montre, encore une minute. Il sourit, s'appuya sur la rambarde en serrant le flingue dans sa main. Ses jambes en tremblaient.

- Bientôt... Souffla-t-il.

Puis, dans ce qui semblait être un lieu résidentielle clos, une des maisonnées explosa. Le toit monta en se dispersant en morceau, les fenêtres crachèrent des flammes, les murs s'effondrèrent ensuite. L'homme cria de joie. La femme observa le bâtiment se noyer dans les flammes. Une seconde fut telle un ballon, tous les murs partirent en même temps que le toit. Les habitants au loin n'étaient même pas visibles. Il n'y avait que ces flammes qui dansaient, ces morceaux de pierre et de bétons qui volaient, les colonnes de fumées qui montaient en crachant des paillettes toxiques et brulantes.

Le silence dura de longues minutes. Interminables même. Ashaï fut le premier à réagir en entendant une explosion. Il se précipita dehors pour aller voir. A sa suite fut Evelyne, plus habituée par ce genre d'attaque qu'elle pu admirer à l'étranger. Perry sur les talons de la blonde, suivit de près par des hommes du clan renard.

En ouvrant la porte, l'héritier reçu une vague de fumée en plein visage. Il ferma les yeux, se protégea le visage d'une main avant d'être projeté sur le côté gauche. Le son ne lui parvient pas, seulement un souffle, un coup violent qui le sonna en faisant vibrer son cerveau dans son crâne. Il tarda avant de parvenir à voir. Le souffle retenu, il se repoussa du sol sans chercher à se lever, bien trop dangereux. L'air brulait sa peau, les flammes dansèrent devant lui. Et là il inspira. Une toute petite bouchée d'air qui attaqua sa gorge. La toux fut violente, vertigineuse même, chaque inspiration provoquée par le rejet de trop d'air provoquait une suffocation plus douloureuse. Il se noyait dans l'air poussiéreuse et brulante. Le mafieux tira sur son visage sa chemise, mais cela ne suffisait pas.

LucAshaïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant