Elle ouvrit les yeux. Les murs de bétons l'entouraient, les chaines à ses chevilles la maintenaient prisonnière. Ses yeux se posèrent sur l'homme assis sur une chaise qui la fixait, hors de porter, autoritaire absolu sur la situation. L'air froid mordait déjà la peau ébène de la petite fille. Elle serra ses bras autour de ses épaules en dévisageant cette couleur Orange Safran qui tournoyait, ondulait, virevoltait en s'échappant de son ravisseur. Son sourire glaça le sang de la petite.
- Papa... Maman... Lulu...
Vingt et un an plus tard, la femme ouvrit les yeux. Elle n'était plus une enfant innocente et perdue. Ses yeux rubis se posèrent sur l'infirmière qui prenait sa tension. Les cheveux brun clair, la peau bronzée, les yeux noisette, l'inconnue en blouse blanche sourit à la patiente sans savoir que c'était une meurtrière. L'ignorance rendit l'instant insolite, étrange et l'ébène détourna le regard.
- Vous êtes entre de bonnes mains. Assura l'infirmière.
Hélas, aux oreilles de l'arme humaine, ce fut la voix de Xavier qui résonna. Il s'amusait toujours à lui dire des choses rassurantes qui ne l'étaient pas, peu importaient la situation, l'homme s'amusait de la voir souffrir et perdre tout repère. Alors la blessée lança un regard assassin vers l'infirmière. Elle sursauta, se recula, mais trop tard, la patiente attrapa sa main pour la tirer brusquement vers elle tout en se redressant. Ignorant la douleur, l'ébène mordit le visage de l'infirmière qui hurla de peur et de douleur. Des policiers entrèrent dans la pièce, mais trop tard, le mal était fait. La membre du corps médical avait perdu un morceau de pommette qui fut craché par la femme au regard froid.
- Putain de bordel de merde ! Cracha l'un des flics.
L'autre attrapa l'aide-soignante pour la tirer hors de la chambre, laissant une trainée de sang et des hurlements à n'en plus finir. L'homme trop choqué pour réagir fixa la criminelle. Heureusement, elle était attachée, mais les menottes lui offraient trop de liberté. Il se recula d'un pas, palissant avec horreur avant de sentir son pied glisser dans le sang. La nausée lui vient et les toilettes furent sa case de sortie.
Des infirmiers accoururent près de leur collègue meurtrie, un médecin fut appelé à l'étage. L'ébène observa l'agitation tout en y étant totalement étrangère. Elle ne comprenait pas cette panique, cette crainte et cette urgence. Le sang faisait partie de son quotidien. Quand elle était frappée et battue, personne ne se précipitait pour panser ses plaies. Le regard indifférent et les mots réconfortants étaient prononcés avec mépris.
« Tout va bien aller. » S'en suivait des gifles à lui décrocher la mâchoire. « Ne t'en fais pas. » Un coup de pied dans le dos lui coupait le souffle. « On te protège. » Nouvelles séries de chocs dans le visage. « On est une famille. » Un bâton suivit le mouvement pour remplacer les poings abîmés. « Tu ne risques rien. » La même violence, gravée au plus profond de la chair de ce qui n'était qu'une enfant. Tel l'argile dans les mains d'un potier, elle fut modelée, façonnée, écrasée, remodelée jusqu'à obtenir ce que l'artiste désirait. Toujours sous les coups, avec sans cesse cette violence croissante jusqu'à obtenir une femme glaciale qui n'avait plus rien d'humain.
Dans un mouvement brusque, elle tira son pouce avec ses dents. Le mouvement de torsion provoqua un bruit aussi désagréable que la douleur qui pulsa dans sa main. Cela n'arrêta pas l'ébène. Elle se libéra de la menotte et remis son doigt en place avant de réaliser la même chose pour délivrer son autre main. En trois minutes, pendant que tous les regards étaient posés sur l'infirmière, la patiente s'arracha de ses chaines.
Le flic qui sortait de la petite salle de bain se retrouva à faire face à l'ébène. La criminelle bloque de sa main celle de l'agent qui allait après son arme. Il hoqueta de surprise avant de sentir un coup de genou dans son entre jambe. La douleur lui coupa le souffle, le policier se pencha et un second genou lui vient en plein visage pour l'assommer. Elle le laissa tomber et prit l'arme à feu. Equipée, elle tira à trois reprises avant que l'autre agent des forces de l'ordre réagisse. Il se prit une balle en plein torse et tomba au sol. Miraculeusement en vie, il remercia son gilet pare-balle avant de perdre connaissance.

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LucAshaï
AzioneUn riche chef d'entreprise rencontre l'héritier d'un clan mafieux. Si leur deux mondes les séparent totalement, le voile entre le légal et l'illégale est plus fin qu'ils ne l'imaginent, mais Ashaï parviendra-t-il a accepter ses propres sentiments? L...