Chapitre 24 - Joueuse

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— Il faut que tu lui en parles, me sermonne Alexia pendant que nous prenons notre repas du midi, sur un banc, près de l'entreprise.

Il faut dire qu'elle est de plus en plus paniquée par les nombreuses menaces que je reçois. Mais je ne sais pas vraiment quoi faire pour que ça s'arrête. Cependant, en parler à Matthew est clairement ma dernière option.

— Non, je ne veux pas passer pour la fille qui a besoin d'être protégée.

Il a déjà dû venir m'aider à me débarrasser d'Adam, je ne veux plus être cette fille fragile qui a besoin d'un homme à ses côtés, je peux régler ce problème moi-même. J'en suis convaincue.

— Mais qu'attends-tu ? Que cette personne vienne mettre ses menaces à exécution ?

— Ce sont juste des menaces en l'air...la rassuré-je

Néanmoins, je ne sais pas si c'est elle ou moi que je tente de convaincre. Si j'étais au départ persuadée que ce n'était qu'une mauvaise blague puis que ça allait s'arrêter, plus elles sont fréquentes et plus j'en doute.

— Quoi que ce soit, cela reste du harcèlement et je pense que tu devrais lui dire.

Je conçois qu'elle souhaite me protéger, mais elle ne comprend pas que j'ai pris l'habitude de me débrouiller seule, et aller voir un homme pour lui demander son aide n'est absolument pas dans mes habitudes, surtout pas quand ce dernier est mon patron et que notre relation est encore plus que fragile.

— S'il-te-plait n'insiste pas, je n'ai vraiment pas envie de lui en parler.

Cependant, tandis que mon amie s'apprêtait à utiliser un ultime argument pour me convaincre, mon téléphone vibre et un nouveau message inconnu apparait dans mes notifications :

Inconnu — Tu n'es pas prête pour ce qu'il t'attend...

Rien qu'à la lecture, mon estomac se retourne.

— Encore ?! s'exclame ma collègue quand je le lui montre.

— Tu penses que c'est toujours la même personne ? m'interroge-t-elle

Je pense que sa question est plus de la rhétorique qu'autre chose. Qui cela peut-il être à part celui que je nomme depuis peu : l'harceleur. C'est pourquoi j'ironise :

— Qui veux-tu que ce soit d'autre ?

— Je ne sais pas, mais si c'est toujours la même personne, c'est de plus en plus fréquent. Tu viens à peine de recevoir le colis et le mail. Qu'est-ce que tu as fait pour te faire autant détester ?

— Si je le savais ...

***

Une heure après, à peine me suis-je assise à mon bureau et chassé de mon esprit le fameux message inconnu de ce midi, que je reçois un mail de Matthew me demandant de venir le rejoindre dans son bureau.

Immédiatement, je m'exécute. Après tout, c'est lui le patron. Même s'il est vrai que je suis tout de même ravie d'y aller car depuis que nous sommes rentrés de l'aéroport, il y a quelques jours, je ne l'ai presque pas vu. D'humeur joueuse, sur le chemin entre mon bureau et le sien, je déboutonne naturellement le premier bouton de mon chemisier rouge, laissant apercevoir mon décolleté. Et cela semble avoir fait son petit effet car à peine ai-je ouvert la porte, que je le vois planter son regard pile à cet endroit, et sans gêne en plus...

— Que me vaut cette tenue mademoiselle Tunson ? me lance-t-il le sourire aux lèvres, d'un air enjôleur.

Au moins, on peut dire qu'il a l'air heureux de me voir.

— Elle n'est pas assez professionnelle pour vous, peut-être ? réponds-je sur le même ton.

— Si si, elle est assez professionnelle pour aujourd'hui, en revanche pour ce soir, je m'attends à mieux de ta part.

— Ce soir ? Qu'y a-t-il ce soir ?

J'espère que je n'ai pas oublié de noter une soirée qu'il m'aurait mentionné, moi qui suis si tête en l'air. Il ne me semble pas pourtant ...

— Je t'emmène dîner ! s'enthousiasme-t-il, fier de son initiative.

Oh !

— Et en quel honneur ? le questionné-je en me rapprochant de lui pour l'embrasser en guise de remerciement.

— En l'honneur du fait que nous ne nous sommes pas vus depuis que nous sommes rentrés, dit-il en prenant mon visage entre ses mains pour fixer son regard dans le mien.

J'aime découvrir ce Matthew Clayton, celui qui est tendre, attentionné. Il m'a promis de devenir un homme meilleur cet nuit-là, et je ne peux que constater qu'il met sa promesse à exécution. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de jouer avec lui :

— Est-il possible que je vous ai manqué, Monsieur Clayton ?

— Chaque jour Mademoiselle Tunson, affirme-il en déposant un baiser sur ma bouche.

— Et puis-je savoir où allons-nous dîner ? le cuisiné-je, curieuse.

— Il me semble qu'avant de penser à ce soir, vous avez du travail Mademoiselle... me taquina-t-il en faisant son patron.

Mais je sais très bien qu'il n'a qu'une envie, que je reste jusqu'à ce soir ici, dans ce bureau avec lui. C'est pourquoi je le provoque, comme j'aime tant le faire :

— Et si je n'ai pas envie de travailler, que se passe-t-il ?

— Que voudrais-tu faire à la place ? m'interroge-t-il, innocent.

Ne prend pas cet air, Matthew, je sais que tu as très bien compris où je voulais en venir.

— Ça ! lui réponds-je en déboutonnant les derniers boutons de mon chemisier pour lui faire apparaître mon soutien-gorge en dentelle noir.

Cette fois-ci il ne fait pas mine de ne pas comprendre et s'empresse de se lever de son bureau pour marcher à grand pas vers la porte noire, la fermer à double tour avant de déboutonner son pantalon et de m'asseoir sur le bureau tout en déclarant :

— Il est vrai que cela peut être une bonne façon de commencer cette après-midi...

Mon mystérieux patronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant