Chapitre 52 - Puis-je lui résister ?

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— Quand tu m'avais appelé Ely, tu l'avais fait exprès ? interrogé-je Matthew tandis qu'il essaie d'appeler Adam pour lui parler de sa sœur.

Mais évidemment, comme je lui avais mentionné, il ne lui répondra jamais. Matthew voulait appeler directement Daphné pour la confronter, mais après y avoir bien réfléchi nous avons estimé que si c'est vraiment elle, c'était beaucoup trop dangereux de l'informer que nous savons. Comme il ne décroche pas, Matthew lui laisse un message lui demandant de le rappeler, lui prétextant que « c'est urgent » et se tourne vers moi :

— Non je ne l'avais pas fait exprès Elyssa. Mais je ne te connaissais presque qu'à travers ce surnom car c'est comme ça que Jason t'appelait quand il était avec Jordan.

— Tu l'as beaucoup connu ? le questionné-je tristement.

— Un peu oui, Jordan avait insisté pour que je le rencontre et avait organisé un diner. D'ailleurs, il n'avait fait que de parler de toi ce jour-là.

Je souris tristement à cette révélation. Voyant ma réaction, Matthew rajoute :

— Je suis désolé, je n'aurais pas dû dire ça.

— Ce n'est rien, le rassuré-je.

Constatant que je suis un peu plus apaisée envers lui, il m'avoue :

— Je ne veux tellement pas te faire du mal, tu sais. Chaque jour depuis une semaine, je n'espère qu'une chose : que tu me pardonnes Elyssa. Je ne peux plus vivre sans toi...

Ses yeux se voilent, comme s'il se retenait de pleurer. Mais je ne peux pas me laisser attendrir, pas si facilement...

— Tu aurais pu choisir de ne pas me faire de mal en me disant la vérité pourtant...

— Je pensais que tu aurais compris pourquoi je l'avais fait, se désole-t-il, ses larmes manquant désormais de s'échapper de ses paupières.

Cependant, ce n'est pas une excuse. S'il avait vraiment voulu me dire la vérité il aurait pu.

— Je comprends pourquoi tu l'as fait, Matthew. Mais si tu avais vraiment voulu garder ce secret, il te suffisait de ne pas te rapprocher de moi. Et là tu n'aurais pas été obligé de me mentir.

Il rit à ma remarque.

— Crois-tu un seul instant que je n'ai pas essayé de m'éloigner de toi ? Dès ce premier jour dans l'ascenseur tu avais quelque chose que je n'avais jamais vu chez une autre femme. Tu me résistais, tu jouais avec moi, mais surtout tu étais tout aussi brisée que moi. Dieu sait combien j'ai essayé de te résister et combien de fois j'ai voulu te virer pour que tu n'apprennes jamais la vérité. Mais j'étais incapable de me détacher de toi. Chaque fois que je te voyais dans une pièce, j'avais envie de te pousser dans tes retranchements et en même temps j'avais une envie folle de t'embrasser. Jamais une femme ne m'a fait un tel effet, à part toi.

— C'est passager, un jour tu te lasseras comme avec toute les autres, lui réponds-je fermement, ne voulant pas être attendrie par ses paroles, c'est beaucoup trop tôt, je ne peux pas lui pardonner, pas maintenant.

Pourtant, j'en ai énormément envie. Il me manque...

— Elyssa, regarde-moi, tu sais très bien que c'est faux ! m'ordonne-t-il en tournant mon visage vers lui.

— Et pourquoi ? levé-je théâtralement les yeux aux ciels.

— Parce que toi comme moi, nous sommes incapables de résister à cet amour qui nous est tombé dessus. Et je sais que malgré ta rancœur, tu as une envie folle de poser tes lèvres sur les miennes en ce moment même, me murmure-t-il alors qu'il a rapproché lentement son visage du mien.

À cet instant, je déteste cet homme. Je le déteste car il a entièrement raison. Mon cœur est incapable de lui résister, même si mon cerveau me crie de fuir car il m'a fait trop de mal. Comment est-il possible de ressentir deux sentiments aussi contradictoires ? Je l'aime et le déteste à la fois. J'ai autant envie de l'embrasser que de lui asséner un coup sur la tête. Cependant, quand il pose finalement ses lèvres sur les miennes, je ne résiste pas. Ce n'est qu'après quelques secondes que je le repousse et me lève immédiatement pour rejoindre la porte

— Je suis désolée, m'excusé-je. Toi et moi c'est impossible, pas après tout ce qu'il vient de se passer.

C'est alors que je m'apprête à ouvrir la porte qu'il rajoute, penaud, le regard triste :

— Avant de partir, promets-moi une chose...

— —Quoi ? m'exclamé-je, sentant que ses mots ne vont pas m'aider à lui résister.

— N'arrête pas de travailler ici car je me suis comporté comme un con. Tu mérites ce poste, contrairement à ce que tu peux penser par ma faute.

Néanmoins, cette fois, je ne réponds rien et claque la porte derrière moi.

Il est vrai que je me suis également posé beaucoup de questions ces derniers jours sur mes compétences dans ce nouveau métier qui m'a été finalement donné en hommage à mon frère. J'avais peur de ne pas être légitime à ce poste. C'est encore une fois Alexia qui m'a permis de reprendre confiance en moi en me rappelant le nombre de clients qui ont félicité mes connaissances ou mes interventions en rendez-vous. C'est ainsi, qu'avant même d'avoir cette discussion avec Matthew, j'avais décidé de ne pas démissionner. Néanmoins, même si j'ai aujourd'hui décidé de ne pas retomber dans ses bras, savoir que je n'ai pas inventé cette alchimie qu'il y avait entre nous ne me laisse pas indifférente. Je lui en veux comme je n'ai jamais eu de rancœur envers quelqu'un, mais bordel qu'est-ce que je l'aime aussi !

Mon mystérieux patronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant