Chapitre 42 - Trouver un rendez-vous

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— Il faudrait que tu prennes rendez-vous pour commencer la pilule, me lance soudainement Matthew alors que nous sommes passés à table.

La nourriture italienne qu'il est allé chercher au traiteur est exceptionnelle, et en dépit de l'épisode de la douche, j'ai malgré tout enfilé mes escarpins noirs ainsi que ma robe assortie que je garde pour les grandes occasions. J'avais envie de le séduire ce soir. Et je pense que c'est chose faite.

Mais, dans mes pensées, j'oublie de lui répondre et il reprend sa question :

— Enfin. Je veux dire, bafouille-t-il. Si tu en as envie, ce serait mieux pour nous. Mais que si tu es d'accord. Je ne veux pas t'obliger.

— Bien sûr que je suis d'accord, le rassuré-je en posant tendrement ma main sur la sienne. Il faut juste que je trouve rapidement un rendez-vous.

N'ayant jamais pris de contraception, ni eu besoin d'une consultation depuis que je suis ici, il faut déjà que je m'attèle à trouver un praticien qui voudra bien me prendre en charge. Cela risque d'être long...

— D'ailleurs, en parlant de ça, j'ai fait les tests il y a quelques jours concernant les IST et je suis négatif, m'informe-t-il en allant chercher des papiers dans sa sacoche d'ordinateur avant de me les tendre.

Je reste presque bouchée bée face à ses paroles. Cette initiative me touche, surtout que je me doute qu'il le fait en grande partie pour le rassurer, au vu de son « passé ».

— Je te fais confiance, lui réponds-je en repoussant les papiers sans les regarder.

S'il me dit qu'il n'a rien, je le crois. Je n'ai pas besoin de lire chaque ligne de ce document pour en être sûre.

— Pourtant tu pourrais te méfier au vu de ma réputation...

— Je sais que tu n'es plus cet homme Matthew, et comme je te l'ai dit je te fais confiance.

J'accompagne ces paroles d'une pression un peu plus forte sur sa main et rajoute :

— Moi aussi je les ai faits l'été dernier, et pareil tout était bon.

Devant son regard qui devient interrogateur par rapport au fait que je lui avais dit que ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de relation, je m'explique :

— J'ai eu des petits problèmes de santé après la mort de Jason et mon médecin voulait vérifier que cela ne venait pas de là. Ne t'inquiète pas, tenté-je de le rassurer.

Néanmoins, il a raison, il faut vraiment que je prenne la pilule que ce soit pour la fiabilité ou le côté pratique. Dès demain je chercherai un rendez-vous.

***

Le lendemain matin, avant de partir travailler, Matthew me réveille plus tôt que prévu pour que j'ai le temps de passer à la pharmacie. Néanmoins le réveil s'avère difficile :

— Il faut se lever Elyssa, nous allons être en retard ! me secoue-t-il en me tirant des couvertures et en ouvrant grand les volets, faisant apparaitre un magnifique soleil dans la pièce.

Pour une journée d'hiver, il fait particulièrement beau, songé-je.

— Fais attention à toi, si tu arrives en retard ton patron va te virer, me murmure-t-il en déposant un tendre baiser sur ma joue.

— Quel connard ce patron, répliqué-je en me redressant finalement. En plus il est moche et vieux.

Cette remarque a pour effet de me voir recevoir un oreiller en pleine figure. L'avantage est que cela me réveille. Entre l'alcool ingurgité hier avec le repas et l'heure à laquelle nous nous sommes couchés, je ne sais même pas comment mon crâne fait pour ne pas exploser. Malgré tout, nous arrivons à partir à l'heure.

Lorsque nous arrivons devant la pharmacie, Matthew s'apprête à descendre avec moi quand je le stoppe :

— Ne t'embête pas, je vais y aller seule !

Ce moment est suffisamment gênant, autant ne pas être deux à se le voir infligé. Cependant, il insiste :

— Nous étions deux hier soir, alors je viens avec toi, m'assure-t-il avant de presser sa main dans mon dos pour m'inviter à avancer.

En réalité, je suis également gênée qu'il vienne avec moi à la pharmacie, mais ça, je ne lui dis pas. C'est pourquoi, je me moque de lui pour ne pas montrer mon embarras de vivre ce moment avec lui :

— Tu as peur que je ne la prenne pas et que je te fasse un enfant dans le dos ?

— Très drôle, Elyssa... me répond-il cynique, ce qui me surprend un peu, mais, la pharmacie ouvrant ses portes, je ne relève pas.

À l'intérieur, à peine les portes s'ouvrent qu'une femme blonde aux cheveux courts d'une quarantaine d'année nous accueille :

— Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

— Bonjour, ce serait pour avoir la pilule du lendemain s'il-vous-plaît, lui demandé-je, le rouge me montant aux joues.

En réalité, je ne sais même pas pourquoi je suis embarrassée, c'est leur travail après tout. Des femmes comme moi ils doivent en voir tous les jours. Mais le fait est que cela les renseigne sur ma vie intime, et je pense que c'est ça le problème.

— J'arrive tout de suite, m'annonce la dame avant de se diriger vers l'arrière-boutique.

Pendant ce temps, Matthew se passe la main dans les cheveux comme chaque fois qu'il est mal à l'aise et se met à regarder partout comme pour occuper son esprit. Et, lorsque la dame revient, il se tient droit comme un piquet, s'en serait presque drôle à voir. On dirait un enfant qui craint de se faire disputer.

— De quand date le rapport à risque ? me demande-t-elle en me donnant la boîte.

Je pense que si j'avais pu mourir de honte à cet instant, je serais six pieds sous terre. Décontenancée, ne m'attendant pas à ce genre de questions, je peine à répondre. C'est donc Matthew qui prend la parole :

— D'hier soir, l'informe-t-il sérieusement.

La femme lui adresse alors un sourire amical avant de se tourner vers moi :

— Vous devez prendre le comprimé le plus rapidement possible, de préférence avec un repas. Comme vous le savez sûrement, son efficacité n'est pas de 100%. De ce fait, je vous conseille de faire un test de grossesse d'ici trois semaines environ pour écarter toute grossesse non désirée. De même, je vous conseille pendant tout le cycle en cours d'utiliser un préservatif.

Elle me donne alors la petite boîte contenant le comprimé que je ne paye pas grâce à une réforme législative récente, et nous faisons demi-tour vers la voiture. Sans attendre plus longtemps, sachant que chaque heure compte pour l'efficacité de ce si petit comprimé, je le prends dès mon entrée dans la voiture avec ma bouteille d'eau. Néanmoins, protecteur comme à l'accoutumé désormais, Matthew insiste pour s'arrêter à la boulangerie ne souhaitant pas que je le prenne le ventre vide. C'est ainsi qu'il m'achète un pain au chocolat et me propose même de me donner mon après-midi si je ne me sens pas bien.

— C'est un médicament comme les autres, Matthew, lui ai-je alors répondu. Tous les effets secondaires ne se réalisent pas forcément, voire pas du tout. Ne t'inquiète pas !

Sur ces mots, il me lance alors un sourire affectueux avant de reprendre la route vers l'entreprise. À notre arrivée, il se gare au sous-sol pour que son chauffeur puisse retrouver la voiture s'il a besoin de partir en déplacement. Et tandis que je rejoins mon bureau je cherche immédiatement des rendez-vous chez un gynécologue pour en avoir un le plus rapidement possible. Je passe d'ailleurs une bonne partie de la matinée à passer des coups de fil, ce qui n'a pas empêché Alexia de me poser un demi-milliard de questions auxquelles j'ai évidemment toutes répondu. C'est alors que je perdais espoir de ne pas avoir de disponibilité avant la fin du mois, que la secrétaire d'une gynécologue d'un cabinet privé près d'ici m'informe qu'il y a un désistement le lendemain. Enfin la chance me sourit un peu !

Mon mystérieux patronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant