Chapitre 50 - Daphné

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Lorsque je suis arrivée chez Alexia, ce soir-là, Andrew était là lui aussi. Cependant en voyant mon état, le visage blanc, inondé par les larmes, il s'est rapidement éclipsé pour nous laisser seules. C'est ainsi qu'après avoir pris soin de m'assurer qu'Alexia allait mieux après que nous avions été droguées, je lui ai narré ma journée, de mon réveil dans la chambre de Matthew jusqu'à la découverte de la vérité sur la mort de mon frère et de mon embauche. Néanmoins, crevée par les évènements récents, nous n'en avons pas plus discuté à ce moment-là. Ce n'est qu'aujourd'hui, tandis que nous venons de finir de manger, quatre jours après, quatre jours durant lesquels j'ai fui l'entreprise et n'ai pas remis le pied dehors, qu'elle relance la discussion :

— Et tu le vis comment d'apprendre ça maintenant, concernant ton frère ?

— Honnêtement ? Mal. Je ne suis pas du genre à m'épancher sur mes sentiments, et Jason ne l'était pas non plus. Mais je ne pensais pas qu'il pouvait me cacher quelque chose d'aussi important...

À ces mots, mes yeux s'inondent une nouvelles fois de larmes. Cependant, cela n'empêche pas mon amie de poursuivre :

— Après je pense qu'il avait peut-être aussi peur de ta réaction. Il devait sentir que tu ne t'en doutais pas, essaie de me rassurer Alexia.

Mais le pire c'est qu'elle a raison, il devait forcément se rendre compte que je ne soupçonnais absolument pas ça et a donc eu peur de m'en parler. Moi qui ai toujours pensé avoir été là pour lui quand il en avait besoin, le moins que l'on puisse dire est que j'ai failli à mon rôle...

— Tu n'imagines pas à quel point je regrette de n'avoir rien vu, de lui avoir fait des blagues sur des femmes, d'avoir essayé de le mettre en couple. Il devait être si gêné...

— Elyssa, me prend Alexia par les épaules. Tu ne peux plus rien faire maintenant, ça ne sert à rien de t'en vouloir.

— Je sais que je dois juste accepter qu'il n'ait pas pu me le dire. Mais c'est tellement dur de savoir que je n'ai pas été là pour lui.

— Tu l'aimais Elyssa. Et il le sait. C'est ça le plus important.

Elle me prend alors dans ses bras et cela me fait un bien fou. Depuis quelques jours, j'ai l'impression d'avoir été plongée dans un train à grande vitesse pour m'emmener vers toutes les vérités qui m'étaient cachées depuis tout ce temps. Et, il faut dire que j'ai encore du mal à tout encaisser. Je me sens tellement vide, dénuée de toute émotion. Je ne sais vraiment pas comment j'ai fait pour ne rien voir, Matthew, Jason, Jordan. Comment ai-je pu être dans un tel déni ?

C'est à ce moment-là que mon téléphone vibre à nouveau. Je me détache ainsi d'Alexia et le sort de ma poche pour ouvrir le message.

Matthew — Je serais toujours là pour toi Elyssa. Quel que soit le temps que ça doit prendre, je t'en supplie pardonne-moi.

Sans lui répondre, je lis le message et éteint de nouveau mon téléphone. Alexia me demande alors timidement :

— C'est encore Clayton ?

Qui veut-elle que ce soit d'autre ?

— Oui...

— Tu ne comptes pas lui répondre ?

— Jamais ! Il n'y a rien de vrai dans cet homme, même ce travail c'était du bidon ! craché-je la haine au cœur.

Mon amie détourne le regard, comme si elle n'était pas d'accord avec moi avant d'ajouter :

— Sincèrement, tu ne t'es jamais posé de question sur ton embauche ? m'interroge-t-elle timidement, prenant des pincettes avec moi.

— Pourquoi ? Toi oui ? lui demandé-je pour savoir si j'ai vraiment été si aveugle que ça.

— Disons que le poste n'était même pas encore paru, Daphné venait seulement de partir, puis le fait qu'il t'accueille personnellement ce qu'il n'a jamais fait, que tu aies énormément d'opportunités dès le premier jour. Rien que le fait que tu n'aies même pas postulé était un peu étrange. Sans te connaitre je pensais que tu avais été pistonné, mais après t'avoir rencontré je me suis juste dit qu'il y avait peut-être une raison que tu ne voulais pas me confier. Je n'imaginais pas ça.

Donc effectivement, je suis la seule à n'avoir rien vu... Comment ai-je pu être si stupide ?

— Tu sais, au début je me demandais vraiment pourquoi j'avais eu ce travail aussi facilement. C'est même une des premières questions que j'ai posé à Matthew lors de mon entretien. Mais il a toujours fait en sorte de ne pas répondre à ma question et j'étais tellement contente d'avoir trouvé un emploi qui paye bien si rapidement. Et j'aimais tellement ce que je faisais... Je pense que je n'avais pas envie de voir la réalité en face...

Voyant que mon regard s'attriste de nouveau, elle prend ma main. Néanmoins, un détail dans ses paroles attire mon attention :

— Je n'ai pas relevé tout de suite, mais c'était Daphné qui occupait ce poste avant moi ?

— Euh oui, me répond Alexia un peu surprise par ma question. Tu la connais ?

Ne me dites pas que...

— Si c'est la sœur d'Adam, alors oui !

— Adam a une sœur ? s'exclame-t-elle. Je ne savais pas !

Comment avons-nous pu faire pour ne jamais nous rendre compte que nous connaissions toutes les deux cette fille. Je ne l'ai vu que quelques fois, je n'en ai jamais parlé à Alexia, et elle, elle m'a dit dès le premier jour que la fille avant moi avait quitté le poste après sa relation avec Matthew. Mais si nous parlons de la même personne, tout s'éclaire...

— J'espère que je me trompe, mais si nous parlons de la même Daphné...

— C'est elle qui sortait avec Clayton avant toi, c'est elle la fille qui a quitté son poste après s'être fait quitter !

— Oh non... réalisé-je en comprenant que cette fille peut clairement être l'auteure de menaces.

— Quoi ?! s'époustoufle Alexia. Ne me dit pas que tu penses que c'est elle qui te menace !

C'est complètement fou je le sais, mais j'ai un mauvais pressentiment. En y réfléchissant bien, tout s'explique !

— Réfléchis Alexia, tout serait logique ! C'est après l'avoir rencontré pour la première fois que les menaces ont commencées !

— Mais elle n'aurait jamais pu aller aussi loin juste pour une histoire de mec ?

C'est ça qui me semble le plus étrange, vouloir ma mort pour un homme, c'est totalement excessif. Mais, au vu du nombre de crimes passionnels par an, tout est possible.

— Je ne sais pas Alexia, mais il faut que j'en ai le cœur net.

C'est ainsi que j'ai immédiatement pris mon sac à main noir, enfilé mes baskets qui trainaient dans l'entrée depuis quelques jours et me suis dirigée à grand pas vers l'entreprise. Il faut que je parle à Matthew, seul lui pourra me dire si elle est capable de faire ça !

Mon mystérieux patronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant