CHAPITRE 4

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Nous arrivons à la maison sans encombre. Elyo est étonnement plus calme depuis la réunion. Je ne sais pas pourquoi, il s'est comme fermé lorsque mon père à approuver ma solution - peut-être qu'il aurait aimé la trouver lui-même. J'entre dans la maison, Elyo sur mes talons. Sans m'y attendre, il prend mon bras et me traîne violemment dans un endroit de la maison que je ne connaissais pas encore. Je ne comprends pas, mais je me laisse trainer. Nous descendons des escaliers en béton et au bout, nous trouvons une énorme porte. Lorsque nous la franchissons, je vois une salle d'entraînement très complète, stand de tir, punching-ball, tapis pour s'entraîner au combat, plusieurs armes accrochés au mur et des gants aussi.

Elyo me regarde, mais ne dit rien, il s'approche des armes au mur et en décroche un. Il ouvre un tiroir et la charge de balles. S'il compte me faire tirer, il va être servi. Je ne suis peut-être pas une bonne vicieuse, mais pour le coup, je n'ai pas peur de tirer. Mon père m'a déjà montré, dès le plus jeune âge. Il me tend la crosse de l'arme, je le récupère et il m'incite à le suivre jusqu'au stand de tir, en ayant, lui aussi, récupéré une arme du même style.

- Vise et tire, fait-il en jetant un coup d'œil à la cible.

Je tends mes bras, les deux mains accrochées à l'arme. Je tente de viser, ensuite je tire plusieurs balles qui résonnent dans la cave. Je ne cille pas jusqu'à ce que le silence revienne. Je regarde ma cible, il a trois balles et aucune n'est bien placées. Elyo sur ma droite ne fait aucun commentaire, il ne m'adresse même pas un regard. Soudainement, il lève son arme et vide son chargeur sur la même cible que moi. Toutes ses balles sont au centre de la cible, pile dans le front. Je regarde Elyo en fronçant les sourcils. Comment un simple garde du corps peut savoir si bien tirer ?

- Co-Comment tu as fait ? bégaye-je.

Il pose son arme à présent vide sur le rebord du stand et attrape mes mains pour pointer mon arme sur la cible.

- Si tu tends tes bras pour rien, fait-il en poussant mes bras, c'est normal. Normalement, tu tiens ton arme à deux mains pour être stable, mais toi, vu le peu de force que tu mets, le retour bousille ta trajectoire.

Il attrape mon avant-bras et me demande de contracter. Je m'exécute et serre un peu plus mes muscles.

- Tire, ordonne-t-il.

Je le fais et je touche la gorge de la cible. Je regarde Elyo qui sourit, il a l'air fier.

- Entraîne-toi, ça pourrait nous être utile que tu saches faire quelque chose.

Et puis il me lâche et me laisse seule face à la cible - connard. Alors, je m'entraine. Je tire, essaye d'être la plus stable possible, j'essaye de viser le mieux possible et je vois que grâce à son conseil, je me suis déjà amélioré. Je tente une autre fois, je glisse ma pupille le long de l'arme et m'arrête au cœur de la cible, puis je tire et vide mes dernières balles. Et là, elles sont toutes ancrées dans le cœur de la cible. Je suis si fière de moi, je sautille sur place. Je laisse l'arme à côté de celle qu'Elyo a laissée et je vais le voir en courant comme une enfant. Mais je m'arrête vite près d'un mur en l'entendant parler au téléphone. Peut-être qu'il parle avec mon père, peut-être qu'il y a du nouveau.

- Oui, elle n'est pas loin... Oui, mais il faut vous bouger le cul, ils sont bien plus intelligents que vous le pensiez... Je fais comme je peux... Tant que je n'ai pas votre putain de feu vert, je ne ferais rien, mais je dois aussi protéger mes arrières...

Comment ça « protéger ses arrières » ? Je crois qu'il parle bel et bien avec mon père et ça ne sent pas bon. Ils font des magouilles. Qu'est-ce qu'Elyo doit faire de si dangereux qui demande un feu vert ? Peut-être qu'ils savent déjà où sont les Moreno. Peut-être même que c'est Elyo qui est chargé de les assassiner. Mon Dieu, je n'en sais rien et je n'aime pas ces cachotteries. Je sors de ma cachette et Elyo me regarde, téléphone à l'oreille, il dit :

- Je vous rappelle.

Et il raccroche.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? me demande-t-il en rangeant son téléphone.

- J'ai tiré dans le mille, merci pour ton conseil, mais...

Je cherche mes mots, je croise les bras sur ma poitrine en plongeant mon regard dans le sien.

- Mais je te retourne la question. Tu-tu étais au téléphone avec mon père n'est-ce pas ?

Elyo entrouvre la bouche et pendant quelques millièmes de secondes, il ne dit rien comme si les circuits s'étaient coupé avant de reprendre, bien plus sûr :

- Oui, oui, c'était ton père.

- Qu'est-ce qui vaut le coup de protéger tes arrières Elyo ? Et pourquoi devrait-il, je cite, « se bouger le cul » ?

- Pour rien, c'est juste question d'un contrat que je ne peux pas accepter tant que je m'occupe de toi. Je perds de l'argent avec ton babysitting.

Ouch... le mot « babysitting » blesse, mais j'essaye de ne pas le montrer. Je peux accepter une fois, mais la prochaine fois, il va morfler. Je ne suis pas une petite gamine de merde et je n'ai jamais demandé son aide. Je suis tout autant contrainte à le supporter que lui. Et puis en quoi ça le dérangerait de me « garder » puis c'est son métier : il est garde du corps merde !

- Tu n'es pas garde du corps, souffle-je presque silencieusement.

Il sourit, ce petit rictus en coin qu'il fait quand il va m'emmerder.

- Mais qui t'a dit que je l'étais ?

- Mon père a dit que tu me protégerais.

- Mais je ne suis en aucun cas un garde du corps, principessa, affirme-t-il.

Il s'approche de moi et je recule. Il ressemble à un de ces prédateurs psychopathes dans les séries. Je n'ai pas peur, loin de là, mais il vaut mieux l'éloigner de la sortie.

- Tu es quoi et qui a la fin ?

- Ça te va si je te réponds Elyo Moretti, meilleur tueur à gage du pays ?

Je m'arrête et tout s'imbrique dans mon esprit. Il ne peut que me protéger, il sait si bien se défendre que contre n'importe qui, il pourrait gagner. Tout s'explique alors, j'arrête de bouger et le laisse avancer.

- Donc tu dois tuer tous ceux qui m'approchent ? dis-je tandis qu'il tourne autour de moi en me regardant.

- À peu près oui, si je les trouve louches. Tu es mon contrat et je dois assurer mes contrats coûte que coûte et crois-moi, ton cul vaut un sacré billet.

- Tu dois tuer Moreno ?

- S'il est devant moi, oui.

- Et seulement pour me protéger ?

- Oui parce que si tu crèves Dahlia, je crève. C'est compris ? Alors ne tente jamais rien de stupide, si tu ne veux pas une mort stupide. Je suis pire que la faucheuse Dahlia, même elle a peur de moi et de ce que je suis capable de faire, donc ne me tente jamais. T'ouvrir la gorge irait si vite, susurre-t-il près de mon oreille dans un souffle qui s'envole aussi vite que lui, marchant en direction de la sortie.

Il me laisse là, seule après cette menace qui m'oblige à ne rien tenter. Je n'ai pas peur de la mort et encore moins de lui, mais mon heure n'est pas encore venue. Je vais devoir continuer de le supporter, jusqu'à la fin de cette guerre.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant