CHAPITRE 5

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Ça fait quelques jours que je reste cloitrée dans ma chambre. Non pas parce que j'ai peur, mais parce que je ne sais pas à quoi m'attendre avec Elyo. Il est si étrange parfois que je le trouve imprévisible. Je ne dois rien faire de stupide pour lui, mais surtout pour moi. Les tueurs à gage sont souvent des détraqués avides de sang et sans émotion, de vrai psychopathe et pour le coup, Elyo m'a l'air de cocher ces cases. Mais à force d'y penser, j'en tue mon sommeil. Je suis épuisée de pensée à toutes les façons dont il peut me tuer, dont il peut me torturer. Je suis loin d'être partisane de ces trucs de détraqués. On est tous un peu fous, à notre manière, on a tous une part sombre de nous qui peut faire surface à n'importe quel moment. La preuve, quand cette fille m'a insulté de "pute de narcos" elle a touché un point sensible, ma famille, et on ne touche pas aux Russo, et je lui ai bien fait comprendre. Ne pas me voir en cours a dû l'étonner, elle sait que j'ai envie de la réduire en cendre. Ce côté-là de moi est ma partie sombre. Mon envie de tuer des gens quand la pression est trop forte, mes crises de colère, ces choses sont le fruit de ma noirceur et j'essaye de la cacher, mais il suffit de quelques mots pour me faire perdre pied.

Il fait nuit depuis un moment et ma bouche est sèche alors, je décide de descendre prendre un verre d'eau. Peut-être qu'il me fera dormir, qui sait ? À pas feutrés, je m'aventure dans la maison en me jurant d'ignorer Elyo si je le croise. Je descends les escaliers sur la pointe des pieds et là, je croise le regard d'Elyo. Seulement éclairé par une petite lampe sur une table à côté de son éternel fauteuil, il sirote encore son rhum — ce mec à vraiment des problèmes avec l'alcool. Je l'ignore, comme je me le suis promis et rejoins la cuisine. Je prends un verre, le remplit d'eau et bois, dos à l'entrée de la pièce, mais j'entends tout de même les pas du tueur à gage. Je me dis qu'il ne va rien m'arriver, je sais me défendre.

- Pourquoi tu ne dors pas ?, dit-il en posant son verre vide sur le comptoir.

- Je pourrais te poser la même question. Tu pensais que je n'allais pas me rendre compte que tu ne dormais pas depuis notre arrivée avec ta tronche de cadavre, rétorque-je toujours dos à lui.

Je l'entends se déplacer et soudainement, je sens son torse dans mon dos. Je vois ses mains m'encercler en tenant le meuble devant nous. Je suis comme prise au piège.

- Réponds à ma question Dahlia.

Mon prénom dans sa bouche sonne comme un reproche, il ne m'appelle pas d'habitude. Pas de cette façon.

- Je ne sais pas si je suis vraiment en sécurité avec toi, avoue-je, et toi ?

Je me tourne face à lui, nous sommes proches, très, voire trop proches. Je déglutis difficilement quand il examine mon visage. Il est grand, plus grand que moi en tout cas et même appuyé contre le meuble derrière moi, il me paraît plus grand.

- Comment je peux te prouver que si ? fait-il d'une voix rauque.

Je l'ignore.

- Réponds à ma question, claque-je en croisant mes bras sur ma poitrine.

- Pas celle-ci.

Il fixe mes lèvres, je le vois et il n'a pas intérêt à me faire ça.

- Ta rose sur la main, fais-je en la désignant d'un signe de menton, ça signifie quoi pour toi ?

Il déglutit et recule en lâchant mon regard. Point sensible ?

- Mon père. Il est mort il y a des années, à croire que ses fréquentations ont eu raison de lui.

Je le regarde et pour la première fois, malgré son sarcasme, je discerne de la peine en lui. Il devait aimer son père et je comprends ce sentiment, j'aime mon père plus que tout.

- J'ai perdu ma mère aussi malheureusement, la maladie a été plus forte sur ce coup.

Il me regarde et sourit, je l'imite bêtement.

- Tu veux un verre ?, fait-il en attrapant le sien vide.

Je hoche la tête et le suis jusqu'au salon, il me sert un fond de verre en s'installant dans son fauteuil en face de moi sur le canapé. Je prends mon verre et ma main frôle la sienne, il sourit. Je baisse la tête et joue avec le liquide. Je n'aime pas vraiment l'alcool.

- Tu peux me faire confiance, je pense que je serai incapable de te faire du mal dans ma vie, principessa.

Quand j'entends le surnom, je souris, je ne peux m'en empêcher.

- Je te crois Roméo, ne me déçois pas et fais bien ton boulot.

À son tour de sourire, mais lui, il me regarde quand il le fait. J'espère qu'il ne brisera pas le peu de confiance que j'ai, sinon, je crois que ma noirceur risque de lui faire vraiment peur.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant