CHAPITRE 17

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Allongée devant la télévision, je regarde les films qui passent sur les chaines nationales tandis qu'Elyo est enfermé dans son bureau depuis ce matin. Je me suis même réveillée seule. Après notre dernier ébat, je pensais qu'il allait rester, mais peut-être que je fais fausse route, peut-être qu'il ne veut rien de sérieux avec moi. C'est sûrement juste un passe-temps comme nous sommes ici, seuls depuis des semaines déjà. Je ne sais toujours pas où en est la situation, je n'ai aucune nouvelle de mon père, il est absent. Elyo ne me donne pas non plus de ces nouvelles. Je ne sais plus comment faire, nous sommes assiégés dans cette maison et je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas déjà morte.

Les pas d'Elyo résonnent dans le salon, il vient me rejoindre sur le canapé, l'air épuisé. Il se sert de son éternel rhum et étonnement, il me propose un verre, un sourire pendu à ses lèvres. J'accepte et par la suite sirote le doux rhum qu'il me tend. Il s'assoit à côté de moi, pas dans son fauteuil, mais bien à côté de moi. Je frissonne au fond de moi tandis qu'il souffle.

- Je suis épuisé.

Je le regarde, il est avachi. Son épuisement se voit grandement sous ses yeux. Sans réfléchir, je viens me blottir contre lui. Je pose mes mains sur son torse, il ne bouge pas, hormis pour venir glisser sa main dans mon dos. C'est si agréable. C'est doux et apaisant, je ne savais pas qu'Elyo pouvait être doux et apaisant. En fait, il n'a rien de ça à l'origine, ça doit être la fatigue.

- J'ai hâte que tout soit terminé.

Quand j'entends ces mots, mon corps se crispe, je ne peux m'empêcher de penser à « après ». Est-ce que nous n'allons plus jamais nous revoir ? Cette pensée fissure mon cœur, je me suis attachée à ce connard. Je peux sentir sa poitrine se révéler quand il ricane.

- Qu'est-ce qu'il se passe principessa ? Tu as peur qu'aucun des gamins de ton lycée ne puisse te satisfaire comme moi ?

Ma respiration se raccourcit, rien que de repenser à son visage entre mes jambes, je me liquéfie. Il rit davantage. À l'aide de ses doigts, il relève mon visage vers lui et s'abaisse pour m'embrasser délicatement. C'est si inhabituel, mais j'apprécie ce baiser, il est simple et réconfortant.

- Ne doute pas de moi, quand tout sera terminé, je viendrai me glisser sous tes draps et je t'embrasserai bien plus violemment. J'empoignerais tes cheveux, susurre-t-il en tirant mes cheveux pour me faire encore plus lever la tête, et je te baiserai de toutes mes forces jusqu'à ce que ma queue soit gravée à jamais en toi, principessa. Jamais personne ne pourra t'éloigner de moi, je te garderai jusqu'à ma tombe Dahlia Russo que tu le veuilles ou non.

Soudain, alors que je bois ses paroles et que ses yeux m'absorbent, la télévision se met à grésiller. Nous nous redressons en un sursaut simultané lorsqu'une vidéo se lance. Mon corps s'éloigne d'Elyo quand je me lève pour m'approcher de la télé. Il fait sombre, c'est comme si la vidéo a été filmée depuis le torse du caméraman. Par la suite, un visage se dessine dans l'obscurité. Ermano. Mon oncle est sur cette putain de vidéo. Il semble surpris de voir son assaillant, mais il n'y a aucun son. Mon monde s'écroule petit à petit. Quand l'assaillant tend une arme, je ramène mes mains à ma bouche.

- Oh mon Dieu !

Elyo se lève et vient de prendre dans ses bras. Il met mon visage contre son torse, de façon à ce que je ne vois pas la suite. Je sens son corps, il est crispé, il n'est pas à l'aise, pourtant, il le fait. Il tente de me réconforter. Je me sens si mal. J'ai perdu mon oncle. Est-ce que mon père est au courant ? Mon Dieu. Quand je relève les yeux, je jette un coup d'œil à la télévision. Je comprends quand je vois le visage de mon père que c'est une autre vidéo. Mes yeux s'écarquillent, je ne peux pas y croire. Mon père est surpris, il est effrayé, je peux le voir quand l'assaillant pointe une arme contre son front. Ma respiration se coupe. Elyo me tient contre lui, mais cette fois, je vois la tête de mon père se faire transpercer d'une balle. Je le vois s'écrouler en même temps que mon propre monde.

Mon père est mort.

Quelqu'un l'a tué. Je n'étais pas là pour le protéger, je n'ai pas pu lui dire au revoir, je n'ai pas pu lui parler. Mon père est mort. Je suis sous le choc. Je me sens si mal. Mes jambes ne me tiennent plus, je m'effondre contre le sol. Même Elyo ne peut pas me retenir. Je hurle, je pleure en voyant le sang s'échapper du visage de mon père. Au bout de longues minutes à pleurer, ma tête se met à tourner. Je tombe encore plus. Face contre terre, je perds conscience. La dernière chose que je vois, c'est mon père et le visage inquiet d'Elyo.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant