CHAPITRE 34

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La nuit a été dure, je n'ai fait que ressasser la discussion que j'ai eue avec Elyo. « Amoureuse » est-ce que j'en suis à ce stade-là ? Est-ce que je suis définitivement amoureuse de lui ? Dire « non » serait mentir, je pense que oui, je l'aime beaucoup, si ce n'est trop, mais ce n'est pas bien et ça, je le sais. Je ne peux pas me résigner à pardonner ses fautes, elles sont trop graves. Le fait qu'il sache que je l'aime me fait douter, est-ce que lui aussi, il m'aime ? Est-ce que lui aussi, il est amoureux ? Je ne sais pas et ça, ça me tracasse. Soudainement, on tambourine à ma porte, ça ne peut être qu'une personne. Je fais la morte.

Les coups ne s'arrêtent qu'au bout de cinq minutes et c'est long cinq minutes, mais la porte claque. Je bondis hors de mon lit quand un liquide s'écrase contre mon dos. La tête encore dans les nuages, je pense directement à un cauchemar, mais quand je vois le brun, froid et sévère me regarder. Je comprends que c'est lui, mon cauchemar.

- Rejoins-moi dehors dans dix minutes.

Sans un regard, il sort de la pièce. Je tape des pieds puis me laisse tomber sur la partie sèche du lit. Il est à peine sept heures. Je frotte mon visage puis me motive à aller me préparer pour rejoindre mon bourreau. J'attache mes cheveux rapidement après mettre habillés puis rejoins l'extérieur de ma propriété où je retrouve Elyo habillé en jogging. Je comprends vite ce qui va se passer. Il va me faire un nouvel entraînement. Je souffle et traine des pièces en m'avançant vers lui, il ne laisse rien transparaître.

- Ça t'avait manqué, j'espère ?

Je lève les yeux au ciel et croise les bras sur ma poitrine, attendant ses informations pour entamer cette séance de malheur. Plus vite nous commencerons, plus vite ce sera fini et plus vite, je retrouverais mon lit douillet.

- Tu m'avais dit que ton père t'avait appris à te défendre, mais aux dernières nouvelles, je t'ai toujours battu.

Et c'est vrai, il m'a appris à mieux tirer et il m'avait vite calmé dans l'ascenseur quand nous rejoignions Ermano. Elyo est doué dans ce qu'il fait et ça, on ne peut pas lui enlever.

- Vas-y vient, attaque-moi, Principessa, fait-il en restant droit comme un piquet.

Je crois que cet exercice va me plaire, taper cet enfoiré va apaiser mes maux. Alors dans un élan de haine, je m'approche de lui et envoie mon poing, il l'esquive facilement, mais sans le laisser attendre, j'envoie mon pied dans son estomac et cette fois, il ne le loupe pas. Il recule de quelques pas et ça me fait sourire. Dans ta gueule le tueur à gage. Sans m'y attendre, il se jette à ma taille ce qui me fait tomber à la renverse. Mon dos heurte une pierre, ce qui me fait couiner, mais pour autant, Elyo ne s'arrête pas. Il maintient mes bras tandis que je joue de mes pieds pour le pousser en arrière. J'avoue, je vise même ses parties génitales - il faut savoir user de leur faiblesse. Je parviens à me dégager quand mon pied repousse sa hanche, il lâche mon bras. J'envoie alors mon poing dans son visage et lui fends la lèvre. Je suis plus douée au combat qu'au tir à voir cette scène. Elyo encaisse le choc tandis que je m'éloigne de lui. Je me remets sur mes pieds avant lui, il se relève à son tour et je lui lance un sourire fier. Il fait claquer sa langue sur son palais en me dévisageant lorsqu'il touche sa lèvre ensanglantée du bout des doigts.

- Tu veux jouer principessa, tu vas perdre.

Et sans m'y attendre, il se jette sur moi. Il m'envoie des coups que je parviens à esquiver, mais c'était sans compter sur sa précédente défaite qui lui a filé la haine. Il me feint de me mettre un crochet du gauche, mais en réalité, son poing droit s'abat sur mon nez. Le choc me fait reculer de plusieurs pas, je ramène mes mains à l'endroit du choc. Mes yeux s'abaissent sur mes paumes, elles sont couvertes de sang. Je regarde Elyo effarée. Nos regards se croisent et sa froideur s'envole immédiatement. Il accourt en ma direction, saisissant mes poignets pour voir l'ampleur des dégâts.

- Je suis désolée Dahlia, je... je ne voulais pas faire ça.

- Je vais bien, ça va aller. Je dois juste nettoyer tout ça.

Il saisit ma main et me traine jusqu'à la salle de bain ; il m'assoit sur le rebord de la baignoire et prend du matériel de soin. Je n'ai pas la force de protester contre son aide, encore sonnée par le coup. Il sort des compresses qui imbibent de désinfectant. Il s'accroupit face à moi et se concentre sur le sang qui coule encore un peu sur mon visage. Il nettoie mon menton et mes lèvres en s'attardant un peu trop dessus ce qui me rend mal à l'aise. Il m'indique de relever la tête pour s'occuper de mon nez. Il nettoie le sang accessible puis rabaisse ma tête. Il prend mon visage en coupe afin d'examiner mon nez.

- Il n'est pas cassé, tu as de la chance. Tu risques d'avoir un petit hématome, mais rien de grave, excuse-moi... Je ne voulais pas te faire ça.

- Je l'ai cherché, je t'ai ouvert la lèvre.

Il sourit puis se redresse. Dans un élan de bonté, j'attrape ses épaules pour l'asseoir à ma place. Je prends à mon tour une compresse avec du désinfectant et attrape son menton pour avoir un meilleur angle. Je nettoie sa lèvre tandis qu'il m'analyse silencieusement. Après quelques secondes, je jette les compresses que nous avons utilisées et me tourne vers lui. Il saisit mes cuisses et m'approche de lui. Il pose sa tête sur mon ventre alors que je reste sous le choc. Je déglutis, ne sachant pas comment réagir.

- Jamais plus, je ne te décevrai Dahlia. Je t'... Je t'apprécie bien trop pour ça.

Il relève la tête vers moi. Je plonge mon regard dans le sien et soupire.

- Ne recommence pas Elyo, je ne sais pas si je serai capable de t'accepter dans ma vie après tout ça. J'ai beau... t'aimer, avoue-je, ça n'enlève pas le mal que tu m'as fait. Ne te fais pas d'idée, tu risquerais d'avoir bien trop mal.

Je m'éloigne de lui et quitte la pièce pour rejoindre mon lit. Cet « entrainement » s'est avéré inutile. J'ai besoin de repos.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant