CHAPITRE 38

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La voiture s'arrête devant un entrepôt. Nous y sommes, ma tension monte. Elyo devant nous, descend de sa voiture. Il me fait un sourire avant de s'engouffrer, près de l'entrepôt. Je le vois tirer sur les deux gardes, qui ripostent, il se cache puis tire de nouveau. Les deux s'écroulent. Ils tombent au sol. Elyo entre dans l'entrepôt et plus aucun bruit ne nous vient pendant de multiples minutes. Enzo prend ma main afin de me détendre. Je sens mon cœur battre encore plus vite que d'habitude. C'est la première fois que je suis sur le terrain, la première fois que je m'apprête à réellement tuer quelqu'un. Je déglutis sans jamais lâcher du regard la sortie de l'entrepôt. Soudain, un homme tente de s'enfuir en courant, mais un sifflement l'arrête. Il s'écroule et je comprends que le sniper d'Elyo est là. Je souffle doucement pour diminuer mon stress puis je me rappelle ce que Moreno m'a fait. Il a ruiné ma vie, celle de mon père et celle d'Elyo. Il a orchestré la mort de mon père, il m'a fait regarder les vidéos de mon père et de mon oncle en train de se faire abattre. Moreno ne mérite pas ma peur, il mérite ma rage. Il mérite une mort pourrie, et je veux être le dernier visage qu'il verra.

Soudain, deux coups de feu retentissent. Je comprends que c'est à nous d'entrer en jeu. Enzo et moi sortons. Enzo prend sa petite arme qu'il met à l'arrière de son pantalon et une plus grosse qui passe autour de son cou. Je n'ai qu'une petite arme, mais je n'ai pas besoin de plus. Enzo et moi courrons en direction de l'entrepôt sur nos gardes. Mon meilleur ami se met en position, il m'adresse un clin d'œil quand je m'engouffre dans l'entrepôt. Je repère rapidement tous les corps qui jonchent le sol, je les esquive et reconnais la carrure du tueur à gage. J'accours vers lui, il y a de la sueur qui perle sur son front.

- Tu es prête ?, fait-il en caressant ma joue.

Je hoche la tête. Soudain, un bruit vient à nos oreilles, nous nous tournons et tombons nez à nez avec Moreno. Il descend tranquillement les marches, sourire aux lèvres en nous regardant sournoisement. Je déglutis lorsqu'il s'arrête aux pieds des marches.

- Je me demandais quand vous tenteriez de m'abattre !, dit-il, c'est vrai, j'ai orchestré la mort de ton père Dahlia et en prime, j'ai orchestré la mort des siens. Je me demandais bien quand est-ce qu'il aurait compris. C'est vrai que l'intelligence n'a jamais été ta meilleure qualité Elyo, pas vrai ?

Elyo serre les poings, je vois sa main se tendre autour de son arme.

- Sache que nous ne repartirons pas tant que tu ne seras pas mort, Moreno ! réplique-je.

Il rit fort, comme les méchants dans les films.

- Toi, la petite Dahlia Russo tu crois que tu vas pouvoir me tuer ? Mais tu rêves pauvre gamine ! J'ai réussi à assassiner vos deux familles, tu crois vraiment que vous me faites peur, vous n'êtes que de pauvres orphelins.

Elyo lève son arme en direction de Moreno ; immédiatement, le quarantenaire dégaine la sienne et la pointe sur moi. Je reste incapable de bouger, je ne veux certainement pas me prendre une balle.

- Moreno baisse ton arme ! Tout a commencé avec mon père, tout se terminera entre nous ! crie Elyo.

Moreno s'avance jusqu'à nous. Nous formons un triangle quasiment parfait. Je déglutis et tente de prendre mon arme.

- Non, non, non Dahlia, ne bouge pas ou je te tire une balle avant que tu ne chopes ton putain de flingues ! Elyo baisse ton arme ou je tire sur ta petite chérie, ordonne Moreno.

Elyo me lance un regard rempli d'angoisse et de rage. Il grimace en mordant rageusement sa lèvre inférieure. Il abaisse son arme, il juge la situation trop risquée.

- Bon gamin, je vois que mon éducation a encore du mérite.

- Ton éducation était à chier ! Tu mérites une putain de balles entre les deux yeux !

Moreno dévisage Elyo sans pour autant baisser son arme. Je suis toujours face au canon qui peut projeter une balle sur moi.

- Heureusement pour ta femme, la mort a été un beau cadeau ! J'aurais aimé être celui qui l'a tué.

- Ferme ta gueule ! Cette femme t'a nourri Elyo ! C'était ta mère !

- Ma mère ?! Tu l'as fait tuer ! rétorque rageusement le tueur à gage, cette femme n'était qu'une trainée, elle n'était pas ma mère !

Et sans comprendre ce qu'il se passe, une balle part puis une seconde. J'ai juste le temps de fermer les yeux. Je ne sens plus rien, mon cœur est sous adrénaline. Je sens seulement un poids me tomber dessus. Je rattrape de justesse le corps du tueur à gage qui s'écroule sous mes yeux. La haine explose directement lorsque je vois du sang tacher ses vêtements. Les larmes me montent, je vais le tuer. Je vais le tuer. Ça ne devait pas se passer comme ça. D'une rapidité fulgurante, j'attrape l'arme dans mon dos et la pointe sur Moreno. Des larmes coulent sur mes joues, je me redresse, laisse le corps d'Elyo au sol. Sa respiration est sifflante, je tente d'occulter ce bruit de ma pensée.

- Tu as ruiné ma vie, je ne peux pas te laisser continuer. Je ne te laisserai jamais partir d'ici en vie. Mon père n'a peut-être pas su t'abattre, mais j'en aurais le courage.

Je m'approche de lui alors qu'il sourit.

- Je veux que tu souffres, que tu agonises comme moi j'ai souffert.

- Me tuer ne...

À l'entente de sa voix, je perds pied et tire dans sa gorge comme Elyo me l'a appris. Je tire tout mon chargeur. Son corps s'écroule, du sang gicle de son cou. Quand je réalise qu'il est en train de mourir, je me rue sur Elyo. Je le secoue. Il me regarde, les yeux larmoyants. Sa main se pose sur la mienne. Du sang commence à s'infiltrer dans sa bouche, nous n'avons plus beaucoup de temps. Je le supplie de rester avec moi, que tout va bien se passer, je pleure et hurle à Enzo d'appeler du renfort.

- Je t'en supplie Elyo, ne me laisse pas. J'ai besoin de toi, je t'en prie... avoue-je.

- Principessa... je... je ne tiendrais pas...

- Bien sûr que si ! Tu dois rester en vie pour connaître ma réponse, pour savoir la suite. Elyo je t'en prie, accroche-toi pour moi !

- Dahlia, je ne tiendrai pas, répète-t-il.

- Tu dois tenir... Tu dois le faire parce que je t'aime et parce qu'on n'a pas fait tout ça pour rien.

Il feint un sourire et pose sa main ensanglantée sur ma joue. Mes larmes tombent sur son torse. Elles se mélangent à son sang. Je suis tellement mal de le voir ainsi, j'ai besoin de lui. Il doit rester en vie, peu importe l'issue de mon choix.

- Dahlia Russo, je t'aime...

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant