CHAPITRE 14

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Je me prépare une petite assiette, à vrai dire, la séance m'a vraiment achevé. J'ai faim et j'ai envie de repos. Alors, je me prépare cette collation puis rejoins le salon dans lequel je trouve mon garde du corps. Il regarde au travers de la baie-vitrée, je l'ignore, m'installe sur le canapé et allume la télé. Je tombe sur un film d'action, il m'a l'air sympa alors, je le laisse et mange tranquillement. La protagoniste prend une arme qui semble cachée sur elle puis tire sur ses assaillants. Elle se défend si bien, elle se bat comme une reine. Tellement bien que qu'elle abat tout le monde en peu de temps. Elyo s'assoit dans son fauteuil à ce moment précis. Je lui lance un regard, mais me replonge dans le film. Je suis arrivée au bon moment. Il ne reste que son ennemi juré. Elle tend son bras pour tirer et là, elle appuie sur la gâchette, la balle se loge dans l'épaule de l'homme. Il la regarde démuni, il ne s'attendait pas à ça. Ça pourrait nous aider si j'avais une arme sur moi aussi. Alors, je me tourne vers Elyo. Je lui fais un grand sou rire, il me regarde au travers de ses cheveux qu'il finit par plaquer en arrière d'un geste de la main.

- Elyo... fais-je d'une voix mielleuse.

Il soupire un « quoi ? », je l'agace déjà, mais tant pis. Je me lance.

- Et si tu me confiais une arme pour que je puisse me défendre aussi.

Il éclate de rire en tenant son poitrail tout en essayant de calmer ses rires.

- Tu... Tu crois vraiment que je vais te confier une arme ? ricane-t-il.

Je le regarde légèrement vexée. J'avoue qu'il touche mon égo.

- Jamais de la vie, je ne te laisserai avec une arme dans la main, conclut-il.

- Mais pourquoi tu veux toujours faire l'homme viril ? T'es super chiant comme mec putain !

Définitivement vexée, je me lève pour m'en aller. Il attrape mon poignet en plein vol et me tire vers lui. Je tombe sur les genoux tout en le regardant gênée. Il a repris ses airs de mecs sérieux. Nous nous scrutons pendant quelques secondes avant que je ne brise la glace.

- Pourquoi « non » sérieusement Elyo ? Ça nous permettrait de toujours pouvoir nous défendre.

- Mais ce que tu ne comprends pas, Dahlia, c'est que c'est à moi, de te défendre.

- Je pourrai aussi te défendre, je le ferai si c'était le cas.

- Et tu peux enlever cette idée de ta tête, je ne mérite en aucun cas d'être défendu, rétorque-t-il, le visage fermé à présent.

Je le regarde un peu pour discerner ce qui cause cette fermeture subite, mais je ne décèle rien.

- Pourquoi ça ? Tu mérites comme tout le monde de l'être.

Elyo serre les dents, il semble peser le pour et le contre avant de me révéler la raison de cette réaction.

- Je n'ai pas su sauver ma mère, je n'ai pas su la défendre et notamment pour ça, je ne mérite pas d'être défendu.

Sa mère... Nous n'avons jamais évoqué ce sujet. Il me parle de cette femme, celle que j'ai vue dans son bureau. Je soupire, je me sens coupable de lui faire dire tout ça, ça doit le remuer, mais au fond de moi, j'ai besoin de le connaître plus, de savoir qui Elyo Morretti est réellement.

- Comment ça ? Tu peux tout m'expliquer Elyo, ça ne sortira jamais d'ici.

Il se met à regarder dans le vide, il parle comme si plus aucune émotion ne circulait dans son cerveau. Il est totalement vide et ça me blesse de le voir ainsi.

- Mon père... Il a été tué quand ma mère était enceinte de moi. Il travaillait pour un narco et il lui devait de l'argent, pas mal d'argent... rectifie-t-il, ma mère a été épargnée parce qu'elle n'avait rien à voir avec cette histoire, mais le narco n'en est pas resté là.

Il déglutit, je sens que pour lui, ces mots sont comme des lames tranchantes qui sortent de sa bouche. Je pose ma main dans sa nuque et le caresse de mon pouce pour ainsi essayer de lui montrer mon soutien et l'aider à continuer. Sa main se resserre sur ma hanche à mon contact.

- Des années plus tard, j'avais douze ans, nous ne baignions plus dans ces histoires et essayions encore de nous reconstruire avec ma mère... Trois hommes ont frappé à la porte. Tous armés, je ne savais pas me défendre. Ma mère non plus. Les hommes ont tabassé ma mère sous mes yeux quand elle leur a dit qu'elle n'avait pas leur argent, qu'elle pensait que tout était réglé après la mort de mon père... Ils avaient eu ce qu'ils voulaient après tout...

Il s'arrête quelques instants.

- J'étais impuissant, je ne faisais rien, je hurlais à ma mère de tenir bon et aux hommes d'arrêter. J'espérais qu'ils nous laissent, qu'ils s'en aillent et nous laissent tranquilles après ça, mais ils m'ont emmené avec eux. Deux des hommes m'ont emmené au cartel. Et j'ai grandi là-bas jusqu'au jour où un homme est venu me chercher. Il m'a dit qu'il me permettrait de me venger de ceux qui ont blessé les miens, de ceux qui ont détruit ma famille, alors je me suis enfui et je suis devenu leur meilleur tueur à gage.

Elyo tourne son regard vers moi, il plonge ses pupilles dans les miennes et là, je réalise que ses yeux sont embués de larmes qu'il tente de ravaler.

- Alors non, je ne mérite pas d'être défendu tant que je ne me serai pas vengé de ces fils de pute, Dahlia.

J'acquiesce parce que je comprends sa haine. Je comprends son désir de vengeance et s'il a besoin de moi, je serai là.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant