CHAPITRE 19

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Des larmes de rages me montent. Comment ai-je pu laisser faire ça ? Comment ai-je pu faire confiance à cet homme que je ne connais pas ? Mon père me l'avait pourtant appris : doute toujours. Je suis perdue, je suis enragée, et par-dessus tout déçue. Je pensais que nous avions tissé un vrai lien. Qu'entre Elyo et moi, ça n'était pas juste une question de contrat et pourtant, j'aurais dû encore plus douter. Je me suis bien fait avoir et maintenant, je suis seule. Je vais devoir venger mon père, je vais devoir venger ma famille. Il sait pourtant ce que ça fait de perdre un être cher. Pourquoi me faire vivre ça ? Je ne lui ai rien fait. Et ma famille non plus.

Il lève les mains en signe de paix en serrant la mâchoire. Je ne sais pas à quoi il pense, mais il a l'air bien pensif pour l'assassin de mon père. S'il doute du fait que je serai capable de tirer, il ne devrait pas. Je pourrais bien le surprendre si je voulais, mais pour l'instant, j'ai besoin d'explication. J'ai besoin de comprendre pourquoi il a fait ça. Pourquoi il a détruit ma vie ?

- Pose ça, je ne veux pas que tu te blesses, clame-t-il comme s'il pouvait encore se montrer inquiet pour moi.

Je resserre ma prise en secouant la tête. Quel culot !

- Je vais te faire subir la même chose que ce que tu leur as fait, rétorque-je.

- Ne crois pas que tu vas te débarrasser de moi aussi facilement, principessa. Maintenant que je t'ai trouvé, je suis prêt à tout pour te garder jusqu'à la fin des temps.

- Ne joue pas à ça avec moi Elyo, réplique-je avec encore plus de larmes qui montent.

J'ai presque failli croire à ses paroles, il a le don de manipuler les gens, mais désormais ça ne marchera plus avec moi. Je suis Dahlia Russo et même si je me suis adoucie avec lui, je n'en reste pas moins la fille d'un chef de cartel.

- Pourquoi tu as fait ça ?

Il sourit doucement, en laissant tomber ses bras le long de son corps. Il passe sa langue sur ses lèvres et puis me regarde en inclinant la tête sur le côté.

- Pose cette arme Dahlia. Je ne te le redirai pas, proclame-t-il.

Je secoue la tête, s'il ne veut pas me dire pourquoi, je vais faire sans. Sa mort sera la seule chose qui m'apaisera. Tout à coup, sans m'y attendre, Elyo glisse sur l'ilot et me tombe dessus ; j'ai à peine le temps de réagir qu'une balle part. Je crois l'avoir touché, mais il ne cille pas, il se rue sur moi et me plaque au sol. Il dégage l'arme de ma main et l'envoie loin. Je vois une tache de sang s'échapper de son épaule. Je l'ai touché.

- Maintenant, tu la fermes, soit je te le fais fermer ! hurle-t-il.

Je continue de m'agiter sans m'arrêter. Je veux qu'il me lâche, je veux qu'il parte. Je veux qu'il soit loin de moi, il me donne la nausée. On lui faisait confiance. Je lui ai fait assez confiance pour lui offrir mon corps, pour le laisser mettre un pied dans ma vie. Pourquoi a-t-il tout ruiné ? Je ne comprends pas.

- Je te déteste Elyo. Crois-moi que je vais avoir ta peau.

Il tente de rétorquer, mais je le devance en lui crachant au visage.

- Voilà ce que j'en fais de tes belles paroles. Tu es un menteur, tu es un lâche. Je comprends que tu n'aies plus aucun parent, la mort a été leur cadeau pour les éloigner d'un connard pareil ! crie-je.

Son visage se transforme, il respire la noirceur. Jamais son regard n'a été aussi noir.

- Oh... Je t'ai blessé peut-être ? dis-je de ma voix la plus tendre.

Soudainement, je vois son corps se redresser sur le mien et sans y être prête, il m'envoie un coup de l'arme que je lui ai volé. Ma tête se met directement à tourner, mon corps n'a tout à coup plus la force de résister et mes paupières tombent. Je tombe dans un sommeil profond avec pour dernière image le bourreau de mon oncle et mon père.

Comment a-t-il pu me faire ça ?

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant