Le grand portail blanc de ma maison se dresse sous nos yeux, il s'ouvre quand nous lui faisons face. Je rentre dans ma propriété et gare la voiture aux côtés des autres. Je suis surexcitée à l'idée de les revoir, ça fait plus d'un mois que je n'ai vu personne. Je sors de la voiture à la hâte et entre dans la maison en trombe. Un brouhaha que je ne connais que trop bien me vient peu à peu aux oreilles, ce qui crée un sourire instantané sur mes lèvres. Je pénètre dans le salon et croise les regards de tous ceux que j'aime. Leur regard se tourne peu à peu vers moi, personne n'ose bouger. Des claquements de pas nous interrompent, je me tourne pour voir Elyo, cigarette entre les lèvres, entrer derrière moi. Il sourit comme le diable et s'approche de moi, il glisse sa main dans mon dos et s'approche de mon oreille :
- Est-ce que tu auras le cran de leur avouer ce que celui avec qui tu couchais pendant tout ce temps a fait ?
Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'il s'éloigne en direction de la cuisine. Je reste alors penaude avant de me tourner vers ma famille.
- Dahlia ! s'exclame Enzo en sortant de la foule.
Il accourt vers moi, ses bras se jettent à mon cou pour me serrer fort. Je sens les larmes me monter, mais je les réprime. Les mains d'Enzo prennent mon visage en coupe, il détaille chaque parcelle de ma peau avant d'embrasser tendrement mon front.
- Tu m'as tellement manqué, murmure-t-il.
Je plonge à nouveau dans ses bras et il fait pareil, après plusieurs minutes, tout le monde vient à moi pour me saluer et me faire une accolade. Nous discutons brièvement, mais mon esprit est accaparé par autre chose : « Est-ce que tu auras le cran de leur avouer ce que celui avec qui tu couchais pendant tout ce temps a fait ? ». Je réfléchis à comment leur annoncer la tragique disparition de mon père et Ermano. Je ne peux pas dénoncer Elyo. Il veut la même chose que moi, que nous et il est un bon atout. Ils l'apprendront tôt ou tard, mais je préfère attendre. Je pense que l'aide d'Elyo est nécessaire pour notre vengeance.
- Je dois vous parler, annonce-je.
Tout le monde s'écarte de moi, je les regarde tous, un à un. Je ne sais pas par où, comment, j'arpente la pièce du regard jusqu'à tomber sur Elyo appuyé contre un mur. Il lève le verre en crystal qu'il possède en ma direction avant de boire une gorgée. Je ne fais pas ça pour lui.
- Vous avez dû le remarquer, mon père ne nous a plus donné de nouvelles depuis un moment.
Je cherche mes mots. Comment peut-on annoncer un truc pareil ?! Les larmes me montent, Enzo le remarque. Il s'approche et vient glisser sa main dans la mienne. Il m'encourage même s'il ne sait pas vraiment ce que je m'apprête à leur révéler.
- Ermano s'est fait assassiner, avoue-je en lançant un regard rempli de désespoir en direction d'Elyo.
Il me regarde froidement en buvant une nouvelle gorgée.
- Ainsi que mon père.
Un passage de cette vidéo me passe en mémoire, elle me rappelle sans cesse que c'est lui qui a fait ça. Je ne peux pas regarder ma famille dans les yeux, Elyo a raison. Quand il allait tuer certains de mes êtres chers, je l'attendais en espérant qu'il m'embrasse, qu'il me touche, qu'il couche avec moi. J'ai été si naïve, j'ai idolâtré ce meurtrier, j'aurais pu tomber amoureuse de lui, mais il a décidé de tout gâcher. Mes jambes sont fragiles, heureusement qu'Enzo me soutient.
- Qui a osé ?! jasent-ils.
- Moreno n'y sera jamais allé !
Je lance un regard noir en direction de celui qui a balancé ça.
- Bien sûr que c'est un coup de Moreno ! Même s'il n'a pas appuyé sur la détente, il a tout orchestré !, m'agace-je.
Il se renfrogne tandis que j'essaie de reprendre mes esprits.
- Je veux que nous nous vengions et en finissons avec cette histoire ! affirme-je.
Ils me regardent tous attentifs. Je cherche mes mots pour expliquer le plan que j'ai imaginé depuis quelques jours.
- Je veux que nous organisions une réception ici dans quelques jours. Je veux voir Moreno, je veux que nous échangions, mais je veux aussi que vous vous occupiez d'éliminer les quelques sbires qui l'accompagneront, discrètement, comme on sait le faire. C'est à dire pas de traces de sang, pas de coups de feu, pas de hurlements et pas de corps, Moreno ne doit y voir que du feu.
Ils acquiescent.
- Si j'en ai l'occasion, je règlerai son compte à Moreno.
- Tu penses vraiment y arriver alors que ton père a péri à cause de cet homme ? fait une de mes tantes éloignées.
- Je veux le faire pour mon père. Si vous en doutez, libre à vous de partir, mais on est une famille et on doit se serrer les coudes parce que cette fois c'est tombé sur moi, mais peut-être que vous êtes les prochains. Si Moreno ne veut pas coopérer, il mourra et ce, de mes propres mains.
Sur ces mots, je traverse la foule afin de rejoindre l'étage. Le brouhaha s'étend tandis qu'une main vient entourer mon poignet. Je reconnais ce toucher, il me tourne vers lui.
- Tu leur a délibérément caché la vérité Dahlia, murmure-t-il.
Je ris jaune.
- Vas-y alors, dit à tout le monde ce que tu as fait, articule-je d'un ton tranchant, explique-leur comment et pourquoi tu les a tués Elyo.
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GARDE-MOI SI TU PEUX
RomansaElle vit comme une fille normal, elle va au lycée, elle étudie mais en rentrant chez elle chaque soir, elle retrouve son père est l'un des plus puissants narcos du pays. Elle est sous son entière protection. Peu importe comment elle agit, son père l...