CHAPITRE 3

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Je me lève doucement, j'apprécie la vue de l'océan un instant avant de me décider à descendre prendre un café. Je m'étire, enfile un pantalon que je pioche dans ma valise et rejoins la cuisine. Mais je me stoppe quand je retrouve mon garde du corps déjà assis dans un fauteuil, un verre de rhum en main. Il a une tronche affreuse, on dirait qu'il n'a pas dormi de la nuit. Il n'a même pas remarqué ma présence, son regard est vide, presque glacial. Alors, je m'approche lentement et pose simplement ma main sur son épaule. Il sursaute et je l'imite.

- Quelle heure est-il ? demande-t-il comme s'il était perdu.

Je bégaye, mais finis par lui répondre neuf heures. Il acquiesce et finit d'une traite son rhum.

- Va t'habiller, on va quelque part.

Sur ces mots, il se lève et rejoint l'étage. Je secoue ma tête, ce mec est tellement lunatique bordel ! J'ai vraiment besoin de ce café.

Je sirote mon doux café bien chaud en appréciant ce calme, mais les pas qui se rapprochent de la cuisine me font vite redescendre sur terre. Mon garde du corps arrive et chope mon café au passage. Je me retourne, les yeux levés au ciel et dis :

- Tu ne vas pas me dire que tu ne sais pas te faire un café tout seul quand même ?

Il se retourne vers moi, en buvant une gorgée de mon café.

- Tu n'es pas encore prête ? On y va. Peu importe ta tenue, clame-t-il en se tournant de nouveau en direction de l'entrée cette fois.

Je saute de ma chaise et cours pour me changer ensuite le rejoindre dans la voiture. À peine ai-je posé mon cul dans la voiture qu'il part en trombe. Je me cramponne en attachant ma ceinture.

- Ralentis ! Tu n'es pas un putain de pilote, désolée de te décevoir !

- Tu as peur ?

- Non, toujours pas et si tout ça est fait pour me faire peur, sache que jamais, je n'aurais peur et encore moins de toi !, affirme-je durement en insistant sur chacun de mes mots.

Il sourit. C'est comme si son corps reprenait vie, qu'il ressent à nouveau des émotions, il paraît moins froid. Pour autant, il ne décélère pas et nous arrivons rapidement devant un grand bâtiment vitré qui paraît beaucoup plus citadin que le reste de cette île. Nous nous garons — n'importe comment — et sortons de la voiture, je suis mon garde du corps et nous entrons dans l'immeuble. Nous nous approchons de l'accueil.

- Bonjour, je suis Elyo Morretti, avec la fille du patron.

- Oui, bien sûr, la réunion va commencer au dernier étage.

Elyo fait un clin d'œil à la femme qui nous a accueilli avant de nous diriger vers l'ascenseur. Sans m'y attendre, il glisse la main dans le creux de mon dos. Je sursaute et le pousse loin de moi, il lève les mains innocemment tandis que j'accélère le pas en direction de l'ascenseur. J'appuie sur le bouton et les portes s'ouvrent. J'entre dans l'ascenseur, suivi du brun qui appuie sur le dernier numéro. Je croise les bras sur ma poitrine tandis qu'Elyo se place derrière moi.

- Te voir de dos est sublime Dahlia, susurre-t-il derrière mon oreille.

Je sursaute, me retourne et le pousse contre la paroi de l'ascenseur. Je place mon avant-bras sous sa gorge et le regarde avec un regard rempli de haine. À quoi joue-t-il bon sang ?

- Avise-toi de faire quelque chose de la sorte Roméo, et je te brise les genoux ! Compris ? Mon père est l'un des plus puissants narcos, ne doute pas du fait qu'il m'ait entraîné à me défendre. Surtout quand sa chère fille vit dans un monde rempli d'homme dans ton genre. Vous ne me faites pas peur, mets-toi bien ça dans ton crâne de gros connard !

Il sourit, comme d'habitude. Il aime beaucoup trop me voir péter les plombs. Son regard plonge dans le mien, il contracte sa mâchoire et sans m'y attendre, il retourne mon bras et me le bloque entre mes omoplates. Je grogne de douleurs lorsqu'il plaque ma joue contre la paroi en face de la nôtre. Je regarde son reflet dans le miroir sur ma gauche et il colle son torse à mon dos. De son autre main, il enlève une mèche de mes cheveux qui tombait devant mon visage et approche ses lèvres de mon oreille.

- Tu ferais mieux d'avoir peur de ce que je pourrais te faire principessa...

Et puis il me lâche, je reste penaude tandis qu'il reprend sa place. Lorsque les portes s'ouvrent, je reprends mes esprits et le suis dans le couloir. Je garde mes distances avec ce mec, il est bien trop étrange avec moi. Nous entrons dans une salle de bureau et là, je suis heureuse de voir un visage familier, mon oncle Ermano Russo. Je le prends dans mes bras et je le sers fort. Si fort qu'on pourrait se tuer mutuellement. Ça me fait tellement de bien.

- Mon petit ange ! Tout va bien ?, fait-il en prenant mon visage en coupe.

- Si on oublie mon garde du corps chelou, oui, tout va bien.

Il sourit et adresse un regard au concerné avant de glisser sa main dans mon dos pour m'inciter à m'installer sur une chaise. Tous les autres hommes présents font de même sauf Elyo qui s'appuie contre le mur, les bras croisés. Un projecteur se lance, et là, je suis davantage heureuse lorsque le visage de mon père se dessine.

- Ma fille !, fait-il en souriant, je vois que tu vas bien.

J'acquiesce.

- Bon, nous avons peut-être trouvé leur QG.

Je vois tout le monde se redresser, comme plus intéressés par cette conversation.

- En fait, grâce à nos fidèles alliés, nous avons réussi à trouver les limites de leur territoire. Il se trouve que nous suspectons Naples et ses alentours. Plusieurs de leurs camions y ont été trouvés vides, mais ils étaient là. C'est une première piste, rien d'avéré, mais c'est un début. Ceux sont probablement des leurres, c'est pourquoi nous n'allons pas y aller directement.

Nous acquiesçons. J'ai confiance en mon père, il a toujours été prudent et intelligent. Jamais il ne nous mettrait en danger pour rien.

- Si c'est des leurres papa, peut-être qu'il faut chercher à l'opposé, interviens-je.

Mon père réfléchit et hoche la tête.

- Tu n'as pas tort, ton idée est loin d'être idiote. Au lieu de chercher aux alentours de ce point, cherchons à l'opposé. J'ai vraiment une fille formidable !

Tout le monde me regarde en souriant, tous fiers de moi. Sauf Elyo qui lui, me paraît à nouveau vide.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant