EPILOGUE

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J'appréhende. J'ai du mal à respirer, à déglutir. Je ne réalise pas où je suis et qui je m'apprête à aller voir. Je regarde le nom au-dessus de la porte. Je suis au bon endroit. Je pousse la porte et nos regards se croisent instantanément. Tout ce qu'il s'est passé revient à mon esprit, ces nuits à ne pas dormir, ces appels de l'hôpital me répétant qu'il veut me voir, que toutes les opérations se sont bien passées. Je revois tout ce sang, sur son corps, sur mes mains, sur mon visage. Je reste pendant quelques secondes, les jambes frêles dans l'encadrement de la porte, à jauger si je ne ferais pas mieux de m'en aller. Mais non, je dois rester. Il a besoin de me voir et j'ai besoin de lui donner ma réponse. D'un pas incertain, je viens rejoindre la chaise à ses côtés. Toujours aucun mot ne vole dans l'air. Il s'assoit en grimaçant dans son lit. Je me sens vide. Vide d'émotions.

- Pourquoi tu n'es pas venue plus tôt ? me demande-t-il.

Je détourne mon regard du sien, cherchant une réponse convaincante pour l'avoir laissé sans nouvelle depuis plus de deux semaines.

- Je n'étais plus certaine de mon choix, j'avais besoin d'y réfléchir.

Il souffle bruyamment, je relève alors les yeux vers lui.

- Elyo, je... je t'aime, c'est vrai et depuis un moment, commence-je, j'ai eu tellement peur pour toi. Tu ne peux pas imaginer.

- Ne joue pas à ça, je sais que tu m'aimes, c'est la dernière chose que j'ai retenue. Tu sais ce que je veux savoir, dit-il d'un ton amer.

- Écoute, je m'en veux tellement que tu te sois pris ces balles à ma place. J'aurais préféré que ça n'arrive jamais, je regrette, continue-je d'une voie tremblante, je t'aime et ça me fait mal de venir te voir ici.

- Principessa, je vais bien maintenant, je vais mieux, fait-il en prenant ma main.

Je me lève de ma chaise et fond sur ses lèvres afin de laisser mes larmes couler en paix. Je suis tellement mal. Je m'apprête à le détruire. Je ne suis pas prête à lui donner cette réponse. Elyo m'embrasse délicatement en retour, je finis en posant mon front contre le sien, il remarque mes larmes. D'un geste du pouce, il tente de les faire disparaître, mais elle redouble en le voyant si doux envers moi.

- Eh ! Dahlia, qu'est-ce qu'il se passe ? susurre-t-il en prenant mon visage en coupe.

J'attrape ses poignets et les retire de mon visage. Je m'approche de mon sac à main et prends l'épaisse enveloppe blanche. Je la serre si fort entre mes mains, si je fais ça, ça veut dire que c'est terminé. Mes larmes deviennent rapidement de ruisseau face à cette pensée. Je ne veux pas me retourner et lui tendre, je ne veux pas le perdre, mais je suis incapable de lui pardonner tout le mal qu'il m'a fait. Je suis incapable de vivre avec ça pour l'instant. Mon cœur se serre tandis que je sanglote, Elyo s'inquiète dans mon dos.

- Dahlia, qu'est-ce qui t'arrive putain ? Dis-moi !

Je me redresse et tente de prendre sur moi, mais c'est impossible. Je lui fais face et il remarque la grosse enveloppe entre mes mains. Son regard s'assombrit, il devient vide lui aussi. Je pose le paquet sur son lit et tente de lui prendre la main, mais il l'enlève avant. J'ai envie de me frapper intérieurement pour ce que je lui fais subir. Il m'a fait du mal, mais moi, je ne supporte pas lui en faire.

- Je sais que tu m'en veux, mais je suis incapable de te pardonner Elyo. Je t'aime, c'est indéniable, mais tu as ruiné ma vie. Je t'ai payé tout ce que je te devais. Maintenant, je vais y aller, tu n'as probablement plus envie de me voir et je le comprends. J'espère que tu te rétabliras bien et que ta vie ira mieux.

Je tente d'échanger un dernier profond regard avec lui pour m'imprégner une dernière fois de ses pupilles, mais il ne me regarde pas. Il reste vide. J'acquiesce, prends mes affaires et sors. Sans surprise, je m'effondre dans le couloir en larmes. Ressassant les bons comme les mauvais moments, je revois chaque moment passer ensemble et je me dis que c'est la fin.

Tout est terminé.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant