PROLOGUE

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- Mademoiselle Russo, que s'est-il passé ?

Je regarde la fille sur ma gauche, les bras croisés et lève les yeux au ciel. Quelle chochotte, je l'ai à peine touché.

- Rien du tout, j'affirme.

Le directeur me regarde d'un air désespéré, puis dérive son regard sur ma camarade.

- Et vous ? Quelle est votre version ?

- Elle s'est jetée sur moi sans aucune raison ! Elle a failli me défigurer, elle devrait être virée pour ça monsieur !

Je pouffe et lève les yeux au ciel en rigolant doucement. Jamais il n'osera m'exclure de cet établissement même si je ne refuserais pas des petites vacances bien méritées.

- Mademoiselle Russo, excusez-vous.

- Elle m'a traité de « putes de narcos », je ne vais certainement pas m'excuser. Tout ce que je lui ai fait est mérité comme à chaque fois monsieur.

Il soupire en secouant sa tête. Il nous regarde et puis fait un signe de la main à ma camarade de sortir en la saluant brièvement. Je ne bronche pas. Je sais ce qu'il va se passer à présent.

- Je pourrais très bien te renvoyer, tu en es consciente ?

Je ne réponds rien et me redresse. Je prends mon sac à dos et commence à me diriger vers la porte, sans son autorisation pour le coup.

- Mademoiselle Russo ! Asseyez-vous et écoutez-moi ! Je commence à en avoir ma claque de vos excès de colère et de confiance alors, vous allez écouter maintenant.

Et voilà, il a craqué. À vrai dire, je ne vais pas mentir, je n'ai pas été l'élève la plus tendre de cette année. Et il a du subir pas mal de plaintes des autres parents par rapport à moi, mais il est complètement impuissant. Je laisse tomber mon sac au sol et fais volte-face, je plaque mes mains sur son bureau avec un regard noir. Il sursaute.

- Alors, virez-moi. Vous attendez quoi au juste ? Faites-le !

Il me regarde craintif, il ne peut rien me faire, je suis quasiment intouchable, si ce n'est totalement.

- C'est bien ce que je pensais, mon père vous paye beaucoup trop pour me renvoyer. Alors n'essayez de m'intimider, personne ne le peut. Donc maintenant, je vais passer cette porte et me barrer de cet établissement pourri. Peut-être que mon père ne sera pas au courant de cette altercation, tout dépendra de mon humeur en rentrant chez moi.

Sur ces mots bien assez clairs selon moi, je récupère mon sac toujours au sol et sors en trombe de son bureau. Je rejoins l'extérieur et retrouve la fille qui était avec moi dans le bureau. Elle est dos à moi, je la pousse et elle tombe lamentablement contre le goudron.

- Écoute-moi bien toi aussi pétasse. Traite-moi encore une fois de « pute de narcos » et je te broie la mâchoire pour que tu fermes ta gueule, c'est bien compris ?, clame-je si fort qu'un troupeau s'est formé autour de nous.

Elle acquiesce de multiples signes de tête rapide, ses yeux larmoient. Je souris et fais demi-tour en direction de la sortie du lycée. Ainsi, j'entame une marche de plusieurs minutes jusqu'à chez moi. C'est bien plus long quand ce n'est pas un chauffeur qui vous récupère, mais je préfère prendre l'air afin de détendre mes nerfs avant de voir mon père. Il n'aime pas me voir énervé et moi non plus.

Une fois devant la porte d'entrée, j'entre doucement dans la maison en desserrant doucement la cravate de mon uniforme. Je fais claquer mes chaussures sur le carrelage blanc jusqu'au salon où je m'arrête net dans l'embrasure. Pourquoi tous les hommes de ma famille sont assis autour de notre table ? Je déglutis difficilement lorsque chacun de leur regard se pose sur moi. Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Je cherche désespérément le regard de mon père qui est le seul à finalement se lever pour m'inciter à approcher. Hésitante, je m'approche malgré tout.

Est-ce que le directeur a prévenu mon père cette fois-ci ? Est-ce que j'ai dépassé les bornes ?

Il glisse sa main dans mon dos, en me désignant de l'autre une chaise à sa gauche. Lorsque je m'assois, mon regard en repère un que je ne connais pas.

- Je te présente ma fille, ton contrat.

L'homme que je ne connais pas plonge son regard dans le mien. Il acquiesce avec un léger sourire en coin. Mais comment ça son contrat ? Je dois définitivement comprendre ce qu'il se passe ici.

- Papa, qu'est-ce qu'il se passe ? De quel genre de contrat, tu parles ?, demande-je inquiète comme rarement, je l'ai été dans ma vie.

Il pose son regard sur moi et sourit en touchant mes joues de ses mains, il tient mon visage en coupe et sous le regard de tout le monde, nous nous enfermons dans notre bulle.

- Je ne laisserai personne te toucher ma fille. Tu es tout ce qu'il me reste, et la seule chose qui me maintient en vie. Jamais je ne laisserais un de ces hommes t'approcher et c'est pourquoi j'ai signé un contrat avec Elyo, il est le seul en qui j'ai confiance pour assurer ta protection durant cette période qui va être compliqué.

Mon regard brise cette bulle en cherchant celui du fameux Elyo, assis au bout de la table, en face de nous. Il porte un rictus en me détaillant comme un prédateur. Je quitte une nouvelle fois son regard pour retrouver les pupilles de mon père, les yeux d'un des narcos les plus influents du coin.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu n'as jamais engagé quelqu'un pour me protéger papa.

- Le cartel des Moreno veut notre peau. Ils n'ont pas accepté que je refuse leur passage sur notre territoire et veulent me faire payer la perte de l'un de leur plus gros client.

Mon regard se pose à nouveau sur mon nouveau garde du corps.

- Avec Elyo, vous vous envolerez demain matin pour une petite île presque inconnue. Là-bas, vous habiterez dans une de mes bâtisses, seuls, mais avec tout le nécessaire pour vivre.

Et là, le fameux Elyo me dévisage avec un sourire rempli de sous-entendu. Qui est cet homme et à quoi joue-t-il ? S'il croit pouvoir m'effrayer, il se trompe de cible. Je n'ai jamais eu à avoir peur et ça ne va pas commencer avec lui.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant