CHAPITRE 26

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Cela fait quelques jours que je n'ai pas daigné à adresser ne serait-ce qu'un regard à Elyo. Je ne veux pas avoir à le regarder dans les yeux après notre dispute, je ne peux pas le pardonner. Je ne peux pas accepter ce qu'il m'a dit ou encore ce qu'il m'a fait. Aujourd'hui, je dois me focaliser sur ma vengeance : Moreno peut arriver d'une seconde à l'autre avec ses sbires. Mes hommes ont eu toutes les instructions nécessaires et tout a l'air de bien se dérouler jusque-là. J'avoue avoir une légère angoisse qui ne cesse de s'intensifier depuis quelques jours à l'idée de confronter le régisseur de cette tragédie. Je ne sais pas encore comment va se dérouler notre rencontre, parce que pour ma part, je ne l'ai jamais vu.

Je jette un dernier coup d'œil dans le miroir à ma tenue, je m'admire afin de me donner un peu plus de confiance et de courage puis soupire. Si j'avais su qu'un jour, j'allais diriger le cartel de mon père à dix-sept ans, j'aurais probablement rigolé très fort. Après un dernier regard en direction de mes cheveux relevés en un chignon coiffé, je récupère ma pochette noire sur le bureau. Je sors ainsi de ma chambre et retrouve Enzo, m'attendant patiemment adossé contre le mur. Je ferme ma porte à clef puis m'approche de lui, faisant tinter mes escarpins.

Mon Dieu que ces merdes me font mal aux pieds.

Il sourit en me voyant, glisse sa main aux creux de mes reins et m'offre un doux baiser sur la pommette. Je souris davantage avant de lui lancer un regard inquisiteur.

- Tout le monde t'attend, Moreno est arrivé. Ils sont une vingtaine et ils t'attendent, dit-il calmement avant de me jeter un regard de haut en bas, et à mon humble avis, Moreno ne va pas être déçu.

Je ricane tandis que nous nous dirigeons en direction des escaliers pour rejoindre la réception. Je prends une grande inspiration avant de me lancer dans la descente de ces marches. Enzo m'offre son bras que j'accepte volontiers. Lentement, mais sûrement, nous descendons les escaliers et peu à peu tous les regards se tournent vers moi. Tous les membres de ma famille me regardent avec un sourire franc, admiratif et certains applaudissent même, ce qui me vole un rire. Et puis je remarque ceux que je ne connais pas, les Moreno. Un homme de la quarantaine, accompagné de deux autres hommes, me dévisage, cigare en bouche, tout en applaudissant avec des sourires sadiques. Mon sourire disparaît, alors c'est lui ? Je détourne mon regard et cherche inconsciemment le tueur à gage. Quand nos yeux se croisent, je sens un frisson me parcourir, un frisson que je n'avais pas ressenti depuis quelque temps. Il me sourit, ce qui me pousse à l'imiter malgré moi avant de lever son verre en ma direction et d'en boire une gorgée. Il ne se gêne pas pour me relooker de la tête aux pieds, il hydrate sa lèvre inférieure et la mordille, ce qui au fond de moi, me plaît, mais je détourne le regard et pose mon pied au sol.

Enzo me dirige en direction de certains membres de ma famille qui n'ont pas pu être présents à mon retour ; ils m'offrent leur condoléance et leur compassion. Chacun se veut aux petits soins, ça me donne du baume au cœur.

- Je vais te chercher un verre ma belle, murmure Enzo aux creux de mon oreille avant de me quitter.

Je redirige mon attention sur ma tante Marta qui me raconte ô combien mon père l'a aidé toute sa vie et qu'elle fera tout pour moi afin de rembourser la dette qu'elle lui doit. Mon père était un homme bon, il ne cherchait pas à blesser les gens, il voulait juste gravir les échelons, même si c'est de la mauvaise manière.

Tout à coup, une main se glisse aux creux de mes reins, je tourne mon regard et tombe nez à nez avec Elyo. Il sourit avec son air charmeur qu'il n'a jamais lâché depuis notre rencontre puis se penche vers mon oreille.

- J'aurais aimé te voir dans cette tenue avant principessa, au moins j'aurais pu tester sa qualité, susurre-t-il.

Je ne relève pas, Enzo vient indirectement me sauver de cette situation. Il s'invite entre moi et Elyo afin de me donner une coupe de champagne. Le regard d'Elyo s'assombrit quand Enzo me lance un sourire charmeur qui me plaît bien. Ignorant complètement la présence du brun, Enzo replace sa main à l'initial dans mon dos et m'éloigne d'Elyo. Nous nous rendons dans un coin plus discret. Je m'adosse à un mur, lui devant moi, me dépassant fièrement.

- Qu'est-ce qu'il te voulait ? me demande-t-il avec une pointe de jalousie.

- Rien du tout, et de toute façon, ça ne te regarde pas Enzo, ricane-je.

Il sourit en enfouissant ses mains dans les poches de son pantalon. Il relève ses yeux vers moi d'un air de tombeur, ce qui m'arrache un rire.

- Arrête de me regarder comme ça, ris-je en tapant sur son torse.

- Tu es belle Dahlia Russo, avoue-t-il.

Je souris en regardant ailleurs, gêné de ce qu'il se passe entre nous à l'instant. Jamais je n'aurais pensé à Enzo d'une autre manière que mon meilleur ami. Mais cette idée passe rapidement au second plan que je vois Elyo au loin, son éternel verre de rhum en main, mais surtout en train de discuter avec Moreno. Il se fout de moi ? Parler avec celui qui l'a embauché pour tuer mon père ? Mon regard s'est noirci, mon cœur s'est accéléré, je ne peux m'empêcher de penser qu'il est encore en train de monter un coup contre moi. Alors d'un pas décidé, je me dirige vers eux en abandonnant Enzo. Le pauvre ne comprend pas, mais je l'entends me suivre. J'arrive entre les deux hommes, bien plus grand que moi et lance un regard assassin au grand brun.

- Je crois que nous ne nous sommes pas présentés en personne, clame-je, Dahlia Russo, la fille de Mario Russo, vous savez, celui dont vous avez commandité la mort.

Sur ces mots tranchants, je tourne mon regard vers Moreno qui serre la main que je lui tends avec un grand sourire. Mon regard retourne immédiatement sur Elyo, ce sale traître qui ne cesse d'accumuler les mauvais choix.

- Dahlia, tu sais que je n'ai pas appuyé sur cette détente, commente-t-il.

Je bascule de nouveau mon regard sur Moreno d'un air de dégoût.

- Allons parler dans un endroit plus discret, fais-je avant de lancer un regard à Elyo et Enzo à mes côtés.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant