CHAPITRE 37

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Je rejoins le salon en frottant mes yeux, je n'ai que peu dormi. J'ai ressassé ce qu'il s'est passé entre Elyo et moi hier. Je ne pense pas regretter, mais pour autant, je suis bien trop mal à l'aise maintenant. Il doit se sentir utilisé, nous avons fait l'amour alors que je ne suis pas certaine de pouvoir supporter ce qu'il a fait. En fait, je ne le supporterais pas, il aura toujours ruiné ma vie. C'est gravé en moi et je ne peux rien y faire malgré tous les efforts que je fais pour lui pardonner. Je suis surprise de voir Enzo dans le salon en train de parler avec Elyo. Je m'approche de mon meilleur ami, il embrasse ma joue et me fait une accolade. Je jette un œil à Elyo qui serre les dents, mais détourne vite le regard sur le sac posé sur la table. Je m'y intéresse à mon tour, de multiples armes sont entreposées dans le sac. Elyo en sort une sur laquelle il visse un silencieux au bout, il la met de côté et nous donne une arme chacun.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? je demande.

- C'est le jour-j. Mon collègue est déjà en route pour s'installer sur son spot, nous n'allons pas tarder.

- Quoi déjà ?!

Je n'étais pas prête à partir de si tôt. Je pensais qu'on aurait encore un peu de répit, Elyo acquiesce à ma réponse, me confortant dans mon idée. Je frotte mes yeux, j'ai besoin d'un café. Je m'approche de la cuisine et me fais couler un long café bien chaud. Je soupire avant de souffler sur la fumée que dégage le liquide dans la tasse. Elyo surgit dans la cuisine, il s'approche de moi et vole mon café de mes mains. Il en avale une gorgée avant de me le rendre.

- Pourquoi hier tu ne nous as pas dit qu'on irait aujourd'hui ?

- Parce qu'on n'avait pas couché ensemble, plus vite cette histoire sera derrière nous, plus vite, on pourra s'intéresser à nous.

Je ris jaune, quel beau parleur ! Hier, il me dit qu'il ne me forcera en rien et là, il suppose l'inverse.

- Tu m'avais promis que ça ne m'engagerait en rien Elyo, clame-je fermement en serrant ma tasse.

- Ça ne t'a engagé en rien. Mais tu as une vengeance à faire avant de décider de notre sort. J'en ai marre d'attendre, à quoi bon rallonger la durée d'attente alors qu'on peut passer au moment décisif maintenant ? Je t'ai promis que faire l'amour ne t'engagerait en rien, mais tu m'as promis de faire un choix.

- Mais le fait qu'on fasse l'amour t'a fait décider que la vengeance serait aujourd'hui ? rétorque-je.

- Oui parce que tu ne comprends pas que j'ai besoin d'être fixé, j'ai besoin de savoir si j'ai une chance ou non de rester dans ta vie. Quel que soit ton choix, je le respecterais, mais j'ai besoin d'une réponse. Comprends-moi.

Et je le comprends, je le fais miroiter depuis un moment, un coup oui, un coup non. Je dois lui mettre les idées en pagaille. Il n'a pas tort, d'un côté vaut mieux retirer le pansement d'un coup sec que d'y aller petit à petit. Je finis mon café et quitte la cuisine sous le regard fatigué d'Elyo. Je rejoins Enzo, prends l'arme qu'Elyo m'a donnée et lui indique que je vais me changer. J'enfile des vêtements pratiques et attache mes cheveux. Je retourne au salon quelques minutes plus tard, Elyo s'enfile des verres de rhum.

- Ce n'est pas le moment de te bourrer la gueule Elyo ! claque-je.

- Là, principessa c'est mon terrain, alors mes règles. Si tu veux que j'assure, laisse-moi picoler.

- T'as un sérieux problème mon pauvre ! râle-je en me dirigeant vers Enzo.

Je sens la pression monter, je suis dans un stress affreux. Je n'ai aucune idée de si les choses vont se dérouler sans accroc, et s'il y a le moindre problème, je pense que mon cœur peut s'arrêter. Enzo me prend dans ses bras, il sent mon angoisse.

- Vous vous rappelez du plan ? demande Elyo.

- Oui, faisons-nous en chœur.

- Alors allons-y.

Elyo prend le sac d'armes, Enzo prend la sienne et nous sortons afin de prendre deux voitures.

- Ah, j'allais oublier, fait Elyo, le signal, ce sera le seul coup de feu que vous entendrez.

Nous acquiesçons avant de nous engouffrer dans le SUV. Enzo me sourit, il essaye de me rassurer, mais c'est compliqué.

- Dahlia, on fait ça pour ton père. On le fait en son honneur, tu es forte. On va y arriver et personne ne sera blessé.

- Et s'il y avait un imprévu ? Je ne supporterais pas que tu sois blessé par ma faute.

- Dahlia, si je prends une balle aujourd'hui, ce ne sera pas la première ni la dernière. Je t'assure tout va bien se passer.

Je soupire toute mon angoisse et reprends du poil de la bête. Enzo a raison, Elyo s'y connaît en matière de meurtre, rien ne peut nous arriver. Tout va bien se passer. Alors que nous prenons la route et que je tente de ne plus penser à ce que nous nous apprêtons à faire, mon téléphone se met à sonner. Je me raidis quand je vois un appel de la banque. Je réponds, tremblante, cet appel me ramène encore à ce choix.

- Madame Russo ?

- Oui, bonjour monsieur Black.

- Oui, je reviens vers vous pour l'ouverture du coffre. Tous les contrôles ont été réalisés avec succès, vous pouvez venir demain après-midi pour l'ouverture du coffre. En revanche, vous devrez vous présenter seule et vous serez sous contrôle d'un officier. Votre père a payé gros pour une sécurité haute gamme. Vous pourrez prendre ce qui vous convient, vous êtes sur ses papiers.

- Alors à quoi va servir la sécurité ?

- La sécurité n'est là qu'en cas de fraude. Elle vous accueillera à l'entrée, fera une vérification d'identité et vous irez seule dans le coffre. Pardonnez-moi si nous nous sommes mal compris !

- D'accord, j'essayerai d'être là demain après-midi. Merci.

- Merci à vous, bonne journée.

Je raccroche et remarque le regard interrogateur d'Enzo. Je l'ignore, n'ayant pas la force de lui expliquer ce qui me torture.

GARDE-MOI SI TU PEUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant