Chapitre 2 : La valise

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C'était pas trop commode à mes habitudes de voir ça.  Personnellement je suis un homme de principes. Je me préoccupe plus de ma personne que de ce que les gens pensent de moi. Et là,  je suis dans une affaire de meurtre.  Deux questions se posent.

- Calme toi et parle moi . Que s'est-il passé ?

Le jeune pissait de la suer. Il  voyait ses ambitions se distiller en fumée.  Un chevauchement d'idées s'installe en lui. Mais là il doit me convaincre. 

- Elle était assise là.  On se taquinais,  j'étais pas trop d'humeur.  Je l'ai poussé de mon bras et elle est tombé.  Sa tête à heurté l'angle du tabouret.  Et le sang a commencé à couler. Je te jure que je ne l'ai pas tué.

Saliou a terminé son discours.  Trop bon pour être vrai.  Trop facile pour mourir comme ça.  Surtout avec ce lac de sang.  Là deux questions se posent et s'imposent.  Dois-je le croire et alerter la police ? Dois-je le croire et lui faire éviter la prison ? C'était pas facile en tout cas. Deux adolescents censés étudier,  perdent du temps à rechercher le bonheur.  Le bonheur, animal sauvage, on le course, on le cherche, on le flic, on le pourchasse, on le domestique, on l’idéalise, on se l’approprie et puis on le déguise. Celui-ci fut déguisé en décès. 

- S'il te plaît ne le dis à personne, s'il te plaît !

J'étais bouche b. Je ne savais quoi dire, ni quoi faire. A côté j'aperçois un petit bâton en fer taché de sang.  Soudain je me posais la question : Que s'est-il réellement passé ? J'avais aussi peur. Car là,  le Saliou que je vois est prêt à tout pour que son secret soit bien gardé. Donc mes principes vont attendre. Ma vie d'abord.

- D'accord Saliou, maintenant on fait quoi ?

- Aide moi à nettoyer ça d'abord.  Descend et ramène de l'eau au robinet. 

A l'UGB,  les robinets des douches intérieurs ne fonctionnent pas. On est obligé de descendre pour en avoir. La coordination l'a beau dénoncé,  ça ne change pas grand chose.  J'ai pris avec moi deux bidons de 20 litres.  Au robinet il n'y avait personne.  J'ai remplis les deux bidons.  Au moment de partir une fille m'y trouve et me salue. J'étais étonné de la voir ici. Ce village ne loge que des garçons. Qu'est-ce qu'elle y faisait ?

- Tu es vraiment beau jeune homme !

- Euh, koy waxhall ?

- iow xhanaa ! Loy daw..

- Hum je me voyais pas beau.

Certaines filles sont comme ça,  provocatrices.  Au moment où je lui tournais le dos, elle remarqua sur moi, une tâche de sang.

- Attend, il paraît que t'es blessé.

- Euh, certainement.  Je n'y ai pas prêté attention. 

- Je t'aide à nettoyer ça.

- Non c'est bon.

- Non  j'insiste !

- Mais bon sang, lâchez moi et arrêtez.

J'ai repris mes bidons et je suis reparti.

- Mais ki mom est-ce que ça va ? Dima niak lo kersa. Mais c'est trop taché de sang nk. Attend, je vais l'aider par force.

Je suis reparti dans la chambre.  Saliou piaffait déjà d'impatience.  Il croyait que j'étais rentré. Que j'étais allé voir la police.  J'avais trop peur. Je ne lui ai pas dit qu'une fille m'aurait vu taché de sang. La fille aussi, curieuse soit-elle m'a suivi.  Elle est resté devant la porte et nous a écouté.  Elle en sait trop maintenant.  Elle est reparti calmement. 
Nous on en savait rien. C'était trop difficile ceux dans quoi je m'étais incrusté.  Plus de porte de sortie.  Et là je deviens complice d'un meurtre.  Ai-je vraiment mesurer la gravité des événements ?
Le bonheur nous aura conduit partout. Le bonheur, c’est pas un jeu de hasard. Ça te tombe pas sur la gueule comme une victoire au Poker. Ça s’attrape comme une grippe, ça s’oublie comme un cauchemar. C’est une bataille qui oppose le soleil au brouillard. Le bonheur lui, il est toujours à l’heure. Et s’il arrive en retard c’est qu’on l’attendait ailleurs, à la fausse place ou bien le mauvais jour, et aujourd'hui c'est le mauvais jour. Qu’il était sur une terrasse quand on le cherchait dans la cour. Le bonheur c’est un train à grande vitesse qui passe dans une gare temporaire que la routine efface. Y’a pas de billet, pas de contrôleur et pas de première classe. Et c’est pas toi qui bouge, c’est le décor qui se déplace. Je me laisse guider par les événements.  Au village A, dans une chambre d'étudiants,  j'ai tué une fille.  Voici le résumé des faits. Le bonheur se tisse comme une toile d’araignée et il se brode sur une devise avec des perles de rosée. Se porte en bracelet, en bague ou en collier, s’offre en bouquet, en blagues ou en baisers. Mes amis ont-ils choisi le baiser,  que s'est-il réellement passé ? Je commence à en avoir marre là.

- J'ai cru que t'étais parti Issaga

- Non mon frère,  j'étais juste retenu par la queue qui s'y trouvait. 

- Personne n'a rien remarqué j'espère ?

- Rassure toi, personne...

Je suis vraiment dans la gueule du loup.  Non, le pire, c’est de naître étranger dans une situation que t’a vu grandir, dans un problème que t’a vu ramer, qui se dit être ta maison, mais qui te cloue au bas de l’échelle en déclarant: Dommage, vous auriez pu tout avoir, un job intéressant, une famille, des enfants, vous auriez certainement pu vous épanouir, jouer dans la cours des grands
Malheureusement, les couleurs de votre conscience disent que vous faites trop bête Et chez nous, on a de la place pour tout le monde hein, vraiment à condition qu’ils affichent sur leur visage la couleur du parmesan. Un dialogue intérieur inutile s'imposait à l'inter de ma conscience.  Et là dans cette situation,  je me retrouve né aveugle avec les yeux ouverts, déposé au pied d’un arc-en-ciel, celui qui rend la terre si belle, condamné à dessiner le bonheur avec une peinture imaginaire, sans rouge, sans jaune, sans bleu, sans vert.

Nous avons fini de nettoyer le sang. Que nous reste-t-il à faire, Saliou me demande de lui passer la valise ! Moi je veux rentrer. 

A suivre.....

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