Chapitre 17 : Rose

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Aujourd'hui, il n'y a plus de secrets gardés. A qui tu confieras tes secrets, la minute suivante, il choisira de bien mordiller ta confiance en faisant de ton secret sa discussion favorite.

La mutabilité comportementale est juste phénoménale. Tous devenu des punaises aquatiques profitant de la gentillesse des plus vulnérables. Des cœurs sont brisés, des confiances sont anéanties, des espoirs décapités, et la peur de replonger dans ce bazar sociétal nous anime le plus souvent.

Plus personne n'est fiable, personne ne peut fermer gentiment sa bouche.!! J'ai vraiment pitié de certains. Les gens me prenaient jusqu'ici, pour innocent garçon. A leur yeux, j'étais bien inoffensif.

On peut parfois se tromper sur le comportement d'une personne, l'erreur a ne pas commettre, c'est de croire que cette personne ne pourra guère changer un jour.
Et là, voici une nouvelle version de moi, toute neuve.

Mes amis m'ont posé beaucoup de questions. Ils étaient très inquiets à ce que je vois. Je les ai manqué sans doute. Il suffit de voir leur contentement pour le deviner. Tout le monde était aux anges excepté un ; Saliou. Il était un peu perdu.

Il n'était plus d'humeur. Certains l'ont remarqué. Mais l'ont esquivé. A l'intérieur de moi, il y avait cette rage qui me donnait envie de bondir sur cet imbécile et le tuer une bonne fois.
Mais bon, personne ne peut se faire justice soi-même. Yves Beauchemin avait raison de dire que "La pire injustice qu'on peut faire aux gens, c'est de les prendre pour des anges". Ils ont eu tort de me prendre pour un ange.

Après tant d'accolades et de questions auxquelles j'ai répondu, je leur ai demandé de me laisser me reposer. J'ai beaucoup raté et là je suis crevé.
Rassurez-vous, je n'ai pas adressé un mot à Saliou. Le pire est qu'il n'ose pas fuir. Fuir où d'ailleurs. Il y a bien pensé mais négatif, cette option n'était pas la bonne à ses yeux.
Je décide de me coucher. Mon camarade me pose une question encore.

- Est-ce qu'ils ont retrouvé le vrai meurtrier de Fatou Bintou ?

- Dors, c'est mieux. Je suis épuisé moi. La police fait son boulot.

J'ai éteint la lampe, j'ai tiré mon drap et j'ai mis mes chaussettes. C'était pour les moustiques au cas où.
J'ai passé une très bonne nuit.
C'est parti pour une nouvelle journée. Je ne voulais pas aller étudier. J'avais un peu honte. Le Issaga que j'étais se serait certainement couché et fuir. Mais celui que je suis devenu grâce à Saliou me plaît bien. Je ne calcule plus grand chose, surtout ces petits détails.
C'est le jour le plus froid du monde. C'est aujourd'hui que je m'apprête à renaître. Cette nuit, la température est descendue à moins trente. J'étais bien blottie dans mon drap frais, recroquevillée et suçant sagement mon pouce. Je savais que l'heure du grand passage était imminente. Dehors, le gel figeait la sève des arbres.

Des craquements sinistres de branches alourdies emplissaient l'espace de cris d'agonie. Des troncs innocents éclataient comme des fruits trop mûrs. Le froid broyait inexorablement tout ce qui tentait encore de vivre à la surface du sol. Est-ce que je vais prendre une douche.

Oh oui, sinon je sentirai très mauvais.
Je suis enfin prêt pour mon cour de Droit civil. Celui qui me passionnait le plus. J'adorais bien le professeur. Il est très calme et très sage. Suffit-il de faire un cours pour s'en apercevoir.
Bon je suis déjà en classe. Je me concentre sur le cours. Beaucoup sont surpris de me voir. Certains sont contents de me revoir. Je suis bon ami pour eux. C'est un plaisir de les revoir.
Je devais me rendre au service pédagogique après le cours. Je dois justifier mes absences.
Le gars qui s'y trouvait n'était pas bon ami. Je devais attendre le tour de la dame car elle, on s'entendait bien. Mon seul problème avec le monsieur était la ségrégation qui s'effectuait au sein du service pédagogique.

Je décide alors de me rendre au jardin de mon UFR. Se sentir mieux après une bonne marche est un sentiment largement partagé par celles et ceux qui en ont fait l'expérience. Je me sens très léger aujourd'hui. Le parfum actuel du jardin me va bien. J'étais assis sur l'un des bancs publics, j'essaye de me connecter au Wi-Fi qui depuis refuse de m'accorder grâce et salut. On dirait qu'il hais mon téléphone. Et pourtant il fonctionne bien sur les autres. Mais bon je n'ai rien à perdre. Je vais continuer à tenter jusqu'à ce qu'il marche.
A peine je me lance, Ramata me rejoint. C'est une camarade de classe. Elle me prend automatiquement dans ses bras.

- Tu nous avais manqué, je suis trop content pour toi. Rose est là, la pauvre n'arrêtait pas de pleurer.

- Oh non, dis moi que c'est faux.

- Rose, viens stp !!

Rose approcha. Elle avait envie de serrer à son tour. Mais le public du jardin lui en empêcha. Elle n'était pas trop ouverte comme Ramata.

- Bonjour Rose !

- Bonjour Issaga ! Je suis content pour toi.

- Tu ne peux pas imaginer combien tu m'as manqué.

- Ramata, il y a deux adultes qui discutent là, tu ne devais pas être là.

(Rire)

Ramata s'en va. Elle me laisse avec Rose. Disons bien que tout est redevenu normal. Le climat de l'université tape bien sur mes nerfs.
L'autre avait raison de dire que nos parents sont très jeunes pour comprendre ce que nous traversons au campus. Je propose à Rose d'aller dans ma chambre. Elle a accepté. Le jardin était trop peuplé.
5 minutes de marche avant d'arriver, on a beaucoup bavardé inutilement. On est enfin dans ma chambre.
Ventiler son logement et profiter de l'air extérieur (non pollué) font partie des moyens efficaces pour limiter les risques de maladies pulmonaires, réduire le stress et améliorer sa santé mentale. Ma chambre sentait très bon. Apparemment, cela est l'une de mes qualités, la propreté. Rose prend place sur mon lit
Je n'étais pas tranquille vu ce qui s'était passé avec Saliou. J'avais trop peur. Rose commençait à devenir collante. La fille avait cru m'avoir perdue et là elle y va à fond.
Elle me fixait des yeux. Elle me regardait d'un air coupable.
Je prends place. J'étais juste à côté d'elle. On se fixait du regard. Le temps était bon. J'adorais en tout cas. Mais j'ai du mal à digérer ce que son père m'a fait. Je me demande si je vais bien m'entendre avec elle. Si seulement elle pouvait deviner ce que je prépare pour son père et Saliou, elle se serait éloigné de moi.
Je prépare du lourd pour ces deux. En attendant je vais prendre le temps de bien organiser mon plan. Je n'ai pas droit à l'erreur.

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