Chapitre 5 : Tabous

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Hum ! Mon téléphone. 
D'accord,  récapitulons : j'ai aidé un ami à faire disparaître le cadavre d'une étudiante.  J'ai enregistré la scène et maintenant j'ai perdu mon téléphone je ne sais où ?
L'écriture a fait de moi un personnage.  Je suis arrivé à l'université avec une montagne bien garnie de rêve et d'espoirs de réussir un jour. Il m'a toujours semblé avoir eu en tête des histoires à inventer, des personnages à façonner, des moments particuliers à raconter. Je n'ai conscience d'aucun moment particulier, déclencheur de mon activité littéraire. Il me passe incessamment des projets, des idées, des rêves entre les tempes (je dis entre les tempes car je les sens presque s'entrechoquer entre elles) et écrire est une forme d'obsession. En ce sens, l'écriture est un accompagnement quotidien, une forme d'addiction née, il est vrai, du besoin de percer des bubons souvent anxiogènes, car mettre sur le papier ce que l'on a en tête (et souvent c'est assez angoissant pour ma part) allège celle-ci d'autant.

Cependant que ceci soit dit sans aucune prise en compte de la qualité finale de mes écrits, qui peut s'avérer décevante aux yeux de certains lecteurs ou selon mon propre avis. Et nous touchons là un autre point qui m'est cher et qui concerne le travail : l'écriture est pour moi un modelage sur le long terme, acharné, et je ne crois pas à la trouvaille spontanée. Reste à savoir quand cesser de retoucher son texte, trouver le point d'équilibre entre l'idée qui avait point et le travail qui l'a amélioré.
Alors peut-être offrira-t-on un peu de plaisir au lecteur, et surtout en aura-t-on pris immensément dans le travail de son matériau.
Ces quelques lignes synthétisent ce que pour moi est l'écriture, et donc ce qui n'engage que moi : un souci d'invention, un besoin, une obsession, du travail et du plaisir. Me voilà désorienté par une mauvaise fréquentation.  Il est très utile de bien choisir ses amis à l'université.  J'ai cru faire le bon choix mais malheureusement je me suis trompé. Après tout, je me suis trompé. Et pourtant,  mes parents avaient insisté là-dessus.  Choisis bien qui tu fréquente.  C'est un choix déterminant et très sérieux.  Ma plume m'aura servi à quoi ?

Mon téléphone fut ramassé par une fille. La fille en personne,  je ne la connais pas mais elle est étudiante à l'UFR SEFS.  Arrivée chez elle,  elle essaye d'ouvrir le téléphone pour voir à qui il appartient.  Et pic, elle tombe juste sur l'enregistrement..." elle était assise là,  on se taquinais..." elle a tout écouté.  Elle sait tout. Et plus périlleux,  elle me connaît.  Oui, presque tout le monde à l'université me connaît par le biais de ma plume.  J'écris bien, j'en suis conscient.  Abasourdie, elle ne pouvait rien faire. Le blême est qu'elle ignore où je loge, et qu'elle sait que Saliou a assassiné la fille. Elle est bien consciente que je suis innocent. Elle peut me rendre facilement le téléphone mais trop beau,  trop facile.  Elle veut en tirer profit.  Elle sait bien que je serai prêt à tout pour récupérer le téléphone.  Elle envoie automatiquement l'enregistrement à son téléphone. 

Deux jours passés. Je me douchais.  Soudain j'ai entendu un de mes camarades,  dire qu'un communiqué vient de sortir.  Un avis de recherche.  Les camarades de chambre de la fille ont remarqué son absence. Elles l'ont signalé au délégué de bloc. La fille en question logeait au village Q. Le village Q. Le village de l'université,  le village de la jeunesse.  Dans ce village,  il y a un atout qui constitue en même temps un handicap : il n'y a que d'étudiants des 3 dernières promotions : La P31, la P32 et la P33. L'atout,  c'est l'ambiance,  l'handicap, c'est ce qui va avec l'ambiance. 

Le Q est connu pour sa fraîcheur.  Le Q est connue pour sa solidarité. Au village Q, j'avais une amie, qui me racontait un jour ce qui se passait dans leur chambre.  M'informe t'elle, un gars, étudiant en master, venait les samedi rendre visite à sa copine.  Parfois,  le gars privé de raison et de tout ce qui est honte y passait la nuit.
Le matin,  le gars après avoir bien secoué la fille passe son temps pendiculer. 
Un virus, une bactérie, une maladie, on ne sait pas. toujours est-il qu'il est né sans raison...Un nouveau genre d'être humain? une erreur de la nature? une femme sans scrupule pour certains pour certains...un homme qui ne pense qu'avec sa queue pour d'autres.  Les pronostiques se multiplient et le phénomène passionne plus qu'il ne fait peur, jusqu'au moment où il touche le monde entier... Comment réagir face à l'impact d'un événement sans retour? quelle fin? quel avenir? En tout cas, j'ai eu peur. Mais attention,  ce n'est pas que le village Q, tous les autres villages nagent bien dans le phénomène.  Mais village Q laniou guiss, mais nieup-angui deff si souff. J'y reviendrai.  Moi Issaga, deug rek la xham, té si lay doxh.

Je suis écrivain et ne peux que dire la vérité.  Je ne peux traduire que ce que je vois. Ma plume est précieuse.  Oupps, j'oublie que je suis devenue criminel.  Ne me le reprochez pas, vous savez bien que je suis innocent.  Le sexe fatigue presque tout le monde. Dans la vie il y a autant d’opinion que de nombrils et ça vaux aussi pour la sexualité. Un panel de tout ces nombrils sexuel, courtes nouvelles, différentes expériences. Conviens a un public avertie ou tout du moins ouvert sur le monde.
J'ai même entendu des rumeurs que ce campus détient un réseau de prostitution. La prostitution est vue socialement comme une abomination. Mais pour d'autres c'est un travail, un gagne pain qui mérite tout aussi un cadre juridique garantissant la protection de ses acteurs.

Mais tout ceci n'est que littérature deh, comment récupérer mon téléphone ? Et la fille ? Qu'attend t'elle de moi en échange ? Je n'en sais rien..

JUSTICE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant