Chapitre 4 : Le téléphone

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Je suis en route pour le village A. Saliou m'avait prêté sa chemise pour ne pas éveiller les soupçons. Il n'aurait pas dû.  Il y en a qui reconnaissent facilement les habits d'autrui.  Ils en ont pas beaucoup,  mais il suffit que tu files une chemise de l'autre pour qu'ils s'en aperçoivent. 
Là, je fais plus vite que je puisse.  Zale m'aura condamné.  Et le plus drôle,  c'est le message qu'il m'ai envoyé.  Fils, on a un problème...on ou il. En tout cas, il fait du problème le mien aussi.  C'est dangereux de penser ainsi.  Je suis arrivé au village A.  Je monte rejoindre la chambre de Saliou. Les escaliers,  sheuuuttt,  ce qui me fatigue le plus. Surtout quand je remplis au robinet des bidons,  c'est de l'entraînement.  L'UGB doit veiller à ce qu'il y ai vraiment de l'eau dans les chambres. C'est une nécessité.  Saliou me laisse entrer. 
La chambre n'était plus la même, l'odorat,  la décoration,  il n'y avait plus la barre de fer. Je ne voyais même plus le corps de la fille.  Stupéfait,  je pose ma question. 

- Que se passe-t-il Zale ?

- Passe moi ton téléphone,  je dois passer un appel. 

- Euh, mon téléphone,  pourquoi ?

- Je t'ai dit que je dois passer un appel .

- Et ton téléphone,  où est-il ?

- Bon sang,  tu vas me le prêter ou pas ?

- D'accord. 

Je palpe mes poches, rien. Attendez,  où est mon téléphone ? Je n'arrive plus à le retrouver.  Le seul élément pouvant prouver mon innocence vient de disparaître.  C'est un enfer qui vient s'abattre sur ma tête.

- Je n'arrive plus à retrouver mon téléphone. Est-ce que c'est toi qui l'as ?

- Si je l'avais,  est-ce que je t'aurais demandé de me le prêter ?

- D'accord.

- Mais, pourquoi tu fais cette tête,  ce n'est juste qu'un téléphone. 

- Justement,  c'est que tu ignore le contenu de ce téléphone.

-D'accord,  de toute façon je ne t'ai pas appelé pour ça. Mon camarade de chambre m'a appelé pour me dire qu'il arrive. Il est à louga.  Presqu'arrivé. On doit se débarrasser du corps avant qu'il ne soit là. 

- A cette heure,  ne serait-ce pas trop suspect ?

- T'as une autre solution ?

- Bah non ...

- Alors aide moi à porter la valise. 

Il était très malin. Deux valises à sortir,  l'une contenant le corps de la fille, l'autre les vêtements taché de sang.

C'est vraiment atroce. En plus les valises sont très lourdes.  Putain...Je ne me sens pas trop bien là. Et quand je sors dans la rue, j’vois plus mon reflet dans les vitrines. J’ai les fesses qui se dégonflent et la poitrine qui se ratatinent. Mon squelette se déplace comme une carcasse de limace. En plus j’ai mal aux pieds, y’a du gravier dans mes chaussures. Oh mon Dieu, le tout-puissant, le tout miséricordieux,  aidez-moi. Regardez-moi, voyez ma gueule et avouez que ça fait peur.
S’il vous plaît, sauvez-moi ou bien je meurs. Vous ne pouvez pas me laisser comme ça, vous ne  pouvez pas me laisser crever comme une bête à l’agonie devant la porte de votre entrée, Je vous paierai en nature, en cash, en bakchich, Je vous mettrai sur le podium de mes personnages fétiches. J'évoquais l'expression de personnage parce que je suis écrivain.  Ah ouais ? Et regardez ma gorge, là
J’arrive plus rien à avaler. Je digère même plus les bonnes nouvelles, qu’elles soient salées ou sucrées. Je suis perdu.  Je suis entré dans quoi ? J’ai comme une pelote de ficelle attachée à ma trachée. J’ai l’estomac dans les talons, je dois prendre mes jambes à mon cou pour ne pas mettre les pieds dans le plat, corps et âme, à tour de bras. Je joue des coudes à contre-coeur pour déjouer ma dernière heure et e sens qu'elle approche. 
Et je me fais des cheveux blancs, oeil pour oeil, dent pour dent.
Bon sang, où est mon téléphone ? Bon j'aide Saliou à sortir les valises.  Aux chevets de l'étage,  il appelle un taxi.  Celui-ci a mit presque une heure avant d'arriver.  Vous savez, les taximanes. Tu les appelles, tu les demandes où sont-ils,  il te répondent, je suis à quelques mètres alors qu'en réalité ils sont à des kilomètres. 
On aura perdu trop de temps en attendant ce taxi.  Il est 22h. Le taxi arrive enfin. Nous avons rangé les valises à l'arrière. 

- Mais cette valise est très lourde, xhanaa tu pars pour de bon ? Tu quittes le sénégal ?

- Oh non, même pas.

Cette remarque un sarcastique du chauffeur me met mal à l'aise.  J'ai trop peur. J’ai rien voulu répondre quand on m’avait demandé de décliner mon rêve de carrière et un choix de métier. Je me souviens avoir versé toutes les larmes de mon corps le jour où ma maman m’a dit “Mon trésor, va falloir bosser” Alors j’ai dû choisir, j’y ai réfléchi à deux fois, le choix B ou le choix A, le B à Ba de l’employé.
Le mauvais film de série B, j’préfère rien faire, enfant gâté, Je postulerai dans un domaine où on est payé pour glander je me disais toujours  et puis un jour, pouff, je suis dans l'une des situations les plus désastreuses que l'on pourrait imaginer.  Je n'ai même pas prier de toute la journée.  Et bien oui, la plupart des étudiants ne prient pas ou ne prient que pour des examens. 
Arrivé à destination,  Saliou paie le chauffeur. Le chauffeur était un peu étonné de l'endroit où il nous a déposé.  Saliou lui fait savoir qu'il y attendait sa tante.  Mais bon le chauffeur récupère son argent et s'en vas.  Moi et Saliou se chargeons des deux valises.  Il sort un liquide et me demande de tout nettoyer.  J'ai vite compris qu'il s'agissait des empreintes.  C'est comme ça que ça se passe dans les films. 
Nous y avons passé une demi-heure.  Son camarade de chambre l'appelle pour lui demander les clés de la chambre.  Aussitôt nous sommes retourné au campus.  Saliou était obligé de mentir sous l'inquiétude de son camarade. 

Mais tout ceci n'est que secondaire ! Où est-ce que j'ai laissé mon téléphone ? Qui l'aurait ramassé ? Pire, il n'est pas codé.  Je suis foutu. Je dois retrouver ce téléphone.

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