Chapitre 21 : Mort d'étudiant

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- Toi ?
- Oui moi, comme tu l'as si bien remarqué !
- Je te croyais morte.
- Parce que tu m'as enterré vivante. Tu voulais peut-être ma mort mais Dieu ne m'avait encore donné rendez-vous.  Je peux entrer ?
- Oui, si seulement j pouvais dire non.

L'échange fut très étonnante. Fatou Bintou me veut quoi. Je l'ai laissé entrer.  Peut-être une erreur, peut-être une occasion de me racheter. J'ai trop honte. C'est normal après ce que je lui ai fait subir. 
Elle était assise sur mon lit. Elle regardais le rangement de la chambre.  C'était pas trop confortable pour elle. Ça lui rappelle la chambre de Saliou. Je l'ai remarqué dès le premier regard qu'elle a jeté sur moi.
J suis très curieux de savoir ce qu'une femme ayant le cœur brisé me réserve.  Je comprends cet état d'esprit.  Quant on été trahi. 

Pas besoin de se mettre martel en tête pour des questions de sentiments. Dédaigneux sont les compliments qu'on reçoit d'un être aimé,  en onagre l'on l'imagine. De nos jours,  les intérêts dominent les ressentis, conditions dans lesquelles l'amour ne peut fleurir.

Beaucoup ont choisi de rester seuls par peur de ne point pouvoir cicatriser les coups du passé. Cette mutilation cardiologique ne guérit pas d'un simple bon jour,  bonjour la retissance.

Et cette Fatou à mes yeux est devenue une rescapée,  une survivante.  Ce genre est très dangereux car ayant goûté au liquide juteux de la mort. Je ne sais pas si je suis en danger ou pas.  J'ignore ce qu'est devenue cette femme. 

Après quelques minutes de réflexion et de regard vide, je prend place juste à côté d'elle.  Ça devient de plus en plus gênant.  Je vais devoir supporter cet regard ensanglanté par les blessures du passé.  Fatou Bintou est devenu un monstre, croyez-moi.

- Issaga je ne suis là que pour une seule chose. Je veux que tu m'aide à tuer Saliou et tu le feras. Sinon je te tuerai. 

- Quoi ? T'es devenu folle ou quoi ? Comment peux-tu me demander une chose pareille ? Non je n'adhère pas à ça. 

- N'oublie pas,  qu'il y a  des semaines en arrière,  tu m'avais tué. 

- Je ne nie pas cet acte.  Mais je ne peux pas tuer ni t'aider à tuer Saliou.

- Je suis désolé mais tu vas le faire.  Sinon c'est moi qui va te tuer.  Tu as jusqu'à demain pour y réfléchir.  Et n'oublie pas un détail,  personne ne doit être au courant.

Fatou Bintou après m'avoir tant effrayé,  sort de ma chambre.  Mais qu'est-ce qu'elle est devenue cette fille ? Pourquoi tant de haine ?

J'étais trop fatigué par les épreuves de cette rude journée.  L'heure de me coucher est venu.  Mais je dois écrire quelques mots.  Je ne peux pas dormir sans écrire.  Écrire est ma finitude.  Cette mission m'est tant sacerdotale que primordiale. Je suis devenu meneur d'une sédition littéraire dû à une trépanation des principes et règles de la plume. Subterfuge grotesque,  la célébrité demeure leur salut. La plume mérite bien et mieux que ce tournant hyper personnel.

Cette envie d'écrire loin d'être vicennale pond en moi le plaisir de satisfaire tout un répertoire de contacts.  Plume pas trop vétustée par les critiques,  les mots furetant avec soin les techniques d'aisance,  je me contente de fermer ma bouche, de saisir mon Samsung et d'écrire sous contrôle de mes émotions !!!

Je dois vraiment bricoler quelques phrases avant de fermer l'œil.

La grève de faim des étudiants continue de l'autre côté.  Ils sont décidément engagés à mourir pour cette cause.  Si seulement Saliou pouvait y périr,  ça me faciliterait la tâche.  Je ne peux pas me permettre d'avoir ce poids sur la conscience.

Mais apparemment,  le délégué titulaire de l'UFR LSH,  est inconscient. Suite à un malaise il a été évacué au centre médical de l'université.  Les étudiants s'agitent de part et d'autre.  Les critiques sont au rendez-vous.  Les auteurs de claviers babinent sur les réseaux sociaux.  Les intellectuels jouent les matures de leur côté.  Pavaner font les vagabonds en moment de crise. 

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