Chapitre 24 : Rose et la grossesse

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Tout allait bien pourtant.  Au début j'étais bien. Loin de toute contrainte sociale,  loin de toute emprise relationnelle.  Je me suffisais à ce que la vie m'offrait.  J'étais le fils rêvé de toute mère.  En un mot, je dessinais par le crayon et la couleur de mon choix ma vie.

A-t-il fallu que j'aille à l'université pour changer ? L'université a-t-elle choisi de citer parmi ces égarés mon nom ? Isaaga, le pieux enfant que j'étais au paravent n'est plus qu'une cassette dvd que ne lasserai de revoir. 
Je suis devenu la mauvaise version de ma personne.  Je fais l'amour sans y réfléchir,  je me fou bien des retombées mais cette fois-ci,  je suis allé trop loin. Je ne peux pas me permettre une telle chose. Rose ne peut pas avoir mon enfant.  J'ai juste envie de lui dire une chose : Tu ne tomberas pas enceinte.  Mais hélas.

- Mais Issaga, que viens-tu de faire ?

- Comment ça moi, Qu'ai-je fait sans toi ? Dis-moi Rose ?

- C'est ça ta réponse ? Tu viens d'éjaculer sur moi espèce d'idiot et tu n'as rien à dire que ça ? Tu réalise ce que ça veut dire ?

Il y a un temps pour s'accrocher à sa fierté,  mais aussi un temps est réservé à la prise de conscience,  à la reconnaissance de ses actes.  Je suis dans la merde même si je ne veux pas me l'avouer. C'est devenu un autre problème.

Rose se lève et se dirige vers les toilettes.  Elle se rince le visage et revient dans la chambre.  Elle était remontée.  Mais au fond elle avait grave aimé ce moment de plaisir.  Tout ça pour elle n'était d'une part qu'eureur avouée mais plaisir reconnu et accepté. 

Elle sort de ma chambre,  très furieuse.  Je dois reconnaître ce jeu que je mène avec la vie. Pour moi, la vie est une question de couleurs. Ma vie est une feuille blanche sans valeur. Le vert m'a donné la croissance, le rouge l'ardeur, le jaune m'a appris la loyauté et la droiture, le bleu la pureté, le rose m'a offert l'espoir, le gris léger la tristesse. Pour terminer cette aquarelle, le noir m'imposera la mort. Mais moi aucune de ces dernières ne me plaise,  j'ai opté pour le je m'en foutisme et là je vis les conséquences de si je savais.  Apparemment c'est vrai,  quiconque empreunte le chemin de je m'en fou se retrouvera dans le village de si je savais. 

Pour finir, je vais positiver car pour moi, c'est la meilleure manière d'avancer à des jolies choses seulement je vais penser, je vais chanter, danser, rêver. Qui chante les maux décante, qui danse les anges enchante, qui rêve les coeurs contente et là voilà une recette étonnante.

Rose était en retard.  Son père était inquiet.  Il s'approcha de sa chambre.  Elle pleurait à l'intérieur.  Le père voulait en savoir plus ?

- D'où viens-tu et que t'arrive-t-il ? Il y a un souci ?

- Non papa, ça va bien alhamdoullilah.  Ne t'inquiète pas. Je vais bien. J'avais piqué une crise et j'ai un peu mal. C'est ça mais ça vas passer.

- Je t'apporte des comprimés. 

- D'accord PAPA.

Rose n'osait pas dire à son père ce qui s'est réellement passé.  Mais le vieux n'est pas naïve. Il sait qu'il y a un non-dit.  Il est patient. 

De mon côté j'étais dans l'embarras.  Je l'envoie un message,  je lui de prendre la pilule.  Je l'appel sans fin et en vain.  Je ne pouvais plus me retenir.  De toutes mes bêtises universitaires en voici la plus grosse. 

J'ai connu, dans ma vie, qui s'étire déjà pas mal,
quelques grands vivants. Ils n'étaient pas tous célèbres, loin de là. Mais ils avaient tous assez d'amour dans le coeur pour en donner à beaucoup.

Ils n'avaient pas tous un épais portefeuille, tant s'en faut. Mais ils avaient tous une grande passion dans l'âme qui donnait du sens à tout ce qu'ils faisaient.

Ils n'étaient pas tous très instruits, oh non ! Mais ils avaient tous développé une sagesse en leur esprit qui en faisait de merveilleux conseillers.

Ils avaient souffert, souvent même beaucoup : maladies, échecs, abandons, trahisons. Mais jamais, ils ne s'étaient laissés abattre.
Toujours, ils avaient rebondi devant l'épreuve.

En serai-je capable moi ? Pourrai-je surmonter tout si vraiment cela arrivait ?

Le lendemain,  je suis allé en cours.  J'ai vu Fatou Bintou.  D'ailleurs tout le monde l'a vu. Beaucoup étaient surpris.  C'est normal quand vous croyez voir un fantôme.  Il n'y a plus d'enquête en cours,  le coupable principal est mort, place au plaisir courant de la vie. C'est chic non. La fille voulait qu'on se voit à la sortie. 

Je crois Fatou Bintou est amoureuse de moi. Ça ne peut qu'être cela. Elle n'arrête pas de m'envoyer des compliments depuis la mort de Saliou. Là  c'est trop. Je ne vais plus me faire de la peine pour ces petites histoires.

La vie m'a appris que chaque semaine compte deux jours pour lesquels nous ne devrions pas nous faire de souci, deux jours où il ne nous faudrait connaître ni crainte, ni appréhension.

Le premier jour, c'est hier, qui porte le fardeau de ses soucis, de ses erreurs, de ses fautes, de ses bévues, de ses souffrances et de ses chagrins. Hier nous a échappé à tout jamais. Tout l'or du monde ne pourrait le faire renaître. Nous ne pouvons défaire les actes accomplis, les paroles prononcées. Hier est un jour révolu.

L'autre jour qu'il convient de mettre à l'abri des soucis, c'est demain, plein de grandes promesses, de piètres résultats, de malheurs possibles et de fardeaux. Demain échappe à notre emprise. Le soleil se lèvera inexorablement dans la splendeur ou derrière un voile de nuages. Jusqu'à son lever, nous ne pouvons miser sur rien, puisque demain n'a pas vu le jour.

Il ne nous reste donc qu'aujourd'hui. Tous nous pouvons livrer bataille pendant une petite journée. Nous ne faiblissons et ne chavirons que si le poids d'hier et de demain - ces deux terribles éternités - s'ajoutent aux inquiétudes d'aujourd'hui.

Ce ne sont pas les expériences d'aujourd'hui qui nous désespèrent, c'est l'amertume du remords de la veille et la crainte de demain.

Il est l'heure et je dois rentrer.  Fatou Bintou était à la porte de l'amphithéâtre.  Cette fille n'est pas là pour jouer apparemment.

On s'est ensuite un peu isolé du monde, ce nombre pléthorique d'étudiants.

Je suis avec Faby.

- Comment s'est passé ta nuit avec Rose ?

- Quoi, de quoi parles-tu ?

- tout doux mon chéri.  Tu peux juste répondre à ma question.

Mais comment cette folle l'as su ? murmurai-je !

- Issaga,  pourtant je t'écoute !

- Pourquoi tu me pose une question pareille ?

- D'accord je vois que tu ne veux pas répondre.  Mais bon je vais te donner un conseil.  Vas-y molo avec elle. Et pour finir,  demande à ton père adoptif,  qui est ton vrai père....

A suivre......

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