Chapitre 24

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Mes adieux à mes parents sont étonnamment rapides – je crois qu'ils ont assez hâte de rentrer à la maison – et nous nous mettons en route joyeusement, surexcitées par notre petite aventure. La musique à fond, nous chantons à tue-tête sur les larges routes américaines. Vers midi, nous arrivons à notre hôtel et piquons une tête dans la piscine. C'est la fin du mois de juin et la température de l'eau est délicieuse.

— Sérieusement, on n'est pas bien là ? s'extasie Julie. Une piscine sur le rooftop, un petit cocktail, le soleil, les copines... Moi, je vis mon rêve.

— La belle vie, confirme Andie en faisant gargouiller le liquide coloré dans son verre.

J'ai un peu de mal encore à me mettre à la page de leur optimiste. Jusqu'à quand ? Oui on est bien, mais je sais que ça ne durera pas, j'ai du mal à en profiter.

— Manon, je t'entends paniquer jusqu'ici, assène Julie, les yeux fermés derrière ses lunettes de soleil.

— J'y peux rien ! J'ai le droit de prendre un peu de temps pour me remettre de...

— Oui, Tiago, on sait.

— Il est pas là, on va pas tomber sur lui par hasard. Profite. C'est la liberté.

Elles ont raison.

— T'inquiète, tant qu'on est toutes les trois, tu es sauve. On te protège, poulette.

— On fait une bonne équipe, approuve Andie avec enthousiasme.

— On devrait faire plus de trucs ensemble.

— Comme quoi ? Aller au spa ? Faire des cookies ?

Je me marre.

— Non Andie ! Je pensais plutôt à mettre nos forces en commun pour... créer quelque chose ? Julie, c'est une bonne communicante. Et toi, tu as la tête sur les épaules, et tu ne sais pas procrastiner.

— Et toi, tu es créative ! s'exclame Andie.

— Juste, appuie Julie.

— On pourrait presque travailler ensemble, plaisante Andie avec un grand rire.

Il y a un long silence. Chacune dans sa tête prend le temps d'assembler les pièces du puzzle.

— Il faut qu'on monte notre boîte. Il faut qu'on le fasse ! je conclus, choquée par l'évidence. On va tout déchirer !

— Il nous faut un nom.

— Les GreenHill Ladies.

— The Alabama Girls ?

— MAJ, c'est nos initiales, et ça claque !

— Vendu !

— Mais on ferait quoi ?

— Je pense présence en ligne, réseaux sociaux, webdesign, publicité... énumère Julie comiquement, à la manière d'une caricature de business woman.

Notre enthousiasme me réchauffe le cœur. Ces filles sont formidables. Avec elles, je me sens formidable. Elles sont ma force, mais je suis aussi la leur. C'est chouette. Qui sait ce que cette idée lancée entre deux margaritas donnera ? On verra bien, mais rêver fait du bien.

Au programme de l'après-midi ? Farniente. Et nous passons la soirée dans un bar sympa. Julie drague à tours de bras, complètement détendue, rayonnante et solaire. On danse jusqu'au milieu de la nuit et rentrons dormir, ravies de notre première journée de détente.

Les cinq jours suivants ressemblent au premier, mais nous intercalons des visites de musées, allons voir un musical, passons du temps au spa. La semaine est magique et me change les idées à un point que je ne pensais pas possible. J'ai une nouvelle énergie, lumineuse, brillante, et nous sommes toutes les trois enchantées de notre séjour quand Andie se gare devant Thompson Blossom, juste à temps pour le fameux Fourth of July.

TornadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant