Chapitre 2

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En me réveillant, j'ai mal partout. Je repense à ma promesse d'hier d'améliorer mes compétences équestres avec un enthousiasme plus que tiède. Dehors, il fait encore nuit, mais les planches du vieux parquet qui geignent en une symphonie lugubre m'indiquent que mes hôtes sont déjà levés.

Un rapide coup d'œil à mon téléphone. Mes parents m'ont appelé sept fois. Ils n'ont pas compris le concept de décalage horaire ou quoi ? Faute de réponse, ils ont décidé de me harceler de messages.

Maman : Ma chérie, nous nous ennuyons déjà de toi. J'espère que ton anglais progresse à toute vitesse.

Papa : As-tu eu des nouvelles de Mr. Chiodo ? Je m'inquiète. Tu es certaine que tu auras ton master ?

Maman, encore : Ma chérie, je sais bien que tu es occupée, mais tu veux bien me répondre ? Ton père et moi attendons de tes nouvelles.

J'ai envie de lui dire qu'en effet, le fait de me harceler concernant ma note va sûrement pousser mon professeur à me donner ses retours avec plus d'efficacité... Ce qui m'inquiète, c'est que si je ne réponds pas, elle est capable de se pointer ici pour vérifier que tout va bien. Je suis un peu agacée par leur attitude. Ils agissent comme si je les avais abandonnés, alors qu'à la base, c'est eux qui m'ont envoyée ici en me demandant à peine mon avis. Et puis c'est pas comme si j'étais en silence radio non plus, j'ai envoyé une paire de photos, vidéos, messages vocaux. Ça ferait du bien à tout le monde s'ils se détendaient un poil. Je suis en Alabama pour travailler, pas pour passer mon temps au téléphone à rassurer mes parents.

Alors, je sais, c'est mesquin, mais je vais les laisser mariner un peu. Ça leur fera les pieds. Pas moyen que je sois la seule à galérer.

Willow a l'air bien luné et je crois même qu'il me reconnaît. Aujourd'hui, je suis seule pour le préparer. J'applique méticuleusement ce qu'Andie m'a appris la veille. On brosse, on brosse, on brosse encore. Ça, je gère. Tapis, selle, sangle. Satisfaite, je regarde mon œuvre, mains sur les hanches. Je suis une cowgirl, et rien ne peut m'arrêter, je me répète depuis ce matin pour surmonter mes courbatures. Ça fait partie de ma stratégie pour tenir dans ce milieu hostile : un peu de méthode Coué, un enthousiasme exagéré, et on évite de se poser trop de questions. Je rentre dans la peau d'une cowgirl et je mets la Manon routinière de côté. Autant essayer de s'amuser, non ?

Alors que je fais preuve d'une souplesse insoupçonnée pour difficilement mettre mon pied dans l'étrier, Willow décide qu'il est l'heure d'y aller.

— Andie... ANDIE !

Je saute à cloche-pied derrière le cheval, en panique. J'ai oublié de l'attacher. En me voyant ainsi, ma camarade explose de rire. Je répète : Je suis une cowgirl, et rien ne peut m'arrêter.

Je découvre avec bonheur que je suis bien plus à l'aise que la veille. J'ai pris la confiance, Willow aussi, et sans dire que je suis devenue une pro dans la nuit, je me débrouille plutôt pas mal. Si je continue comme ça, je serai prête pour le rodéo cet été ! Andie me montre les bêtes ; lesquelles seront vendues, quels veaux vont commencer leur sevrage ; elle me montre quel foin leur donner, m'explique tout un tas de détails dont je ne me souviendrai absolument pas, mais j'essaye. J'arrive à suivre difficilement, et mes réflexes d'étudiante reviennent au galop : mes doigts me démangent, je brûle de prendre des notes. J'ai ramené une tonne de petits carnets de forme et de couleurs différentes ; un pour noter mes impressions, un pour les idées que je pourrais avoir, ou le nouveau vocabulaire que j'apprends, un pour mes listes... et d'autres, au cas où. Mais je me rends bien compte que ça serait vain. Tout va devoir tenir dans ma tête, jusqu'au soir en tout cas.

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