Chapitre 26

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— Manon ! C'est bon ! On les a !

Yes ! je m'égosille, en la prenant dans mes bras.

Elle me tend un papier officiel qui indique que nos visas ont bien été renouvelés. À quelques jours près, on était clandestines. Mes parents n'étaient pas très chauds pour que je reste avec Tiago, mais cette fois, ils ont bien compris que c'était mon choix. Et je crois que le fait que Julie reste avec moi les détend un peu.

— Un truc de plus à fêter ce soir alors ! exulte-t-elle.

— Tu viens accompagnée ?

Elle balaye ma taquinerie d'un geste négligent de la main.

— Tu me connais !

— Les gens changent...

Je la sens soudain mal à l'aise. Intéressant... ce qui n'était qu'une simple boutade se révèle extrêmement instructif. Je me promets de la garder à l'œil ce soir.

— Bon, à la base, je voulais qu'on discute de notre aventure... Tu as pris les licences dont on a parlé ?

— Oui oui, c'est fait.

— Et créé les pages Facebook, Instag...

— Oui Manon ! Détends-toi ! Tu sais bien que quand on travaille ensemble, tout se passe à la perfection, non ?

J'éclate de rire. Rien n'est moins vrai, mais elle a sûrement raison. Je suis stressée, mais je n'ai aucune raison de l'être. Avec Julie à la com' et aux relations clients, et moi dans la création, notre toute nouvelle société devrait s'en sortir. En plus, Andie nous file un coup de main pour ce qui est administratif et pour l'anglais. En tout cas, on a une motivation d'enfer !

— T'as raison, la soirée me stresse. J'ai encore tellement de trucs à faire ! Mais Martha s'est installée dans la cuisine et j'ai interdiction formelle de pénétrer dans la maison. Dans ma maison !

On a mis le paquet, et c'est formidable. Ma terrasse est illuminée d'une multitude de lumières colorées, l'alcool coule à flots, la nourriture est délicieuse. On a installé une petite tonnelle dehors dans laquelle on a posé des coussins et des canapés confortables.

Je suis accoudée à la rambarde et regarde mes invités s'amuser en me rendant compte de la chance que j'ai. Deux bras puissants viennent m'enlacer et me bercent doucement.

— Heureuse ? me susurre mon homme à l'oreille.

— Plus heureuse que je ne l'ai jamais été.

Je le sens sourire contre ma nuque. Son corps chaud m'enveloppe de son aura masculine et je fonds.

— On va être bien tous les deux, tu verras.

— On est une équipe du tonnerre, je confirme.

Il me fait pivoter pour m'embrasser avec une tendresse, et mon cœur explose en un millier de petites bulles. Je lui offre un regard langoureux, plein de promesses pour la nuit à venir.

Du coin de l'oreille, je capte un gloussement que je connais bien, et qui s'éloigne derrière la maison : Julie est pompette.

— S'il te plaît, arrête ! supplie un Ricky désespéré. J'en peux plus d'attendre ! J'ai compris ! Je ferai tout ce que tu veux, mais, je t'en supplie, laisse-moi t'inviter au restaurant, ou au cinéma, ou peu importe ! C'était bien la dernière fois, non ? implore la voix de Ricky, étouffée par le bruit de la fête.

Tiago et moi nous retournons, surpris. Ricky qui réclame, presque avec détresse, un rancard à ma meilleure amie ? C'est plus qu'improbable... et pourtant !

— Viens, on les suit, je lui dis.

Et je suis partie en mode commando.

— Geneva, attends... fous leur la paix ! Ricky a l'air de galérer assez comme ça non ?

— Je veux savoir.

— Je pourrai pas enlever de ma tête les images de Ricky et Julie qui fricotent, je vais aller prendre un verre plutôt.

Je me laisse glisser dans l'ombre, le long des marches et je tends l'oreille.

— Julie, s'il te plaît, un pique-nique ? Euh... une promenade à cheval ? En quad ? À pied ? Une balade sur mon dos ?

Elle est négligemment assise sur la barrière du manège et elle s'esclaffe, tandis que Ricky a posé ses mains de chaque côté de ses hanches. Même à plusieurs mètres, je peux deviner qu'elle s'amuse beaucoup. La garce...

— Mon cher Ricky. Tu n'obtiendras rien de moi tant que tu ne m'auras pas prouvé que tu en vaux la peine.

— Aouch. Et le fait que je te supplie depuis des semaines ? J'ai même pas regardé une autre fille que toi depuis... depuis que t'es arrivée ! Laisse-moi une chance baby !

Elle fait mine de réfléchir. Allez Julie, faut qu'il en bave !

Baby ?

— Pardon, mademoiselle, répond-il en français.

— Très bien. Je t'autorise à me proposer un rencard. Mais je veux un truc spectaculaire !

— Vendu ! Tu ne vas pas le regretter. Promis !

Elle glousse. Je ne la reconnais pas. Il semblerait bien que Ricky ait obtenu le mythique deuxième rencard tant convoité par la plupart des conquêtes de mon amie. TE que personne n'a jamais eu.

Non, mais je rêve, elle a bien caché son jeu !

— J'ai droit à un baiser pour fêter ma victoire ?

— J'embrasse pas avant le troisième rendez-vous.

Je ne peux pas retenir un éclat de rire. J'aime cette fille ! Je crois que Ricky s'est fait dresser finalement. Chapeau Julie ! Je comprends un peu mieux qu'elle n'ait pas plus rechigné que ça à l'idée de rester avec moi.

— Geneva, arrête d'espionner tes amis, et viens danser avec ton mec ! m'ordonne Tiago depuis la piste de danse.

— J'arrive, mon amour !

Je rejoins le sublime cowboy qui me prend avec douceur dans ses bras puissants et me fait tourner lentement en m'attirant contre son cœur. La nuit est belle. La vie est belle.


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