Chapitre16

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Craig m'a demandé de m'occuper des clôtures en bordure de la forêt du fond. Il prévoit d'agrandir son cheptel et a besoin de sécuriser plus d'espace pour ses bêtes. Les premiers jours, il m'a accompagnée, pour s'assurer que je faisais bien les choses, mais je suis tellement douée qu'il me laisse me débrouiller toute seule. Héhé ! Et j'ai presque fini. Normalement, c'est ma dernière après-midi de galère. Mais quelle galère !

Des nuages super-menaçants emplissent le ciel et le vent me fouette le visage avec acharnement ; mais il ne me reste qu'une dizaine de poteaux à planter et je veux absolument finir, alors je serre les dents. Au pire, je me fais rincer, et puis voilà ! Je creuse les trous, je plante un piquet, puis deux.

Le ciel s'assombrit et je me demande si j'aurais dû rentrer, finalement. C'est impossible de savoir où est le soleil, et le vent s'accentue encore ; je n'y vois pas grand-chose. Je commence à m'inquiéter, sans paniquer pour autant.

La pluie tombe d'un coup, avec une telle violence que j'ai l'impression de me prendre une baignoire sur la tête. En trois secondes, je ne vois plus rien. Mais plus rien du tout. J'abandonne mes bouts de bois, dépasse le quad, et cours en direction des arbres pour essayer de me mettre à l'abri en attendant que ça passe, mais c'est peine perdue : les gouttes sont si puissantes qu'elles traversent littéralement les feuilles, et les branches sont malmenées par de fortes rafales anarchiques. Le tonnerre gronde, un éclair s'abat quelque part, pas loin. Le martèlement continu du déluge sur les feuilles au-dessus de moi m'enrobe dans un vacarme apocalyptique qui me désoriente complètement.

Il faudrait que je rentre, mais je suis loin de tout ici. Même en quad, j'en aurais pour presque trente minutes à fond la caisse, et avec ce temps, je risquerais de me prendre une clôture... J'aurais dû venir en pick-up, au moins j'aurais pu me mettre au sec ! La panique monte, mais soudainement, la pluie s'arrête.

Le calme après la tempête...

Les nuages noirs et jaunes roulent dans le ciel comme un camion lancé à toute vitesse ; ses pneus menaçants se rapprochent toujours plus dans un grondement qui me prend aux tripes et réveille mes instincts les plus animaux. Ce n'est pas comme le tonnerre, c'est plus profond, plus inquiétant. Je dégouline ; autour de moi, les feuilles que la violente averse a mises au sol se soulèvent dans le vent avec un crépitement menaçant. Les pans trempés de ma chemise battent mon flanc dans un clapotement mat. Je scrute la lourde masse orageuse au-dessus de moi, qui bouge et tourbillonne à une vitesse folle. Les yeux plissés pour me protéger du vent, je commence vraiment à m'inquiéter. Ça ne sent pas bon du tout.

Sans quitter le ciel des yeux, j'attrape mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. Je l'allume, les mains tremblantes. Au-dessus de moi, les rafales semblent s'organiser. Les nuages prennent forme. Je jette un coup d'œil à l'écran lumineux. Un message.

Andie : Il y a une alerte à la tornade. Rentre vite s'il te plaît !

Mes muscles se crispent. Elle m'a envoyé le message il y a vingt minutes.

Près de la route, de l'autre côté du pré, un entonnoir se forme, terrifiant et amène son pied destructeur dans ma direction avec une vitesse effarante.

Trop tard.

Je ne réfléchis plus et je cours dans la direction opposée. Je glisse sur les herbes trempées, je dérape, me prends les pieds dans les branches. C'est la panique. Je n'ai aucune idée de ce que je dois faire face à une tornade qui fonce sur moi, alors je cours. Je sens mon téléphone qui glisse de ma poche et tombe au sol. Pas le temps de le récupérer, je dois sauver ma peau.

TornadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant