Chapitre 22

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La journée a été longue et pleine d'émotions, mais mes parents vont rester un peu, et moi aussi. Craig et Jessica ont proposé à Julie de dormir à la maison – il faudrait que je pense à compter le nombre de pièces de Thompson Blossom un jour, juste pour voir – et elle a accepté. L'impulsivité de mon amie me fait sourire ; elle a pris l'avion sans se poser la moindre question. Je ne comprends vraiment pas comment elle peut supporter, avec un caractère comme le sien, de subir la routine citadine qui est la sienne. Je suis sûre qu'elle va adorer la vie ici. Ça me fait un bien fou de la savoir avec moi.

Je me retrouve toute seule dans mon grand lit, et une fois de plus, je brûle d'aller faire un tour de l'autre côté du couloir. Mais je n'ai pas de bonne excuse. Pas d'excuse avouable en tout cas. Et si Tiago a eu besoin de s'isoler, je dois le respecter. Alors je ronge mon frein. Je me remémore notre câlin d'hier soir, debout dans sa chambre, moi dans ses bras, nous deux baignés dans la lumière argentée de la nuit. Je repense à la fragilité de Tiago alors qu'il me parlait de ses peurs, ses taquineries ce matin. Je le revois avec sa glace à la fraise, heureux comme un roi et immédiatement, mes pensées dérivent vers mes pensées de l'après-midi.

Mon cerveau assemble avec une efficacité redoutable les sensations que j'ai eues au contact de sa peau, son odeur, ses muscles. Il plaque sur son visage un regard plein d'envie inventé de toutes pièces par mes hormones et son sourire gourmand de l'après-midi. Dans ma tête, Tiago prend vie et, comme la plus talentueuse des marionnettistes, je fais faire ce que je veux à son corps de rêve. Il s'approche de moi, son torse nu doré par le soleil, son jean moulant ses jambes viriles, son Stetson aguicheusement incliné sur son beau visage. Il est encore à quelques mètres de moi. Mon cœur s'accélère à cette vision excitante. Je me délecte de la vision de ses bras, de son ventre, j'attends avec impatience qu'il arrive à mon niveau. Je dévore les courbes de ses épaules, suis la ligne de ses bras jusqu'à ses mains que je sais douces. Il s'arrête à un pas de moi et rive ses pupilles sombres aux miennes avec une douceur mêlée de défi. Il est prêt à jouer.

Sa bouche dévore mes lèvres, je le goûte, sucré, délicieux, alors que sa langue taquine la mienne. Je l'imagine poser ses larges mains sur moi et ma respiration s'accélère ; il saisit mes hanches, effleure mon dos. Un creux se forme sous mon diaphragme, je sens la peau de mes seins se tendre quand je me cambre sous ses baisers.

Mes mains caressent ma peau entre les draps. Je me touche, de plus en plus excitée par la vision intime qui s'impose à mon esprit. Je suis allée trop loin dans mon fantasme, et je ne peux plus reculer. J'ai le souffle court, mon cœur tape fort dans ma poitrine alors que mes doigts stimulent délicieusement mon clitoris. Il lèche mon corps assidûment, prends son temps dans les endroits plus sensibles que je connais bien. Son jean a mystérieusement disparu, et il est là, sur moi, dans un boxer qui moule ses cuisses puissantes. Je glisse mentalement un doigt dans l'élastique et sens la fermeté des muscles de ses hanches. Mon sexe est mouillé par des vagues d'excitation qui montent, de plus en plus intenses, jusqu'à ce que l'orgasme me saisisse, puissant, ravageur, libérateur. Et je m'endors enfin, les joues rosies par ce moment d'intimité que j'ai partagé avec moi-même. Je sais dans les bras de qui mes rêves vont me pousser cette nuit.

***

Je travaille au corral avec Ricky et Craig quand nous voyons Tiago sortir en courant de la maison et disparaître au bout du champ. Je n'hésite pas et pars en courant à sa suite, inquiète. Je le trouve le front appuyé à un arbre, la tête dans les mains. Il a l'air bouleversé. Je m'approche de lui en appelant doucement son prénom et pose délicatement ma main sur sa nuque.

— Va-t'en, crache-t-il avec une hargne qui me pétrifie.

Un frisson glacé remonte le long de mes os. Malgré tout, il ne repousse pas ma main qui n'a pas bougé. J'ai un aperçu de ce qu'il a pu ressentir dans la cave, quand je l'ai éjecté pendant ma crise de panique, exactement de la même manière. J'essaye de me remémorer ce que j'aurais voulu à ce moment-là. J'aurais aimé discuter, je crois. Avoir quelqu'un à qui déballer mes angoisses.

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